Toujours plus intelligents? Actu
La Semaine du cerveau a été l’occasion de se pencher sur une question cruciale: nos capacités cérébrales sont-elles meilleures que celles de nos aïeux? La réponse est « non »...
Sommes-nous plus intelligents que nos aïeux? Possédonsnous une meilleure mémoire qu’il y a un siècle? Et bien non. Toutefois, nous n’avons pas tout à fait les mêmes capacités parce que nous vivons dans un environnement différent, que nous ne recevons pas la même éducation, etc. Pourtant on a pu entendre que le Q.I. avait augmenté depuis 100 ans, une allégation fondée sur l’observation d’un chercheur américain James Flynn. Fabien Mathy, professeur en psychologie au laboratoire BCL UMR CNRS (1), a expliqué cet «effet de Flynn » à l’occasion de la Semaine du cerveau. « Il ne faut pas confondre l’augmentation du Q.I., c’est-àdire le score à un test, avec l’augmentation des capacités. Les recherches de Flynn ont montré que les scores obtenus à des tests donnés ont considérablement progressé en 100 ans. Si on analyse de façon brute, cela signifierait que la moitié d’entre nous serait des génies si nous avions fait ces tests à l’époque de nos grands-parents, et vice-versa, la moitié de nos ancêtres présenterait un handicap mental. On voit bien que ce raisonnement ne tient pas la route. Ce que l’on peut dire en revanche c’est que l’on réussit mieux les tests.» Fabien Mathy est clair: « Les capacités cérébrales n’ont pas changé, en particulier parce qu’on sait que les capacités de mémorisation n’ont pas évolué d’un iota depuis un siècle, et ces capacités de mémorisation sont le meilleur prédicteur du Q.I. ».
Abstraction vs pensée concrète
En réalité, c’est le système de pensée qui a changé. Aujourd’hui, nous sommes capables de raisonner dans l’abstraction tandis que nos aïeux se penchaient davantage sur des aspects pratiques et des connaissances encyclopédiques. «Ily a 100 ans, on était intéressé par des choses concrètes alors que, de nos jours, on est habitué à la résolution de problèmes abstraits. Par exemple, nos grands-parents apprenaient par coeur les capitales des pays du monde alors qu’aujourd’hui, on va demander aux élèves d’expliquer pourquoi la capitale n’est pas toujours la plus grande ville d’un pays. On leur apprend à raisonner. Ce sont donc les capacités logiques qui ont évolué. On pense de manière plus scientifique et plus hypothétique. » À l’image des performances physiques (il y a eu d’énormes progrès dans de nombreux sports, sans que notre organisme ait radicalement changé), le cerveau comme le corps peut être capable de raisonnements plus poussés lorsque notre environnement nous stimule plus. Les enfants dans nos sociétés occidentales vivent désormais dans des fratries moins grandes, avec des parents plus attentifs. Les mille questions posées par un bambin étaient peut-être balayées d’un revers de la manche il y a 100 ans alors qu’aujourd’hui, l’adulte va sûrement lui accorder du temps pour y répondre. Finalement, dès le plus jeune âge, on apprend à réfléchir. Les bébés sont davantage stimulés. Quel est l’impact de ce changement sur le niveau scolaire? « L’encouragement au raisonnement plutôt qu’à l’apprentissage par coeur peut expliquer pourquoi l’augmentation du QI est surtout observable sur les tests logiques et non les tests verbaux, propose Fabien Mathy. Ona l’impression que les élèves sont moins bons en français, certes, et leurs performances dans ce domaine n’ont pas évolué au-delà de celles de leurs grands-parents, mais à côté de cela, ils sont peut-être meilleurs en dissertation ! » Vous n’êtes donc pas plus intelligents que vos aïeux, vous êtes simplement meilleurs dans certains domaines et moins bons dans d’autres.