Forte mobilisation contre le gouvernement
En France, plus de 300 000 personnes ont défilé pour défendre le service public, le statut des fonctionnaires et des cheminots
Au total, 323 000 personnes ont manifesté dans toute la France, selon le ministère de l’Intérieur, dont 49 000 à Paris en additionnant le cortège des cheminots et celui des fonctionnaires. L’objectif : défendre le service public, le statut des fonctionnaires et des cheminots, face à un gouvernement déterminé. À Paris, un comptage inédit des manifestants a par ailleurs été réalisé par un cabinet pour un collectif de médias (lire ci-dessous) .Deson côté, La CGT a annoncé de son côté 500 000 personnes dans toute la France. Elle a recensé plus de 65 000 personnes à Paris dans les deux manifestations qui ont convergé vers 16 h 30 place de la Bastille.
Les cheminots ont donné le ton
Le leader de la CGT, Philippe Martinez, a salué sur Cnews une « forte mobilisation », ajoutant que « la balle est dans le camp du gouvernement ». Dans un communiqué, sa centrale a proposé « l’organisation d’une journée nationale de mobilisation interprofessionnelle le 19 avril prochain », dans « la recherche de convergence des luttes », sur les thèmes du pouvoir d’achat, mais aussi « l’emploi et la protection sociale, les services publics et les droits collectifs ». Les cheminots ont donné le ton à grand renfort de fumigènes, tambours, sifflets et musique rock.
Incidents à Paris, Nantes et Bordeaux
Des jeunes, parfois cagoulés, se sont livrés à des dégradations et ont lancé des projectiles sur les policiers, qui ont répliqué en usant d’un canon à eau et de gaz lacrymogènes, dans le cortège parisien. À Nantes également, des échauffourées ont eu lieu entre jeunes et policiers et à Bordeaux la préfecture a signalé quelques dégradations. À l’appel de leur intersyndicale (CGT, Unsa, Sud et CFDT), les cheminots ont protesté contre la réforme de la SNCF par ordonnances, en transformant l’entreprise en société anonyme et en abandonnant le statut de cheminot à l’embauche. Ils se sont mis en grève davantage qu’attendu à l’appel de l’Unsa et SUD (2e et 3e), avec un taux de 35,4 % de grévistes selon la direction (à la prise de service). Avant même la grève en pointillé lancée le 3 avril pour trois mois, la journée était marquée pas de fortes perturbations, notamment avec deux TGV sur cinq, un Transilien sur trois. Paul, aiguilleur en Lozère, non syndiqué, depuis 11 ans à la SNCF estime que « le statut [les] protège mais il protège aussi le rail, le service public, la sécurité des gens» . Dans la manifestation parisienne, il promet de « faire tout pour que la réforme ne passe pas ».
«Unjour qui fera date »
Côté fonctionnaires, les responsables des sept organisations syndicales (CGT, FO, FSU, CFTC, Solidaires, FA-FP et CFE-CGC) ayant appelé à la grève ont pris la tête du cortège parisien derrière une banderole unitaire : « pour la fonction publique, les salaires, l’emploi et le statut ». Le gouvernement « pose des bombes à fragmentation qui sont en train de détruire peu à peu les fondements mêmes de notre modèle
social et républicain », a relevé dans la manifestation Pascal Pavageau, qui s’apprête à succéder à Jean-Claude Mailly à la tête de FO. « Aujourd’hui est un jour qui fera date », a affirmé JeanMarc Canon, secrétaire général de la CGT Fonction publique, premier syndicat. Lors de la précédente mobilisation le 10 octobre, ils étaient 45 000 à Paris et 400 000 en France selon la CGT à défiler contre la suppression annoncée de 120 000 postes, le rétablissement du jour de carence et le gel des salaires. Le taux de grévistes, à 12,8 % pour la fonction publique d’État, 8,11 % pour la territoriale, et 10,9 % dans l’hospitalière, selon des estimations du ministère, a légèrement baissé par rapport au 10 octobre.