heures d’horreur
EXCLUSIF Me Thierry Herzog, le conseil de l’ancien président, a réservé à Nice-Matin la primeur de ses explications dans la presse écrite, après la mise en examen dans le dossier libyen
Un homme a mené plusieurs attaques terroristes hier à Carcassonne et Trèbes (Aude). Trois personnes ont été tuées et seize blessées. Le preneur d’otages a été abattu. Daesh a revendiqué l’attentat.
L’heure de la contre-attaque a sonné. Virulente et musclée, jeudi soir, pour Nicolas Sarkozy au JT de TF1. Déterminée et offensive, hier, pour son fidèle ami et avocat. Après RTL, c’est à NiceMatin que Me Thierry Herzog a réservé la primeur de sa réaction dans la presse écrite, au lendemain de la mise en examen de l’ancien président. Le pénaliste n’exclut pas de faire appel de celle-ci, comme il entend le faire pour le contrôle judiciaire, dans l’affaire du présumé financement libyen de la campagne présidentielle de 2007. Il s’en explique avant de regagner Nice, son deuxième port d’attache, bastion historique du sarkozysme.
À vos yeux, il y a un fossé entre « la vérité médiatique et la vérité judiciaire » dans cette affaire ?
Il y a un immense fossé ! Ce dossier ne repose que sur le sable du désert libyen. Il a été alimenté par des fuites savamment distillées par Mediapart depuis près de six ans. Je n’ai pas eu accès au dossier. Mais j’ai constaté que le président Sarkozy avait répondu à toutes les questions – près de deux cents – au cours des trente heures de sa garde à vue. Et il n’a été mis à aucun moment en difficulté. Lorsqu’on dit la vérité, on ne craint pas de répondre aux questions qui vous sont posées.
Comment, alors, expliquer que vous ayez perdu cette première bataille judiciaire ?
Je conteste formellement avoir perdu une bataille! Et même si c’était le cas, je n’ai pas perdu la guerre. D’une part, je rappelle que des recours sont possibles. Et je vais les exercer. D’autre part, quand on est mis en examen, on est présumé innocent. Or, par le passé, trois juges d’instruction avaient mis le président Sarkozy en examen, à Bordeaux, dans l’affaire dite Bettencourt. Cela ne les a pas empêchés de prononcer un non-lieu.
Nicolas Sarkozy reste néanmoins mis en examen dans deux autres affaires, dont Bygmalion…
Cette affaire a fait l’objet d’une ordonnance de renvoi, qui est frappée d’appel. Je rappelle qu’un seul des magistrats instructeurs l’a signée ; l’autre magistrat – le premier vice-président [du TGI de Paris, Ndlr] Van Ruymbeke – a considéré qu’il ne pouvait pas la signer, car il en désapprouvait vraisemblablement les termes. La chambre de l’instruction sera saisie dans les mois qui viennent : on verra si elle confirme ou non l’ordonnance du juge.
Revenons à l’affaire libyenne. Pourquoi ne pas avoir fait appel de la mise en examen ?
Parce que j’ai un délai pour le faire. Je dois d’abord prendre connaissance des ou tomes annoncés de la procédure, que je n’ai pas encore consultés. Ensuite, il faut l’étudier…
Vous n’excluez donc pas un tel recours ?
Je ne sais pas encore. J’exercerai les recours quand je l’estimerai nécessaire. D’ores et déjà, je vais faire appel du placement sous contrôle judiciaire.
Que recouvre-t-il exactement ?
Il recouvre l’interdiction de se rendre dans certains pays et d’entrer en contact avec certaines personnes que le président Sarkozy n’a, comme il l’a dit, aucune intention de rencontrer – notamment Takieddine. Quant à la Libye, il n’a pas l’intention d’y aller non plus !
Pourquoi ne pas avoir invoqué l’obstacle de la prescription, pour ces faits datant de ?
Ces problèmes de procédure seront étudiés en leur temps. Il n’y a pas de précipitation à avoir.
Cela pourrait faire partie de vos futures armes ?
...Par exemple.
À écouter M. Sarkozy, le dossier reposerait sur les allégations du clan Kadhafi et de « ce sinistre » Takieddine. On peut supposer que les trois juges instructeurs ont réuni d’autres éléments dans ces tomes de procédure…
Je ne vais pas plaider pour NiceMatin, même si j’ai beaucoup de sympathie pour cette très belle ville de la Côte d’Azur ! J’essaie d’éviter de faire ce que, parfois, je reproche à d’autres : faire des instructions au travers des médias. Sur le fond, le président Sarkozy et son conseil entendent réserver leurs explications, le moment venu, aux juges d’instruction.
Vous évoquez « une opération montée de toutes pièces ». Pensez-vous que la « bande à Kadhafi » compterait des relais dans notre classe politique ?
Je ne fais pas de politique. Je dis simplement que c’est une opération très bien montée. D’abord entre les deux tours de la présidentielle [de , Ndlr], en publiant ce prétendu document valide qui n’est qu’un faux grossier…
Faux, c’était alors la supposition d’un enquêteur. Mais la justice a ensuite débouté Nicolas Sarkozy de sa requête par deux fois…
Pas du tout ! Elle ne l’a pas débouté de sa demande. Elle a dit qu’on n’avait ni trouvé l’auteur du faux, ni la certitude que ceux qui l’ont publié savaient que c’était un faux. C’est totalement différent!
Nicolas Sarkozy assure qu’il n’était pas à Paris du au janvier , lorsque Ziad Takieddine affirme lui avoir remis des valises de billets. Des images montrent pourtant qu’il était présent le janvier…
Il n’a pas encore à apporter la preuve de son innocence. Attendez quelques jours ou semaines, et on verra qui dit la vérité et qui ment. Maintenant que nous avons enfin accès au dossier, nous serons peut-être amenés à demander un certain nombre de vérifications, qui viendront démontrer le bienfondé de ce que nous affirmons.
Si, au contraire, ces faits venaient à être établis, il s’agirait des plus graves reprochés à M. Sarkozy…
Attendez un peu, et tout cela réservera de très belles surprises. J’en suis certain.