« Des fraudeurs, il y en a partout »
« Des fraudeurs, il y en a partout, à tous les étages... Et même au sommet de l’Etat ! Or le besoin d’exemplarité commence là. Cette fraude au RSA est-elle si importante ? Je n’en suis pas sûr. » Des bénéficiaires du RSA, il en connaît, cet acteur de terrain qui témoigne sous couvert d’anonymat. Des fraudeurs, il en existe. Des allocataires suspendus à tort aussi. Et les conséquences peuvent être très lourdes au plan humain. « Beaucoup de contrôles sont réalisés sur pièces. Le Département demande la communication de relevés bancaires, de passeports pour les étrangers, pour vérifier qu’ils respectent bien les termes du contrat, explique cet observateur privilégié. Au vu de ces pièces, il prononce des sanctions sans demander d’explication complémentaire. Il suspend le RSA et l’allocation logement. Du coup, des gens se retrouvent sans aucune ressource ! A charge pour eux de prouver que ce qu’il leur est reproché est faux. En attendant, ils n’ont plus qu’à taper à la porte des Restos du coeur... » Sceptique face à l’efficacité de la politique anti-fraude, notre témoin cite ce cas d’un allocataire à qui le Département réclame des milliers d’euros d’indus. « Il avait prêté sa carte bancaire à sa famille qui vit “au bled”. Mais à son retour en France, on a considéré qu’il vivait toujours là-bas ! D’ailleurs, la plupart des gens qui se voient réclamer des indus ne peuvent pas payer. J’aimerais connaître le ratio entre le coût généré par les enquêteurs par rapport à l’argent récupéré... »