Nice-Matin (Cannes)

FOOTBALL Navas, la vedette des Ticos

Le gardien du Real Madrid, 31 ans, détonne dans une sélection costaricie­nne très peu connue

- CH.D. CHRISTOPHE­R ROUX

Discret. Effacé. Anonyme. Ou presque. Trois adjectifs qui défient la réalité quotidienn­e du maillot illustre et immaculé, qu’il porte depuis bientôt 4 ans. Depuis que Zinedine Zidane l’a érigé en dernier rempart attitré du Real Madrid. Après qu’Iker Casillas, légende vivante ‘‘blanche’’ eut été prié de refermer la parenthèse d’une immense carrière ailleurs qu’à Santiago Bernabeu. Keylor Antonio Navas Gamboa, 1m85, né il y a 31 ans à ‘‘San Isidro de El General’’ - ça ne s’invente pas s’est donc forgé, lui aussi, un patronyme. Un palmarès. 2 Ligues des Champions, 1 Liga, 3 Coupes du monde des Clubs : voilà bien de quoi ponctuer sur le tard brillammen­t, sinon bruyamment, une carrière qui a longtemps paressé à embrasser la lumière et les projecteur­s… Navas, c’est d’abord trois saisons pleines au Deportivo Saprissa (Costa Rica, 2007/10) avant de rallier Albacete (Liga espagnole 2010/11) puis Levante. C’est là que le Real viendra le chercher à l’été 2014, flairant la belle affaire, dès lors qu’on venait de lui décerner le prix de meilleur gardien de la Liga. Une aubaine, à posteriori, puisque Florentino Perez ne s’est fendu à l’époque ‘‘que’’ d’un petit chèque d’à peine 10 M €… 2014, c’est vraiment l’année Navas. Dans la foulée de sa saison de Liga, à la Coupe du monde au Brésil, il épate avec Los Ticos (*), la sélection costaricie­nne, dont il est le portier attitré depuis 2008. Au point qu’il sera désigné 2e meilleur gardien de but du Mondial, derrière l’Allemand Manuel Neuer !

« L’humilité, c’est ma façon d’être »

Patiemment, Keylor a donc fini par gagner, avec force abnégation, ses galons de ‘‘vedette’’. Lui le taiseux, parangon de l’humilité dans un vestiaire du Real Madrid où l’ego fait loi.

Deux équipes qualifiées pour le Mondial

✓ Les supporters français n’ont pas forcément un oeil avisé sur le quotidien de la Tunisie et du Costa Rica. Pourtant, ces deux équipes seront bien en Russie en juin prochain. La sélection maghrébine y fera son retour pour la première fois depuis  et la Coupe du monde en Allemagne. Les Ticos, depuis leur deuxième apparition en , n’ont eux loupé qu’une édition, en . Il y a quatre ans, au Brésil, ils avaient disputé les quarts, battus seulement aux tirs au but par les Pays-Bas. Cet été, la Tunisie aura affaire avec la Belgique, l’Angleterre et le Panama dans le groupe G. De son côté, le e des qualificat­ions de la zone Concacaf (Amériques centrale et du Nord) aura rendez-vous avec le Brésil, la Serbie et la Suisse dans la poule E. Pour se préparer au mieux, les deux sélectionn­eurs, Nabil Maaloul et Oscar Ramirez, ont promis de l’intensité. Cette volonté devrait offrir un match plaisant. Trois Azuréens sélectionn­és par la Tunisie ✓ Pour les amoureux du football azuréen et du Gym, quelques visages ne seront pas inconnus côté tunisien. Trois des vingt-huit joueurs convoqués par Nabil Maaloul ont un lien avec le départemen­t. Les fans du Gym reconnaîtr­ont aisément Bassem Srarfi et Mouez Hassen. Le milieu offensif a la confiance de Lucien Favre et se voit accorder du temps de jeu dans le sillage de SaintMaxim­in, sur le côté droit de l’attaque rouge et noire. Le portier né à Fréjus, lui, appartient aux Aiglons. Barré à Nice par le duo Cardinale-Benitez, il a été prêté cet été au promu Châteaurou­x, où il brille ( matchs, e de L). Alors qu’il avait évolué avec les équipes de France jeunes, le Franco-Tunisien a opté pour les Aigles de Carthage fin février. Il pourrait connaître sa première sélection dans son ancien jardin de l’Allianz Riviera. Le dernier Azuréen de la bande est Dylan Bronn. Le natif de Cannes,  ans, s’est éveillé au foot à l’ASC et au Cannet. Depuis, le défenseur central a connu une ascension fulgurante. En DHR avec les Dragons en  et livreur de sushis dans le civil, il signe son premier contrat pro avec Niort (L) en . Un tremplin qui le mène cette saison à la D belge et à La Gantoise. En Jupiler League, le joueur de , m s’est rapidement montré indispensa­ble ( matchs,  buts). Il pourrait fêter sa troisième cape demain devant ses proches. En mars , c’est Henryk Kasperczak, l’ancien sélectionn­eur débarqué en avril, qui lui avait donné sa chance, lors d’un amical contre le Maroc (défaite -). Vendredi dernier, face à l’Iran (succès -), il a eu l’occasion de vivre sa deuxième titularisa­tion en rouge et blanc, comme arrière latéral droit.

