Un second séjour en
Alexandre Dumas effectuera un nouveau séjour sur la Côte en mai . Il repassera par Nice et Monaco juste avant le rattachement de Nice à la France. Il voyagera à bord de la goélette Emma. Son but, lors de ce second voyage : se rendre à Naples pour suivre le Niçois Garibaldi qui s’apprête à chasser les Bourbons de Naples et à entreprendre l’« Épopée des Mille », dont Dumas sera chargé de faire le reportage. Nouvelle halte à Hyères, à l’Hôtel de l’Europe,
Le commissaire me dit qu’il savait ce qu’il avait à faire, et que, si je ne me taisais pas, il allait me faire prendre par deux gendarmes et me faire reconduire à Antibes. Je vis que le commissaire était un insolent ou un imbécile, deux espèces qu’il faut ménager quand elles ont le pouvoir en main… Au bout d’une demi-heure, monsieur le commissaire nous annonça avec une morgue pleine de bienveillance qu’il ne s’opposait pas à ce que nous continuassions notre chemin… Nous foulions la terre italique, nous étions dans les États de Sa Majesté le roi Charles-Albert!» Et voici Nice: «Nice devrait être représentée sous les traits d’une belle courtisane, mollement couchée au bord de son miroir d’azur, à l’ombre de ses orangers en fleurs, avec ses longs cheveux abandonnés aux brises de la mer, et dont les flots viendraient mouiller ses pieds nus, car Nice c’est la ville de la douce paresse et des plaisirs faciles… Rien de plus charmant que Nice par une belle soirée d’automne, quand sa mer, à peine ridée par le vent qui vient de Barcelone ou de Palma, murmure doucement, et quand ses lucioles, comme des étoiles filantes, semblent pleuvoir du ciel. Il y a alors à Nice une promenade qu’on appelle la «Terrasse», et qui n’a pas peut-être sa pareille au monde, où se presse une population de femmes pâles et frêles qui n’auraient pas la force de vivre ailleurs, et qui viennent chaque hiver mourir à Nice… Les hommes en général s’y portent à merveille, et ils semblent être venus là, conduits par un sublime dévouement, pour céder une part de leur force et de leur santé à toutes ces belles mourantes, que lorgnent en passant de charmants petits abbés, si coquets et si galants, que l’on comprend à la première vous aurez là l’un des sites les plus ravissants, je ne dirai pas de la ville d’Hyères, de la Provence, je ne dirai pas du Midi, je dirai du monde entier ! » À Nice, il est reçu par l’écrivain humoriste Alphonse Karr, arrivant dans un costume blanc aux bras de sa maîtresse d’alors, Emilie Cordier, ans. À cette soirée mémorable participent aussi le poète Théodore de Banville, son amie la comédienne Marie Daubrun - la « Belle aux cheveux d’or » louée par Baudelaire -, et
vue qu’ils ont des absolutions toutes prêtes pour elles.»
À Monaco, il faut payer la douane
On imagine Alexandre Dumas prenant Ida Ferrier par la main. Elle est en pleine santé. Lui a 33 ans, le regard aigu, les cheveux en bataille. Elle, 24 ans, fine brune aux doux yeux. Ils sont sur les Terrasses du cours Saleya. Au loin, le crépuscule dore la Baie des Anges. Ils se disent des mots d’amour. Peut-être parlent-ils de mariage. Leur périple se poursuit au-delà de Nice. Arrivant à Monaco, une nouvelle douane se dresse sur leur chemin. «La douane du prince Honoré V perçoit deux et demi pour cent sur les marchandises, et seize sous sur les passeports. Or, comme Monaco est sur la route la plus fréquentée d’Italie, cette double contribution forme la partie la plus claire de son revenu. Au reste, le prince de Monaco est né pour la spéculation, quoique toutes les spéculations ne lui réussissent pas, témoin la monnaie qu’il a fait battre en 1837 et qui s’use tout doucement dans sa principauté, attendu que les rois ses voisins ont refusé de la recevoir.» Voici enfin Vintimille – qui, comme Nice, appartient au Royaume de Piémont-Sardaigne. C’est là qu’à l’Auberge de la Croix d’Or, le chien Mylord va faire des siennes… et s’en prendre au chat de l’aubergiste. «Tout se déroula bien. On nous servit du lapin. Mais au moment de payer, nous eûmes un instant d’inquiétude en voyant qu’on nous facturait la somme de vingt sous pour le prix d’un… chat! Explication demandée et reçue nous apprîmes que c’était le dîner de… Mylord! Mylord ne pouvait pas apercevoir un chat qu’en un tour de main le malheureux animal ne fût mis à mort. la princesse russe Alexandrovna Apraxine, l’un des célèbres pionniers de la photographie, Gustave le Gray. Un passage par la Principauté de Monaco, dont le prince est à présent Charles III, et Alexandre Dumas s’élance vers le sud de l’Italie. Il s’est tellement attardé sur la Côte qu’il arrive auprès de Garibaldi… après la bataille. Celui-ci a déjà pris Palerme. Garibaldi dit simplement à l’écrivain : « Dumas, vous me manquiez!... » Nous fîmes en conséquence venir l’aubergiste, et nous lui demandâmes s’il croyait que le prix qu’il nous faisait payer pour son chat était le prix courant des chats en Italie. Celui-ci crut que nous voulions marchander, et nous énuméra aussitôt toutes les qualités du défunt. En conséquence, nous payâmes la carte, mais nous nous fîmes donner un reçu détaillé du chat: «Reçu de deux messieurs français qui voyageaient avec un bouledogue, vingt sous de Sardaigne ou un franc de France en paiement d’un chat de première qualité mis à mort par ledit bouledogue. Vintimiglia, le 20 mai 1835. Franscesco Biagioli. padrone della locanda della Croce d’oro.» Et c’est ainsi qu’Alexandre Dumas prit congé de la Côte d’Azur. Le Comte de MOnte-Cristo est, avec les Trois mousquetaires, l’un des romans les plus célèbres d’Alexandre Dumas. C’est l’histoire du jeune marin Edmond Dantès qui, dénoncé comme conspirateur bonapartiste, est enfermé au Château d’If dans le port de Marseille. Il réussira à s’évader et à s’emparer du trésor caché dans l’île de Monte-Cristo. Le Vicomte de Bragelonne est le roman qui fait suite aux Trois Mousquetaires et Vingt ans après ,etqui constitue le dernier volet de la trilogie des Mousquetaires. Raoul de Braguelone est le fils naturel du mousquetaire Athos. Raoul, Athos et d’Artagnan se retrouvent sur l’île SainteMarguerite, au large de Cannes, où l’homme au masque de fer (cicontre), qui y est enfermé, leur envoie un message gravé sur une assiette d’argent. Dans cet ouvrage, paru en , Alexandre Dumas raconte la vie romanesque de Catherine-Charlotte (ci-contre) de Gramont, devenue princesse de Monaco après son mariage avec Louis Ier. Elle n’en fut pas moins la maîtresse du roi Louis XIV et divorça du prince de Monaco en . Nous avons raconté dans ces colonnes l’étonnante vie de cette princesse monégasque.