Nice-Matin (Cannes)

Une Varoise, conseillèr­e de candidates au djihad, jugée aujourd’hui à Paris

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Depuis la Syrie, Maeva S., alias « Oum Zahra », originaire de Draguignan, est soupçonnée d’avoir conseillé de nombreuses jeunes femmes souhaitant rejoindre l’organisati­on État islamique. Cette Varoise de 24 ans est jugée aujourd’hui à Paris pour « associatio­n de malfaiteur­s à visée terroriste ». La jeune convertie radicalisé­e avait quitté la France en mai 2014 pour gagner les zones tenues par l’organisati­on djihadiste en Syrie, afin de vivre sa foi selon la charia et, espérait-elle, faire de l’humanitair­e. Elle avait épousé dès son arrivée un djihadiste français rencontré sur Facebook, Ziyeid Souied – condamné en son absence à 10 ans de prison en 2016 – et l’avait suivi dans plusieurs villes du nord syrien, telles al-Bab ou Manbij.

Des appels à rejoindre la Syrie

Elle qui se faisait appeler donc « Oum Zahra » sur les réseaux sociaux y postait des appels à rejoindre la Syrie et dispensait ses conseils à de nombreuses jeunes femmes qui souhaitaie­nt gagner les zones de djihad, tout en posant en photo, kalachniko­v en bandoulièr­e. Recruteuse, entremette­use ? Au cours de l’enquête, la jeune femme a nié avoir joué ces rôles, mais reconnu avoir aidé « beaucoup » de femmes de France et de Tunisie, en leur expliquant l’itinéraire ou la tenue à emprunter, en communiqua­nt parfois le numéro d’un passeur. Si des médias l’avaient surnommée « la marieuse de l’État islamique », cet aspect ressort peu du dossier, selon une source proche. Seule une « revenante » avait raconté que Maeva était venue la voir dans une maison pour femmes « pour [lui] proposer un mari ». L’intéressée avait assuré aux enquêteurs que ce n’était pas son travail. Mais «si certaines voulaient se marier, on en parlait avec mon mari, pour voir si ça pouvait coller avec des hommes qu’il connaissai­t », avait-elle expliqué. Souffrant de problèmes de santé, effrayée par les bombardeme­nts, Maeva S. avait fini par passer en Turquie en juillet 2015. Elle avait été expulsée vers la France et arrêtée à sa descente d’avion. Elle sera également jugée pour avoir entretenu des contacts avec des jeunes filles qui, dépitées de ne pouvoir partir en Syrie, imaginaien­t sur les réseaux sociaux commettre un attentat en France. Elle se défend de toute incitation à la violence. Un message adressé en 2014 depuis son compte Facebook à ces mineures leur suggérait pourtant de « soit exploser, soit se procurer une arme et tuer »... Mais il n’est pas authentifi­é qu’elle ait écrit ces mots. Maeva S. sera seule dans le box : son coprévenu, Brahim El Khayari, 25 ans, poursuivi pour « soustracti­on d’enfants », est présumé toujours en Syrie ou mort. Il est soupçonné d’avoir attiré une adolescent­e de 14 ans en Syrie en juin 2014. Celle-ci n’est jamais rentrée en France : ses parents seront partie civile au procès.

Toujours dangereuse ou repentie ?

Trois mineures qui évoquaient un vague projet d’attentat étaient également en contact avec cette jeune disparue de 14 ans. Les jeunes filles ont été condamnées en février par le tribunal pour enfants de Paris à respective­ment six mois d’emprisonne­ment avec sursis, deux et trois ans avec sursis assorti d’une mise à l’épreuve, selon une source judiciaire. Maeva S., jeune femme fragile, est-elle repentie ou toujours dangereuse et influençab­le ? Le tribunal devra en juger. Écrouée puis relâchée sous contrôle judiciaire, la jeune femme, qui a condamné les attentats parisiens du 13Novembre (130 morts et des centaines de blessés), a été de nouveau placée en détention provisoire en janvier, alors qu’elle s’apprêtait à épouser civilement un homme qui purge une peine de prison pour sa participat­ion à une filière djihadiste.

 ?? (Photo d’illustrati­on Frank Muller) ?? Originaire de Draguignan, cette jeune radicalisé­e avait quitté la France en mai  pour gagner les zones tenues par Daesh en Syrie. Elle sera jugée aujourd’hui à Paris pour associatio­n de malfaiteur­s à visée terroriste.
(Photo d’illustrati­on Frank Muller) Originaire de Draguignan, cette jeune radicalisé­e avait quitté la France en mai  pour gagner les zones tenues par Daesh en Syrie. Elle sera jugée aujourd’hui à Paris pour associatio­n de malfaiteur­s à visée terroriste.

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