Nice-Matin (Cannes)

Une députée chargée d’une mission sur le sujet : «Il faudrait sept milliards d’euros sur quatre ans»

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Une première mission « flash » en septembre dernier. Monique Iborra, députée La République en marche de Haute-Garonne, a auditionné de nombreux acteurs du secteur. Puis, elle s’est lancée dans une mission plus classique. De décembre à mi-février, avec des déplacemen­ts – 19 – dans les Ehpad de France, mais aussi au Danemark et aux Pays-Bas. Enfin, un mois pour rédiger son rapport parlementa­ire avec la députée Insoumise, Caroline Fiat. La députée, vice-présidente de la commission des Affaires sociales, fait le constant d’une crise profonde dans les Ehpad. « Le personnel est dans la rue, et je sais pourquoi. J’ai compris pourquoi ils manifesten­t. » Monique Iborra préconise, notamment, de doubler le taux d’encadremen­t du personnel soignant d’ici quatre ans. Elle sait que ce sera compliqué. Très compliqué, même. «J’ai conscience que l’on part de très loin ».

Le manque de personnel dans les Ephad est-il si criant que cela ?

Je me suis focalisée sur le personnel soignant. Les Ehpad sont sousdotés en personnel. Actuelleme­nt, il y a en moyenne  équivalent temps plein pour  lits. Il faudrait arriver, sur quatre ans, à  équivalent­s temps plein pour  résidents. Mais on ne peut pas faire ça d’un coup de baguette magique. Il faudrait sept milliards d’euros.

Comment faire, alors?

On a voté à l’Assemblée nationale, dans le cadre de la loi sur le financemen­t de la Sécu,  millions d’euros dans le forfait soin pour l’encadremen­t des Ehpad. Je demande que le ministère alerte les Agences régionales de santé (ARS) et les conseils départemen­taux, pour qu’ils soient vigilants sur le financemen­t des aides-soignantes.

La nouvelle tarificati­on des Ehpad est-elle une bonne chose ?

Le forfait soin est négocié à l’Assemblée nationale, on savait où on allait. Mais pour le forfait dépendance, c’est le conseil départemen­tal qui décide, on n’a aucune visibilité. Et il y a des inégalités. Il y a des établissem­ents qui perdent, d’autres qui gagnent. Et on est certain d’une chose : c’est le public qui perd et le privé lucratif qui gagne.

Les Alpes-Maritimes ont la valeur du point GIR (lire ci-contre) la plus basse de France, cela veut dire qu’il fait moins qu’ailleurs ?

C’est en effet le plus bas de France. Or la valeur est basée sur l’état de dépendance des résidents. Cela voudrait dire que les résidents sont moins dépendants dans les Alpes-Maritimes ? Je suis sceptique, donc oui, on peut se poser la question.

Vous estimez aussi qu’il faut changer le modèle des Ehpad… Oui, le modèle a vécu. Les résidents sont de plus en plus dépendants et de plus en plus vieux. Ils ont aussi de plus en plus de problèmes de comporteme­nt, d’Alzheimer. Il faudrait différenci­er les unités qui accueillen­t des résidents atteints de cette maladie d’Alzheimer des autres. La mixité rend le travail et l’organisati­on plus difficile. La ministre a accepté de mener un débat à la fin mars sur la prise en charge du vieillisse­ment, c’est plus large que les Ehpad. Le débat devra être financier, mais aussi sociétal.

Les soignants parlent de maltraitan­ce institutio­nnelle, êtes-vous d’accord avec ce terme ?

Je ne vais pas jusque-là. Disons qu’il y a des Ephad plus adaptés que d’autres à la population accueillie. En revanche, je dirai qu’il y a une vraie souffrance psychologi­que dans ces établissem­ents, parmi les résidents et les soignants.

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