Nice-Matin (Cannes)

L’épreuve du feu d’Emmanuel Macron

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« Emmanuel Macron pourra-t-il éviter le débat sur les “fichés S” surveillés, mais laissés en liberté ? »

« Notre pays a subi une attaque terroriste islamiste», ce sont les premiers mots du président de la République le  mars après la tuerie de Trèbes. Depuis qu’Emmanuel Macron est à l’Elysée, la France est en effet confrontée, comme elle l’a été vendredi dans l’Aude, à un nouveau genre de terrorisme. Fini les tueries de masse, qui ont bouleversé le pays en  et , à Paris d’abord, sur la promenade des Anglais enfin, un sinistre  juillet. Il s’agit aujourd’hui de ce qu’on pourrait appeler un terrorisme artisanal : l’État islamique a perdu la bataille de l’Irak et de la Syrie,

ses chefs sont incapables, à l’heure qu’il est, de dépêcher en Europe des réseaux organisés. C’est presque plus grave désormais. Le crime peut être celui d’un homme isolé, dont rien n’a laissé pensé qu’il était capable de tuer pour Allah, d’un homme basculant, poussé par des forces obscures, dans le radicalism­e. Dans les jours qui viennent, lors de l’hommage national rendu au lieutenant­colonel Arnaud Beltrame, qui a fait le sacrifice de sa vie pour sauver des gens qu’il ne connaissai­t pas, le président de la République aura sans doute l’occasion de rendre hommage à ce héros, mais la cérémonie sera-t-elle pour lui le temps de répondre aux questions que se posent tous les Français lorsque survient un tel drame ? Pourra-t-il éviter le débat sur les « fichés S » surveillés, mais laissés en liberté ?

Le ministre de l’intérieur a admis sur un ton désolé que l’auteur des assassinat­s de Carcassonn­e et Trèbes, Radouane Lakdim, fiché, deux fois condamné dont l’une pour détention d’arme, était passé à travers les mailles, parce que sa volonté de passage à l’acte n’a pas été décelée à temps. Comment la surveillan­ce pourrait-elle être plus efficace, même si, on le sait, le risque zéro n’existe pas ? Autre question: qu’en est-il de la réforme de l’islam en France, annoncée par le président de la République en février dernier ? Et de la laïcité ? Emmanuel Macron ne veut pas d’une laïcité dure, mais quelle laïcité au juste veut-il ? Peut-on indéfinime­nt, pour ne pas faire le jeu des populistes, mettre la question du terrorisme sous le boisseau ? C’est désormais impossible.

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