Nice-Matin (Cannes)

Blanquer ouvre le chantier de la maternelle de demain «

Des assises sur ce sujet se tiennent durant deux jours à Paris. Ces premières années jouent un rôle déterminan­t pour l’épanouisse­ment et la réussite futurs

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Après les classes dédoublées, le bac ou encore la voie profession­nelle, le ministre de l’Éducation entame un nouveau chantier, l’école maternelle. JeanMichel Blanquer entend y réfléchir, deux ans après une révision des programmes saluée par les enseignant­s. Demain et mercredi, des «assises de la maternelle » se tiendront à Paris. Au programme : des interventi­ons de chercheurs et experts sur le développem­ent de la mémoire chez l’enfant, le sommeil, l’acquisitio­n du langage…

La France dépense moins que la moyenne

M. Blanquer compte s’appuyer sur l’expertise du neuropsych­iatre varois Boris Cyrulnik, au côté duquel il conclura ce rendez-vous. Dans une interview en janvier, le ministre disait vouloir «penser l’école maternelle de demain» pour en faire «l’école de l’épanouisse­ment et du langage ». Langage qui est aujourd’hui la «première des inégalités ». « On doit la compenser en faisant de la maternelle [...] le moyen d’acquérir un vocabulair­e riche, qui aura un impact important sur la réussite à l’école élémentair­e et en cours préparatoi­re », indiquait-il. Ces assises devront aussi « mettre en avant les meilleures pratiques pédagogiqu­es et éducatives, y compris au niveau internatio­nal ». Pionnière dans l’accueil universel des enfants avant six ans, la France dépense aujourd’hui par élève moins que la moyenne des pays de l’Union européenne, souligne une étude de France Stratégie (organisme rattaché au Premier ministre) publiée début mars. Qui relève aussi que les professeur­s hexagonaux sont très qualifiés, mais très peu formés pour enseigner en maternelle. Et avec un enseignant pour 22 enfants, la France présente un taux d’encadremen­t plus faible que les moyennes de l’Union européenne (1 pour 13). Les instituteu­rs français négligent encore trop des compétence­s «non académique­s mais déterminan­tes» comme le développem­ent social, émotionnel, ou des notions comme l’attention ou l’estime de soi, souligne encore l’étude.

Pas un « petit CP »

En 2015, la maternelle est pourtant devenue un cycle à part entière, et non plus à cheval avec l’école élémentair­e. Les nouveaux programmes, mis en place sous le précédent gouverneme­nt et bien accueillis par les enseignant­s, insistent sur le langage, la socialisat­ion et le jeu. Plutôt que d’apprendre aux élèves à compter très loin, ils incitent à privilégie­r le sens des nombres. On a par exemple réduit la place du papier et des crayons, parfois demandé aux élèves dès la grande section, pour laisser plus de temps à la découverte, à la manipulati­on. Objectif : ne plus confondre la dernière année de maternelle avec un «petit CP», susceptibl­e d’instaurer une pression précoce et de placer certains élèves en échec. Autre sujet majeur qui devrait être abordé : la formation et le statut des assistants en école maternelle (Atsem), agents territoria­ux chargés d’aider les enseignant­s dans la classe. « Si leur rôle est réaffirmé, tant mieux. Mais attention à ne pas ensuite les comptabili­ser dans les taux d’encadremen­t pour faire gonfler les chiffres », prévient Francette Popineau, Popineau, à la tête du Snuipp-FSU, premier syndicat des enseignant­s du primaire.

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Le ministre de l’Éducation nationale (ci-dessus) a notamment fait appel au neuropsych­iatre varois Boris Cyrulnik. (Photo AFP)

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