Nice-Matin (Cannes)

HORS LES MURS Ça vient de paraître

- ANTHONY SALOMONE RECUEILLI PAR RÉGINE MEUNIER

La région du Verdon rassemble un grand nombre de villages typiques tournés vers l’artisanat et l’industrie. Elle témoigne de l’ingéniosit­é des autochtone­s à s’adapter à leur milieu et à proposer des produits en conséquenc­e. La présence d’un réseau hydrograph­ique dense a permis aux habitants des Alpes-de-HauteProve­nce d’utiliser la force de l’eau pour développer leurs activités : minoterie, faïencerie, miroiterie ou encore la draperie. Au XIXe siècle, la draperie a fait la renommée de la commune de Saint-André-les-Alpes, située au bord du lac de Castillon et à la confluence des rivières du Verdon et de l’Issole. À cet endroit, toutes les conditions sont réunies pour proposer des textiles de qualité. Les nombreux élevages de moutons fournissen­t la laine. L’énergie de l’eau puissante et économique fait tourner la roue des moulins. En 1818, la mécanisati­on impulsée par la première manufactur­e de l’enfant du pays André Honnorat (1776-1866) permet de fabriquer des couverture­s de première qualité en un temps record. Les «cordeillat­s», tissus grossiers et mal dessuintés, sont abandonnés. Le suint étant la matière grasse produite par le mouton en même temps que la laine sur laquelle il se dépose. André Honnorat lance donc la préindustr­ialisation du textile dans la région au détriment d’un artisanat plus confidenti­el. La vie de cet homme est atypique. Aventurier Exposition­s La Seyne: les apprentis des chantiers navals

Organisée par les associatio­ns « Histoire et Patrimoine Seynois » et le « Centre de ressources de la constructi­on navale », cette exposition retrace un pan relativeme­nt méconnu mais très important de l’activité des chantiers navals de La Seyne. Important parce que les milliers d’apprentis formés au XXe siècle étaient souvent à l’origine des jeunes en difficulté scolaire qui, en suivant l’enseigneme­nt de l’école des chantiers navals, sont devenus d’excellents ouvriers, voire pour les meilleurs d’entre eux des ingénieurs « maison ». Cette facette des chantiers navals est différente de celle de la constructi­on des bateaux tant de fois racontée, une facette qui est en fait une histoire sociale et humaine très forte. L’exposition qui comprend de nombreux documents tant photograph­iques que manuscrits présente aussi des outils et du matériel. Elle se divise en cinq thèmes : apprentis, professeur­s, métiers, solidarité et vacances. Ce dernier thème peut surprendre, pourtant il est majeur, car certains apprentis issus des classes modestes ont pu découvrir la neige grâce aux avantages du comité d’entreprise d’alors, à une époque où ce loisir était réservé à une élite aisée. ◗ « Apprenti aux chantiers navals : une chance ? » Jusqu’au samedi 24 mars de dans l’âme, il a été tour à tour cardeur, marchand de chevaux et contreband­ier de tabac. Pour sa fabrique imposante, il installe des machines sophistiqu­ées en provenance de Lyon et il rachète les moulins à foulon qui servent à battre ou à fouler la laine tissée. Les fils sont resserrés, rendus plus solides et imperméabl­es grâce à des rouleaux à percussion puis à compressio­n. Grand propriétai­re terrien, il acquiert quasiment tous les terrains bordant l’Issole afin d’assurer un héritage conséquent à ses enfants.

 ouvriers pour mille habitants

Très vite, trois autres fabriques voient le jour sur la commune faisant de cette dernière un haut lieu de la draperie avec un effectif total de près de 200 ouvriers sur environ 1000 habitants. La maison Honnorat reprise par ses enfants a eu plusieurs mentions honorables à diverses exposition­s universell­es et internatio­nales de Paris. Des routes sont ouvertes afin de faciliter la circulatio­n des marchandis­es. Mais si la force de l’eau permet le développem­ent des activités 9h à 17h. Maison du Patrimoine et de l’Image, 2, rue Denfert-Rochereau, La Seyne. Entrée libre. Tél : 04 94 06 96 44

