Créez, avec elle, un salon de thé solidaire au Maroc
Patricia, Peymeinadoise, travaille depuis plusieurs années bénévolement à l’orphelinat de Taroudannt. Elle souhaite aujourd’hui y créer un lieu associatif et lance une collecte sur Internet
C’est une histoire de coeur. Une main tendue. Un sourire. Un engagement. C’est l’histoire d’une femme qui croit que si chacun donne un peu, on peut faire beaucoup pour ceux qui n’ont rien. C’est l’histoire d’une anonyme, une bénévole, qui oeuvre afin de venir en aide à ceux que la vie oublie. Cette histoire, c’est celle de Patricia Marella Frangioni, Peymeinadoise qui veut créer un salon de thé restaurant solidaire à 2000 kilomètres d’ici. À Taroudannt, une ville du Sud-Ouest du Maroc. Un pays qu’elle a tutoyé pour la première fois il y a une quinzaine d’années. Archi sportive, elle décide de participer au marathon du Sable. « De ce défi, je suis revenue complètement transformée. Même si je n’avais pas vu grand-chose de ce pays, il était évident qu’il me tendait les bras. » Elle y reviendra d’abord un peu. Jusqu’à y vivre aujourd’hui plusieurs mois par an.
Agir concrètement au sein de l’orphelinat
« J’ai tout de suite été frappée par les orphelinats, le nombre d’enfants dans les rues, les conditions des familles dans une extrême pauvreté. Habitant Taroudannt, j’avais envie d’agir plus concrètement au sein de l’orphelinat de la ville, où je travaille bénévolement maintenant depuis plusieurs années » ,explique Patricia. Quand elle parle des enfants de Taroudannt, sa voix se teinte d’émotion. On entend presque leurs rires conjugués au sien. «Les enfants – ils sont 80 en moyenne – sont gardés par des éducatrices dans six maisons de la médina. Ces femmes se relaient. Elles travaillent quatre jours par semaine, 24 h sur 24 et ont un salaire de 150 euros mensuels. » Faire quelque chose pour elles, avec elles. Pour les enfants aussi, au-delà de l’aide bénévole. L’idée du café solidaire est ainsi arrivée. « Il fallait trouver un système d’autofinancement qui mène sur quelque chose de productif. Un cercle vertueux, en somme. Un lieu où les éducatrices pourraient travailler afin d’améliorer leurs revenus. » Pourquoi pas un salon de thé restaurant solidaire. Son nom ? Maison bonheur. À Taroudannt, les commerces de proximité ne répondent pas aux besoins de la population, ainsi que ceux des touristes… «Il y a des petits cafés mais rien pour se poser un peu plus longtemps… » L’idée était née. « Ce salon de thé pourrait être aussi un tremplin pour les jeunes de l’orphelinat. La plupart des enfants y restent de leur naissance jusqu’à la fin de leurs études. Rares sont les adoptions. Les enfants pourraient venir au salon de thé le mercredi pour participer à des ateliers. Les jeunes qui sont intéressés par les métiers de la restauration pourraient être formés au salon de thé pendant les vacances scolaires… Ça évitera qu’ils fassent des bêtises dans la rue ! Et les bénéfices serviraient à financer les études de certains car au Maroc, 80 % des formations sont privées. Ou à améliorer les conditions matérielles d’accueil à l’orphelinat. »
Voir briller un avenir dans leurs yeux
Patricia y croit. Ici et là-bas, elle se démène pour faire avancer son projet. Pour les éducatrices. Pour «voir briller dans les yeux des jeunes un avenir » comme elle dit. Il y a quelques jours, elle a lancé sur le site de financement participatif Kisskissbankbank une cagnotte afin de financer son projet. Patricia l’affirme sans ambages : « ouvrir un restaurant nécessite des fonds et un investissement de base important. » Si elle a déjà un local en tête «à 200 mètres de l’orphelinat », elle ne veut pas se lancer sans un peu d’avance. La collecte servira donc à financer l’aménagement de la cuisine et la salle de réception. Loyer, charges, assurances, Internet, salaires, climatisation, stores métalliques. Mais aussi à créer une cuisine. «On ferait des plats simples, il n’y aurait pas de carte. Un chef me suit dans le projet. » Et si ça fonctionne, Patricia voit plus loin encore. Vers la terre. La culture. «Ce salon de thé solidaire peut découler vers beaucoup d’autres actions. Des cultures maraîchères en permaculture, par exemple, ce qui est totalement inconnu au Maroc. Ce serait une bonne chose pour les générations à venir… »