Le contrat moral en famille Psycho « Les enfants adorent les règles et détestent les limites » Avec les adolescents
Pour réussir à vivre ensemble au sein du foyer, Michel Perez, conseiller conjugal et familial, plaide pour l’instauration d’une communication bienveillante entre tous
Tantôt espace de refuge tantôt zone de turbulence, la famille est plurielle et à géométrie variable. Michel Perez, conseiller conjugal et familial, évoquait lors d’une conférence au lycée Raynouard de Brignoles la communication bienveillante. « Il s’agit en fait d’un type de communication inspirée de l’idée de non-violence, dans un esprit tout à fait positif. » Pour ce spécialiste, un contrat moral unit les membres du foyer. « Même s’il n’est pas énoncé, il existe. Il y a des règles, y compris tacites, qui régissent l’organisation de la famille. Le problème, c’est que, quand les choses ne sont pas verbalisées, cela laisse de la place à l’autre pour supposer. Il faut expliquer comment on a envie et besoin d’être aimé, comment on veut se sentir valorisé au sein du foyer. L’autre dans l’ignorance et surtout s’il n’est pas très empathique, risque de se tromper. Dans le même ordre d’idées, il est nécessaire de dire aux enfants ce qui est possible ou permis et ce qui ne l’est pas. Les enfants adorent les règles (il faut voir, lorsqu’ils jouent ils en établissent des tas !)... et détestent les limites. La règle se construit avant ; la limite se pose lorsqu’elle est franchie. De ce fait, cette dernière génère beaucoup de frustration. Alors mieux vaut établir et expliquer les règles en amont. » Michel Perez insiste, il est nécessaire que les choses soient bien claires dès le départ : « Lorsqu’il y a une règle, l’enfant est responsabilisé. Il la connaît et prend donc la responsabilité de la respecter ou de la transgresser. La limite, elle, culpabilise ». Ainsi, un bambin est capable d’intégrer une consigne si elle lui est bien expliquée en amont. À l’inverse, s’il ne du 24/03 au 21/04/2018 l’a pas reçue au préalable, il risque d’y contrevenir et surtout, il aura davantage de mal à accepter la limite qu’on lui opposera a posteriori. D’où l’importance d’énoncer – voire de répéter – le cadre en vigueur dans la famille.
Connaître sa zone de négociation
Pour réussir à instaurer un climat de confiance basé sur la communication bienveillante, il y a des préalables. « Il faut savoir être égoïste, c’est-à-dire non pas demander à quelqu’un qu’il se sacrifie pour combler nos besoins (c’est le sens que l’on prête souvent à tort à l’égoïsme), mais être capable de se mettre soi au centre de sa propre vie. Lorsque l’on est en capacité de savoir globalement qui on est, on peut identifier ses besoins. »
Michel Perez
Conseiller conjugal et familial
Or dans la famille, les envies et besoins des uns et des autres ne sont pas toujours en accord, empiètent les uns sur les autres. D’où la nécessité de définir des règles en délimitant ce qui est négociable de ce qui ne l’est pas. « Chacun doit se sentir entendu. On doit pouvoir discuter et trouver des accords dans la zone de négociation. » Si les parents ont nécessairement l’ascendant sur les jeunes enfants, ces derniers doivent pouvoir s’exprimer et être écoutés. Surtout à l’adolescence. « Plus tôt on met en place la communication au sein de la famille, plus l’ado se sentira en confiance pour parler et donc il y aura moins de risques qu’il soit en opposition. » Et Michel Perez de conclure : « Il est plus facile de construire des enfants forts que de réparer des adultes brisés. Nous sommes parfaitement imparfaits. Il faut le savoir et le garder en mémoire ! » Non, tous les ados ne font pas de « crise d’adolescence », n’entrent pas en opposition frontale avec leurs parents, n’envoient pas tout valser. Bien sûr, ils traversent une étape cruciale de leur vie mais globalement, ça se passe plutôt bien… à certaines conditions. « En grandissant, l’enfant va gravir des marches, nécessaires à son développement psychoaffectif et social. Plus il franchit de marches en s’exprimant et en dialoguant avec ses parents, plus il en a l’habitude. S’il n’est pas écouté, à l’adolescence, les marches vont paraître encore plus hautes parce qu’il risque de ne pas se sentir libre de s’exprimer. C’est là qu’il aura du mal à franchir ces obstacles et qu’il risque d’entrer en conflit », explique faut pas confondre bienveillance et bientraitance. Un parent peut être bienveillant mais maltraitant, par maladresse notamment. Par exemple cela peut être le cas d’une mère ou d’un père qui met une pression importante sur son enfant pour qu’il ait de bons résultats scolaires. Tout ce stress risque d’être contre-productif : le moment des devoirs deviendra un calvaire et on perdra en efficacité. »