Un Azuréen expert chimique de Daesh ?
Originaire de la région cannoise, Joe Asperman aurait supervisé la production et le déploiement d’armes chimiques en Syrie. Les États-Unis l’ont placé, hier, sur la liste mondiale des terroristes
Lieu de naissance : région de Cannes, France. » La mention s’affiche en style télégraphique sur le site Web du Trésor américain. Juste deux petites lignes, avec trois dates de naissance supposées (1986, 1987 ou 1988) pour Joe Asperman. Hier, les Etats-unis ont officiellement placé ce ressortissant français sur la « liste mondiale des terroristes ». Dans un communiqué, le département d’Etat - équivalent de notre ministère des Affaires étrangères désigne ce ressortissant français comme un « expert haut placé de Daesh en armes chimiques ». « Asperman a supervisé pour l’Etat islamique le déploiement de ces armes chimiques en Syrie, et leur déploiement sur le front de guerre », précise le communiqué.
Avoirs et ressources gelés
Le département d’Etat rappelle les conséquences d’un tel classement. Cette inscription « impose des sanctions aux personnes étrangères convaincues d’avoir commis, ou présentant un risque significatif de commettre des actes de terrorisme menaçant la sécurité des ressortissants américains, la sécurité nationale, la politique étrangère ou l’économie américaine. » Concrètement ? En déclarant Joe Asperman « terroriste », les EtatsUnis frappent au portefeuille. L’administration gèle ses ressources financières, celles dont « il a besoin pour planifirer et mener à bien de futures attaques terroristes. » Tous ses avoirs en territoire américain sont bloqués. Et toute transaction avec lui est théoriquement interdite. Mais qui est donc ce supposé djihadiste originaire de la région cannoise ? Mystère. Jusqu’à hier aprèsmidi, le nom de Joe Asperman n’apparaissait dans aucune recherche sur Internet. Et il n’évoque rien aux acteurs de la lutte antiterroriste consultés. Déroutant, au vu du rôle majeur que lui attribue Washington... Seule certitude : après vérification, aucun Joe Asperman dans l’état civil de Cannes entre 1986 et 1988. Ce qui n’exclut, pour autant, aucune des villes périphériques.
Après Omar Diaby
En tout état de cause, ce classement ne doit rien au hasard. Selon Jean-Charles Brisard, président du Centre d’étude du terrorisme, il résulte d’« un processus long, qui implique une importante mécanique de vérifications aux niveaux militaire et civil. Ce document officiel, validé par le gouvernement, entraîne le gel des fonds de la personne. Il constitue aussi une base de désignation par l’ONU, qui oblige la France à prendre des dispositions à son encontre : gel des fonds, interdiction de voyager... » En d’autres termes, pour parvenir à pareille conclusion, Washington serait en possession d’informations « permettant de dire qu’ils ont un rôle important, précise Jean-Charles Brisard. Ils ne désignent que les individus dont la capture ou la neutralisation est jugée prioritaire. » Selon ce spécialiste de l’antiterrorisme, « une dizaine de Français ont été désignés sur cette liste par les Etats-Unis. Notamment ceux qui ont un rôle important dans les attentats du 13-Novembre. » Avant l’inattendu Joe Asperman, un autre Azuréen figurait déjà dans cette liste restreinte : le Franco-Sénégalais Omar Diaby, alias « Omar Omsen ». Originaire de Nice, ce militant du front Al-Nosra (émanation d’al-Qaïda) est considéré comme l’un des principaux recruteurs djihadistes français. Réapparu après avoir été donné pour mort, il a intégré la liste en septembre 2016.