Des garçons voudront se montrer

✓ Tunisiens et Costaricie­ns jouent une grande partie de leur avenir en sélection, demain soir. L’affirmatio­n est plus que jamais d’actualité pour les deux formations. En ce début d’année, Nabil Maaloul a convaincu plusieurs binationau­x de rejoindre son groupe. Avec Hassen, le Troyen Saïf-Eddine Khaoui, l’ex-Stéphanois Yohan Benalouane (désormais à Leicester) ou le Montpellié­rain Ellyes Skhiri ont saisi la main tendue. Ils chercheron­t à rendre la confiance placée en eux dès demain. Ces naturalisa­tions incarnent un projet que l’ex-adjoint de Roger Lemerre avait déjà connu en . Car c’est du sceau de binationau­x naturalisé­s que le seul titre de l’histoire du foot tunisien avait été décroché à domicile, lors de la Coupe d’Afrique. « Moi, je travaille toujours avec humilité, c’est ma façon d’être. Je sais très bien qui je suis, ce que je fais et ce que je vaux. Je n’ai pas besoin de me mettre en évidence et de m’exprimer dans les médias. Je n’ai pas besoin de changer, je profite du football comme ça» déclarait-il récemment. Cette année, au Real, il encaisse un but toutes les 80 minutes (1,12 but/match) dans une défense madrilène qui, à sa décharge, a souvent pris l’eau. Est-ce pour cela qu’on lui colle déjà dans les pattes, comme à chaque intersaiso­n, des remplaçant­s potentiels : De Gea (Manchester), Courtois (Chelsea), ou le dernier en date, le Brésilien Alisson (AS Rome) ? En attendant, Keylor est toujours là. Au Real comme en sélection. Navas ? Peut-être pas un si grand nom. Mais un grand gardien. Au propre comme au figuré. (*) Los Ticos : diminutif de Los Chicos, traduction espagnole de ‘‘Les garçons’’. Billetteri­e en ligne sur allianz-riviera.fr. Tarifs : de 18 à 60 euros. A l’époque, l’attaquant de Sochaux, Santos, ou le latéral Clayton, d’origine brésilienn­e, avaient rendu de grands services. A trois mois de son entrée en lice en Russie, le  juin contre l’Angleterre, la Tunisie est engagée dans une course contre la montre pour intégrer ses petits nouveaux, trouver le bon schéma et son animation. Elle n’a pas le temps pour les prestation­s neutres. Dans le camp opposé, Oscar Ramirez n’a pas pour habitude de modifier son groupe. Pour ce rassemblem­ent, le sélectionn­eur des Ticos a dû changer son fusil d’épaule. Sur les trente joueurs qu’il a utilisés durant les qualificat­ions, seuls neuf n’étaient pas soumis à des blessures ou à un manque de temps de jeu. Pour surpasser cet écueil, l’ancien milieu internatio­nal a donc fait appel à du sang frais : Briceno, Smith ou Mitchell en tête. Des garçons aux dents longues qui voudront prouver qu’ils peuvent s’avérer plus que des plans B.

 ?? Bronn Srarfi (Photos AFP/EPA) Hassen ?? Navas a tout gagné avec le Real. C’est une icône au Costa Rica.
Bronn Srarfi (Photos AFP/EPA) Hassen Navas a tout gagné avec le Real. C’est une icône au Costa Rica.

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