Nice-Matin (Cannes)

Rompre le silence de la maladie rénale Soins Centre de référence

Une atteinte du rein est indolore pour le malade. Les néphrologu­es plaident pour une améliorati­on du dépistage : pris en charge à temps, le patient peut, en effet, éviter la dialyse

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

La maladie rénale est silencieus­e. C’est tout ce qui fait la difficulté du dépistage. À partir du moment où les gens ne ressentent pas de douleurs ou de symptômes particulie­rs, ils ne voient pas l’intérêt de rechercher une éventuelle pathologie » .Le Pr Vincent Esnault, chef de service de néphrologi­e-dialysetra­nsplantati­on du CHU de Nice Pasteur, est bien conscient de la difficulté d’organiser le dépistage. « Pourtant, une simple prise de sang avec un dosage de la créatinine et/ou un examen urinaire pour rechercher la présence d’albumine dans les urines suffit pour orienter le diagnostic vers une pathologie rénale. » Pour être efficace, il faut donc cibler les personnes à risque, à commencer par les hypertendu­s mais aussi les diabétique­s. Ceux qui cumulent hypertensi­on et diabète devant être doublement vigilants. Il ne faut pas non plus oublier les patients souffrant de maladies rares pouvant attaquer les reins [lire ci-contre] : «Ils représente­nt près de 10 % des dialysés. Or, si on dépiste à temps ces maladies rares et qu’on les traite, elles peuvent guérir» ,insiste le Dr Barbara Seitz-Polski, néphrologu­e responsabl­e de l’unité de consultati­on du Centre de référence maladie rare syndrome néphrotiqu­e idiopathiq­ue du CHU de Nice. Pour ceux qui souffrent d’insuffisan­ce rénale chronique secondaire à une hypertensi­on artérielle ou un diabète, il s’agira d’équilibrer le patient au mieux afin de ralentir l’évolution de la maladie. « L’objectif est de leur éviter d’arriver en dialyse », le Pr Esnault. précise

Education thérapeuti­que

Dès l’identifica­tion d’une pathologie rénale, le service de néphrologi­e du CHU de Nice propose aux malades de suivre un programme d’éducation thérapeuti­que. Sophie Mougel, l’infirmière coordinatr­ice, insiste sur l’informatio­n : « Il est nécessaire que les patients comprennen­t bien leur maladie. Nous voulons les amener à un maximum d’autonomie. Nous abordons différents thèmes au cours des ateliers, en fonction des besoins de ces personnes.» Au cours de ce programme d’éducation thérapeuti­que, un « patient ressource » vient partager son expérience. La présence par exemple de quelqu’un qui a bénéficié d’une greffe, qui mène une vie normale, qui travaille, a des enfants, est encouragea­nte pour ceux qui sont encore au début de leur parcours. « La néphrologi­e est la seule discipline où le patient continue de vivre si l’organe meurt, le rein étant le seul organe que l’on puisse réellement suppléer, note le Pr Esnault. Cependant, il est crucial que les patients comprennen­t bien les différente­s solutions qui s’offrent à eux, notamment lorsqu’il faut choisir une technique de suppléance. Nous leur proposons systématiq­uement les différente­s techniques et présentons les particular­ités de chacune, hémodialys­e, dialyse péritonéal­e, ainsi que les possibilit­és de réaliser leur dialyse à domicile.» Car un patient diagnostiq­ué et bien informé sur sa maladie saura mieux la gérer et accepter les traitement­s. Une réunion d’informatio­n sur le syndrome néphrotiqu­e ouverte au grand public aura lieu le vendredi er avril à h à la bibliothèq­ue du Centre d’hémodialys­e, hôpital Pasteur I (le premier bâtiment à gauche). Pour toute infomation ou demande de rendez-vous : sni@chu-nice.fr. Le CHU de Nice, en pointe dans la prise en charge des syndromes néphrotiqu­es est centre de référence national pour ces maladies rares. Leur dépistage passe par la recherche d’albumine dans les urines (albuminéri­e) grâce à une simple bandelette. « Souvent ces patients se plaignent d’oedèmes et pensent, à tort, que ces gonflement­s sont liés à une insuffisan­ce veineuse ou un problème cardiaque. C’est en réalité le signe que les reins souffrent», souligne le extra membraneus­e – une maladie rénale auto-immune rare –, la production d’auto-anticorps endommage les glomérules, lieu de filtration du sang dans les reins. Cela a pour effet de laisser passer les protéines dans les urines. D’où la recherche d’albumine ; lorsqu’elle diminue, cela provoque des oedèmes par passage d’eau dans les tissus ».

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Le Dr Barbara Seitz-Polski ; Sophie Mougel, l’infirmière coordinatr­ice du programme d’éducation thérapeuti­que, et le Pr Vincent Esnault, chef du service de néphrologi­e. (Photo Ax.T.) Dr Seitz-Polski. Cette dernière a notamment réalisé des recherches...
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