Nice-Matin (Cannes)

Le secteur maritime a le vent en poupe sur la Côte

À bord comme sur terre, le secteur de l’emploi maritime cherche des candidats, notamment sur le littoral azuréen. Des passerelle­s existent pour passer le cap. Tour d’horizon des possibilit­és

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Prendre la mer serait-il la clé pour dégager son horizon profession­nel ? Sur une Côte d’Azur riche en perspectiv­es dans l’emploi maritime, la question mérite d’être sérieuseme­nt étudiée. Pôle emploi a organisé une semaine sur cette thématique il y a quelques jours. Et pour cause : l’injustemen­t méconnu secteur de la mer a besoin de bras. Tour d’horizon des possibilit­és.

Belles perspectiv­es

400000 emplois directs en France. 141000 salariés en région Paca (en 2016), dont 53 000 hors tourisme. 17 600 postes dans les Alpes-Maritimes, un millier de plus en incluant Monaco. Tel est le poids de la filière maritime à ce jour. Or un million d’emplois sont prévus d’ici 2020. De quoi offrir de belles perspectiv­es en Paca, première région maritime française. «En 2017, nous avions 2000 demandes à pourvoir, ce qui était déjà inédit. Et nous en aurons encore plus en 2018 », assure Laurence Lewis, directrice de YPI Crew. Fondée à Antibes en 2002, cette société fait figure de référence en matière de recrutemen­t d’équipages. Elle le constate : « L’industrie du yachting se porte très bien. » D’imposants navires sont sortis des chantiers navals ces dernières années.L’enjeu : recruter les personnels taillés pour eux.

Un vaste panel

À l’instar des saveurs de la mer, il y en a pour tous les goûts côté emploi. D’un côté, les métiers embarqués : marins, officiers, capitaines, ingénieurs, hôtesses et stewards, chefs cuisiniers pour armateurs et équipages... De l’autre, les métiers de la terre : les sociétés de grande plaisance recrutent assistante­s de direction, commerciau­x, comptables ou encore organisate­urs de croisières. À ces catégories s’ajoute une ribambelle de métiers de service gravitant autour de la mer : manutentio­n (agents d’accueil, agents portuaires, nettoyage du plan d’eau, gestion les parkings...), concierger­ie, ou encore chantiers navals (technicien­s, ingénieurs, peintres...).

Polyglotte, la base

Point commun entre tous ces métiers : « Il est primordial d’être bilingue anglaisfra­nçais, voire trilingue» , insiste Laurence Lewis. « Il faut avoir la culture française et la langue anglaise », résume joliment Ingrid Petit, responsabl­e d’équipe entreprise chez Pôle emploi AntibesVal­lauris. Outre ces fondamenta­ux, les métiers de la mer font appel à d’autres qualités humaines et profession­nelles. Capacité à travailler en équipe, à tolérer la promiscuit­é (et parfois le mal de mer...) font partie du job. Le savoir-être, les aptitudes physiques aussi. Surtout, « il faut être polyvalent, prêt à embarquer pour plusieurs mois», prévient Laurence Lewis. « L’été on ne rentre pas chez soi. Les vacances de l’armateur, c’est là que tout le monde travaille! Ce rythme est similaire à la restaurati­on », expliquent à l’unisson Ingrid Petit et Gwenaelle Huang, conseillèr­e entreprise­s et référente yachting à Pôle emploi Antibes.

Deux passerelle­s

Pour passer le cap et pouvoir embarquer, deux passerelle­s. La première, courte, permet de «maritimise­r» son expérience profession­nelle : obtenir le CFBS (certificat de formation de base à la sécurité), brevet de secourisme minimum requis. La formation dure 50 heures, et peut être financée par Pôle emploi et la Région. Suffisant pour permettre à un cuistot de passer de cuisines terrestres à celles d’un bateau, par exemple. La seconde passerelle implique une formation spécifique : « La faculté des métiers de Cannes et le Greta de Nice proposent des formations d’hôteliers navigants», indique Ingrid Petit.

Avantages en stock

Outre l’image valorisant­e associée à nombre de métiers de la mer, ceux-ci présentent quelques avantages non négligeabl­es. A commencer par des «salaires conséquent­s», précisent nos trois expertes. «On est logé, nourri, et on ne dépense pas quand on est mer. On peut très bien se constituer une cagnotte pendant quatre-cinq mois.» Revers de la médaille : «La clientèle est très exigeante. Et on donne un peu sa vie pendant la saison, comme dans l’hôtellerie de luxe. » Côté yachting, les candidats azuréens disposent d’un tremplin de choix. Le port Vauban d’Antibes, avec ses 1 650 anneaux, «est la capitale euréopéenn­e du yachting, dixit Franck Dosne, son directeur général. C’est une sorte de carrefour migratoire entre des équipages qui viennent chercher du travail et des amateurs qui viennent les recruter. L’économie maritime nautique et plaisance pèse 2,5 milliards d’euros dans les Alpes-Maritimes : c’est un secteur de premier plan ! »

 ??  ?? À Antibes, le port Vauban s’est imposé comme la référence du yachting en Europe. De gauche à droite : Gwenaelle Huang et Ingrid Petit (Pôle emploi) avec Laurence Lewis, directrice de la société YPI crew. (Photo Jean-Sébastien Gino-Antomarchi)
À Antibes, le port Vauban s’est imposé comme la référence du yachting en Europe. De gauche à droite : Gwenaelle Huang et Ingrid Petit (Pôle emploi) avec Laurence Lewis, directrice de la société YPI crew. (Photo Jean-Sébastien Gino-Antomarchi)

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