Il cajole ses belles abeilles en plein coeur de la cité
L’apiculteur a signé une convention avec la Ville qui lui a prêté un terrain inoccupé pour l’élevage de ses essaims. En retour, il doit entretenir cette parcelle d’environ 1 000 m²
Malgré son accoutrement, Luc Martel n’est ni astronaute ni agent de décontamination. Non, s’il se protège ainsi, c’est qu’il veut éviter de se faire piquer par ses belles abeilles. C’est qu’elles ont du caractère. On ne vient pas les enquiquiner sous n’importe quel prétexte. « Un jour, je me suis fait piquer vingt-trois fois, alors que je transportais une ruche. Je débutais donc je ne m’y étais pas pris de la meilleure des manières… même si c’est votre métier, il faut rester attentif. » Au-delà d’une activité qui reste peu commune, le fait d’être apiculteur dans la cité des Remparts relève de l’inédit. Entendre: professionnellement. Luc Martel, qui a perdu son emploi il y a quelques mois, à 60 ans, est en pleine reconversion. Comble de sa motivation: il a récemment sondé la Ville, au culot, pour savoir s’il était possible d’exploiter un terrain libre pour son activité d’apiculteur amateur – avec l’objectif assumé d’en vivre à terme.
L’été en altitude pour éviter le frelon asiatique
Banco. La municipalité, dans une démarche écolo, lui a cédé un terrain au niveau de l’avenue PhilippeRochat. Le voilà donc lancé dans l’élevage d’hyménoptères. «Je ne suis pas le seul Antibois à avoir quelques ruches, mais je suis le seul à avoir une convention avec la mairie, reconnaît-il. En contrepartie, j’entretiens la parcelle et je verse une petite somme tous les mois. Ils cherchaient à valoriser leurs terrains inoccupés, donc ça les a intéressés. » Une fois l’idée germée dans sa tête, Luc Martel s’est donc mis en branle. D’abord, une visite imposée chez son père, lui-même éleveur amateur. Les principes de base acquis, il a d’abord dû se faire la main. «Mon père est apiculteur depuis 1990. J’ai une fibre écolo depuis longtemps, je suis de la campagne. Dès 2016, j’ai donc commencé à installer des ruches chez un particulier qui en avait envie. Et puis l’été, je les monte à Ascros, à 1 090 mètres d’altitude pour éviter le frelon asiatique. » Le véritable fléau de la belle ailée, c’est lui. Les pesticides et la pollution aussi, évidemment. Mais le frelon asiatique vole en escadrille, sur notre littoral, à chaque saison estivale. Un raid aérien avec pour seul destin que celui de s’offrir un festin. La transhumance est donc inévitable pour les éleveurs qui veulent échapper au pire. « Là-haut, il n’y a pas de frelon. L’inconvénient, c’est qu’il faut les redescendre à la fin de l’été pour conserver une bonne température de l’essaim. »
« L’abeille est essentielle pour la biodiversité»
Depuis qu’il s’est lancé dans l’élevage, Luc Martel progresse mais est encore loin d’en vivre. Pour cela, « il faut avoir un cheptel d’au moins soixante-dix ruches. » Et pour se constituer un rucher de cette taille, il faut un terrain conséquent, sans parler des maladies, de la pollution et, bien sûr, du frelon asiatique. « En vivre, ce serait un rêve parce que c’est vraiment un beau métier. C’est difficile mais passionnant car l’abeille est essentielle pour la biodiversité. Aujourd’hui, j’en suis encore loin. L’apprentissage n’a pas été de tout repos. Mais je continue de me perfectionner, notamment grâce au Civam apicole de La Gaude (association d’apiculteurs), qui donne des cours. » Pour accroître son cheptel, Luc Martel lance un appel: si un essaim est en recherche d’un endroit pour se fixer et qu’il « visite » votre jardin, votre terrasse ou même, par exemple, le store de votre magasin, contactez-le… il volera à votre secours.