Nice-Matin (Cannes)

Un Azuréen expert chimique de Daesh ?

Originaire de la région cannoise, Joe Asperman aurait supervisé la production et le déploiemen­t d’armes chimiques en Syrie. Les États-Unis l’ont placé, hier, sur la liste mondiale des terroriste­s

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Lieu de naissance : région de Cannes, France. » La mention s’affiche en style télégraphi­que sur le site Web du Trésor américain. Juste deux petites lignes, avec trois dates de naissance supposées (1986, 1987 ou 1988) pour Joe Asperman. Hier, les Etats-unis ont officielle­ment placé ce ressortiss­ant français sur la « liste mondiale des terroriste­s ». Dans un communiqué, le départemen­t d’Etat - équivalent de notre ministère des Affaires étrangères désigne ce ressortiss­ant français comme un « expert haut placé de Daesh en armes chimiques ». « Asperman a supervisé pour l’Etat islamique le déploiemen­t de ces armes chimiques en Syrie, et leur déploiemen­t sur le front de guerre », précise le communiqué.

Avoirs et ressources gelés

Le départemen­t d’Etat rappelle les conséquenc­es d’un tel classement. Cette inscriptio­n « impose des sanctions aux personnes étrangères convaincue­s d’avoir commis, ou présentant un risque significat­if de commettre des actes de terrorisme menaçant la sécurité des ressortiss­ants américains, la sécurité nationale, la politique étrangère ou l’économie américaine. » Concrèteme­nt ? En déclarant Joe Asperman « terroriste », les EtatsUnis frappent au portefeuil­le. L’administra­tion gèle ses ressources financière­s, celles dont « il a besoin pour planifirer et mener à bien de futures attaques terroriste­s. » Tous ses avoirs en territoire américain sont bloqués. Et toute transactio­n avec lui est théoriquem­ent interdite. Mais qui est donc ce supposé djihadiste originaire de la région cannoise ? Mystère. Jusqu’à hier aprèsmidi, le nom de Joe Asperman n’apparaissa­it dans aucune recherche sur Internet. Et il n’évoque rien aux acteurs de la lutte antiterror­iste consultés. Déroutant, au vu du rôle majeur que lui attribue Washington... Seule certitude : après vérificati­on, aucun Joe Asperman dans l’état civil de Cannes entre 1986 et 1988. Ce qui n’exclut, pour autant, aucune des villes périphériq­ues.

Après Omar Diaby

En tout état de cause, ce classement ne doit rien au hasard. Selon Jean-Charles Brisard, président du Centre d’étude du terrorisme, il résulte d’« un processus long, qui implique une importante mécanique de vérificati­ons aux niveaux militaire et civil. Ce document officiel, validé par le gouverneme­nt, entraîne le gel des fonds de la personne. Il constitue aussi une base de désignatio­n par l’ONU, qui oblige la France à prendre des dispositio­ns à son encontre : gel des fonds, interdicti­on de voyager... » En d’autres termes, pour parvenir à pareille conclusion, Washington serait en possession d’informatio­ns « permettant de dire qu’ils ont un rôle important, précise Jean-Charles Brisard. Ils ne désignent que les individus dont la capture ou la neutralisa­tion est jugée prioritair­e. » Selon ce spécialist­e de l’antiterror­isme, « une dizaine de Français ont été désignés sur cette liste par les Etats-Unis. Notamment ceux qui ont un rôle important dans les attentats du 13-Novembre. » Avant l’inattendu Joe Asperman, un autre Azuréen figurait déjà dans cette liste restreinte : le Franco-Sénégalais Omar Diaby, alias « Omar Omsen ». Originaire de Nice, ce militant du front Al-Nosra (émanation d’al-Qaïda) est considéré comme l’un des principaux recruteurs djihadiste­s français. Réapparu après avoir été donné pour mort, il a intégré la liste en septembre 2016.

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 ??  ?? Le départemen­t d’État américain attribue à ce Français, inconnu jusqu’ici, un rôle majeur dans les rangs de l’EI.(Photo d’illustrati­on AFP)
Le départemen­t d’État américain attribue à ce Français, inconnu jusqu’ici, un rôle majeur dans les rangs de l’EI.(Photo d’illustrati­on AFP)

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