Le pédophile mentonnais rejugé vingt ans après
Déjà condamné par contumace en 1996, l’ancien directeur d’association avait en réalité refait sa vie en Belgique, où il a finalement été rattrapé 5 mois seulement avant la fin du délai de prescription
À73 ans, il doit comparaître devant la cour d’assises des Alpes-Maritimes à partir de demain. En septembre 1996, cette même cour l’avait pourtant déjà condamné à 20 ans de réclusion, pour les mêmes faits. Une peine prononcée par contumace (par défaut) : Lionel Dousset ne s’était, en effet, jamais présenté à son premier procès. Le pédophile mentonnais était depuis considéré comme en cavale. En réalité, cet ancien directeur d’association avait refait sa vie en Belgique, dans une petite commune près de Liège, où il a finalement été rattrapé par son passé… presque 20 ans après avoir quitté la Côte d’Azur.
Le mandat d’arrêt… lui évite ans de prison!
Le délai de prescription était d’ailleurs quasiment écoulé lorsque, en avril 2016, la police fédérale belge était venue toquer à sa porte. Une nouvelle plainte, déposée pour des faits remontant à la même époque, avait alors permis à la justice de découvrir l’erreur matérielle qu’elle avait commise : la date de naissance mentionnée sur le mandat d’arrêt international délivré à l’encontre de Lionel Dousset était fausse. Certes, elle ne le vieillissait que de six jours... mais cette scorie lui a permis de gagner vingt ans de liberté. Ou, tout du moins, de retarder d’autant son incarcération. Car depuis son extradition par la Belgique, le pédophile mentonnais dort en cellule. Les prescriptions du code pénal ayant quelque peu changé, il encourt désormais 18 ans de réclusion. De quoi repousser sa date de sortie à ses 91 ans si la peine maximale devait lui être infligée. Son avocat, Me Jean-François Fouqué, ne manquera sans doute pas de le souligner à l’audience. Pour lui, « c’est un fantôme que l’on juge, car l’homme qui est désormais dans le box n’est plus celui qui a commis les faits il y a 27 ans. » Il en veut pour preuve le comportement «irréprochable » de son client durant tout le temps où il a vécu en Belgique.
Mis en fuite par le coup de téléphone d’un papa
Mais cela suffit-il à effacer le mal qu’il a fait à des adolescents de 12 à 14 ans? Trois d’entre eux, désormais presque quadragénaires, lui feront face sur le banc des parties civiles. Ils ont connu Lionel Dousset au travers de l’association « L’Espoir bleu », qu’il présidait à Menton au début des années quatre-vingt-dix. L’objectif était de sortir des gamins issus de quartiers difficiles de leur univers de béton, en leur offrant des balades en mer. Une initiative louable, que Nicolas Hulot avait même vantée à l’époque dans son magazine Ushuaïa. Tout le monde ignorait alors que ce président d’association profitait de ces sorties en Méditerranée pour se livrer à des actes répréhensibles sur les adolescents qu’il avait embarqués. Avant même que la justice n’ait eu à le savoir, le père d’une des victimes, ayant recueilli les terribles confidences de son fils, avait appelé Lionel Dousset. Ce serait ce coup de téléphone qui aurait mis en fuite le Mentonnais. Craignant des représailles plus physiques que judiciaires, il serait ainsi parti se cacher en Belgique où, durant 20 ans, il a coulé des jours paisibles. Plusieurs fois, la police l’a contrôlé, mais l’erreur de date laissait croire à une homonymie. Du moins jusqu’à ce que la justice corrige la « coquille » qui s’était glissée sur son mandat d’arrêt. Cette fois, Lionel Dousset va donc devoir répondre de ses actes.