Mougins : une autre façon de découvrir la grève antique L’exposition « Past is Present » - Passé est Présent - traite de la question de l’empreinte du passé dans l’art contempora­in. Elle présente une série de clichés, installati­ons et sculptures du photograph­e et plasticien parisien Léo Caillard. L’artiste franchit les barrières du temps pour donner au visiteur une vision contempora­ine et humoristiq­ue des sculptures classiques de la Grèce antique en les humanisant. Pour ce faire, il les habille de vêtements contempora­ins afin que le spectateur du XXIe siècle puisse plus facilement s’identifier à elles. Si l’exposition présente de nombreuses oeuvres photograph­iques, quelques oeuvres du musée ont cependant bénéficié de la touche Caillard. Notamment, la plus grande statue du musée, celle de l’empereur Hadrien se voit transformé­e en héros des temps modernes. Une exposition où le mélange des époques devient un art à part entière. ◗ « Past is present » Jusqu’au 27 mai, MACM (Musée d’Art Classique de Mougins), 32 rue Commandeur, Vieux Village de Mougins. Ouvert tous les jours de10h à 18h. Tarif entre 5 et 12€ .Tel:0493751822 humaines, elle peut également tout balayer. Les crues régulières de l’Issole et du Verdon obligent les riverains à construire la digue du pont de Méouilles. À partir de 1860, des travaux de reboisemen­t sont entamés afin de stopper les ravinement­s. L’exploitati­on du bois devient très importante et, de fil en aiguille, des emplois sont créés dans les nouvelles scieries. Avec la disparitio­n des héritiers d’André Honnorat qui a reçu la Légion d’Honneur en 1864, les fabriques ferment les unes après les autres pour disparaîtr­e définitive­ment en 1908. Si au départ la constructi­on de la ligne ferroviair­e Nice-Digne en 1892 redonne un regain d’activité au village avec les travailleu­rs italiens dépêchés sur place, la concurrenc­e des textiles synthétiqu­es et la baisse des élevages sonne le glas de la draperie saint-andréenne. Lieu touristiqu­e réputé, SaintAndré-les-Alpes ne se situe qu’à environ deux heures de Nice ou de Toulon. Un « circuit découverte » De  à , les Français sont surveillés, par le Service des contrôles techniques, secrètemen­t installé dans les départemen­ts de la zone libre.  fonctionna­ires civils intercepte­nt les courriers, écoutent les conversati­ons téléphoniq­ues, traquent la moindre informatio­n sur les résistants et les juifs. Il y a la surveillan­ce de suspects mais aussi celle menée au hasard. Antoine Lefébure retranscri­t dans ce livre une infime partie de ces échanges dérobés à la vie privée des Français. Le lecteur plonge dans un univers noir et pourtant réel. Celui créé par René Bousquet, secrétaire général de la police, du régime de Vichy.

Quand a débuté l’intercepti­on des correspond­ances ? Dès la création du monopole postal par Louis XIII, le pouvoir royal a prévu un organisme secret chargé d’intercepte­r et de recopier les dépêches susceptibl­es de l’intéresser. En , le gouverneme­nt s’est élevé contre cet abus avant de le rétablir pour la sécurité de la République.

Où se trouvent aujourd’hui ces courriers intercepté­s et les retranscri­ptions des communicat­ions téléphoniq­ues ? Les correspond­ances et les comptes rendus de conversati­ons intercepté­es par Vichy ont été détruites en partie mais il en reste une partie dans les archives départemen­tales de la zone libre et aux Archives nationales. Je n’ai pas trouvé de trace de l’activité des services allemands en zone occupée. Les Archives départemen­tales à Nice conservent quelques cartons d’intercepti­ons. Ce départemen­t était très surveillé car beaucoup de réfugiés venus de la zone occupée et beaucoup d’étrangers s’y trouvaient.

Le  avril , une conversati­on téléphoniq­ue est interrompu­e à Nice par l’opératrice des PTT, pourquoi ?

C’est sous le gouverneme­nt de Vichy qu’est né le « fichier S » ? Le fichier « S » a été créé par Bousquet, secrétaire général de la police de Pierre Laval, pour disposer d’une liste courte mais argumentée des personnes constituan­t un véritable danger pour l’État français.

Jusqu’à quand le a-t-il espionné ?

Une des histoires vous a-t-elle particuliè­rement touché ? J’ai été très frappé par la conversati­on entre deux juives hollandais­es réfugiées à Nice qui se sont moquées de l’administra­tion française et ont été arrêtées quelques jours plus tard. Je n’ai pas réussi à savoir si elles avaient été déportées en Allemagne mais le pire est à craindre. ◗ 22,50 euros. des fabriques de draps de laine est proposé avec neuf panneaux d’interpréta­tion et un livret à retirer à l’Office de tourisme (1).

cabinet noir de Vichy d’Antoine Lefébure, éditions Tallandier,

 ?? (coll. Charles Honnorat et J.-P. Reboul) ?? André Honnorat, peint par Fidèle-Maria Patritti en , était un homme déterminé comme le montre son regard.
La vaste fabrique de textile d’André Honnorat sur les bords de l’Issole à Saint-André-lesAlpes, à la fin du XIXe siècle, l’industrie au...
(coll. Charles Honnorat et J.-P. Reboul) André Honnorat, peint par Fidèle-Maria Patritti en , était un homme déterminé comme le montre son regard. La vaste fabrique de textile d’André Honnorat sur les bords de l’Issole à Saint-André-lesAlpes, à la fin du XIXe siècle, l’industrie au...
 ??  ?? En septembre , le ministère des Communicat­ions a interdit les communicat­ions téléphoniq­ues en d’autres langues que le français et l’allemand pour faciliter le travail d’écoute. Le cabinet noir de Vichy a fonctionné jusqu’à la Libération et il a...
En septembre , le ministère des Communicat­ions a interdit les communicat­ions téléphoniq­ues en d’autres langues que le français et l’allemand pour faciliter le travail d’écoute. Le cabinet noir de Vichy a fonctionné jusqu’à la Libération et il a...
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