Les véhicules de passeurs saturent la fourrière de la Carf
À Menton, sur les terrains du Garage de l’Autoroute, gérant de la fourrière communautaire, pas moins de cinquante d’entre eux sont stockés. Autant de places non disponibles pour les «voitures ventouses»
Des grosses cylindrées. Des plus familiales. De toutes les marques. De tous les gabarits. Sur les pare-brise, au marqueur blanc, on peut lire la date et le lieu de saisie. Sur les deux terrains de la fourrière communautaire, au milieu des voitures ventouses et des stationnements gênants, les voitures de passeurs de migrants occupent de plus en plus de place. Quitte à saturer les deux terrains du Garage de l’Autoroute (1), déjà exigus, situés sur la commune de Menton. Si le parquet de Nice «est dans l’incapacité d’extraire les chiffres des véhicules de passeurs », Gaëtan Mangano, jeune gérant des lieux, en dénombre une bonne cinquantaine sur ses parcelles. «Cela fait trois ans qu’on note ce phénomène. Avant cela, on avait davantage de places pour stocker. C’est autant de mètres carrés que l’on n’a plus pour la fourrière», explique-t-il, avec regret.
« Certaines sont là depuis trois ans »
D’autant qu’à Menton – les villes avoisinantes n’y échappent pas non plus – le phénomène des voitures ventouses est récurrent. Dans les vallées du Careï et du Borrigo, le problème de manque de stationnements dû à ces véhicules qui « dorment » de longs mois sur l’asphalte est souvent la source de débats musclés lors des réunions de quartier. « Quand on a de la place sur nos terrains, on le signale à la police municipale, qui organise des opérations contre ces voitures ventouses», poursuit Gaëtan Mangano. Mais les voitures de passeurs, elles, restent sur ces terrains un long, très long moment. « Le temps que les jugements interviennent», précisait Jean-Claude Guibal, lors du dernier conseil communautaire. Gaëtan Mangano confirme : « C’est vraiment aléatoire. Certains véhicules sont restés un mois chez nous. D’autres sont là depuis trois ans [...]. Je ne peux pas jeter une voiture qui ne m’appartient pas, alors je suis obligé d’attendre… » Une chose est sûre, le manque de foncier pour la fourrière est au coeur des attentions du conseil communautaire qui, le 21 février dernier, a dégainé un rapport privilégiant le même mode de gestion pour l’avenir : la délégation de service public. Car la « DSP » actuelle s’achève le 29 juin prochain. «Le fait de trouver un terrain, des terrains, est le coeur du problème, et il va falloir qu’on lance une concertation la plus large possible pour résoudre cette difficulté ,aprévenu Christian Tudès, élu communautaire de la majorité. Et encore, si nous ne prenions pas la précaution d’identifier les propriétaires des véhicules afin d’éviter une mise en fourrière, c’est le double que nous aurions, et nous serions carrément embouteillés. » Autre concertation à mener : l’intégration de la Roya qui, pour l’heure, ne bénéficie pas du service de fourrière (lire ci-dessous).