Nice-Matin (Cannes)

«La famille doit évoquer les idées suicidaire­s avec le proche»

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« Le plus souvent, les proches évitent d’évoquer la question du risque suicidaire, par peur de favoriser un passage à l’acte. En réalité, c’est l’inverse qui peut se produire. Les personnes dépressive­s qui ont des idées suicidaire­s ont honte d’en parler, elles gardent le silence, ce qui accroît encore leur souffrance. L’évoquer avec leurs proches fait retomber la pression ; on dédramatis­e, le malade se sent moins seul avec son fardeau. Pour résumer, plus on en parle, moins grand est le risque que ça se produise », insiste le Dr Quaglia. Le passage à l’acte suicidaire est un des risques bien identifiés associés à la dépression sévère. Aussi, dans l’immense majorité des cas, lorsque ce risque est repéré, l’hospitalis­ation s’impose, le temps que les traitement­s fassent leurs effets, soit pendant trois à quatre semaines en moyenne. Par ailleurs, « on a identifié un risque de levée d’inhibition autour du 10e jour suivant l’instaurati­on du traitement antidépres­seur ; le médicament va redonner de l’énergie au malade, alors que la tristesse, les idées noires sont encore présentes. Pendant cette période, le patient, qui a recouvré de l’énergie, mais qui n’est pas moins déprimé, se retrouve en mesure de prendre des initiative­s, mais pas les bonnes ; en clair, il peut passer à l’acte suicidaire. D’où l’intérêt d’hospitalis­er les patients souffrant de dépression sévère. » Seul un spécialist­e peut évaluer ce risque de levée d’inhibition – en tenant compte des antécédent­s, du profil… – et faire le choix du traitement le plus adapté, sachant que certains antidépres­seurs peuvent majorer temporaire­ment la tension psychique, et d’autres au contraire, avoir une action plus sédative.

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« Plus on en parle, moins grand est le risque que ça se produise », explique le Dr Quaglia.

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