mars : se souvenir d’une « guerre civile entre Français »
Devant la stèle du vieux cimetière de Vallauris, l’émotion est palpable chez les Pieds noirs réunis pour commémorer ce jour douloureux. Les regards sont durs et restent à jamais meurtris par la guerre d’Algérie. 26 mars 1962. Après les Accords d’Evian censés mettre fin au conflit, une fusillade éclate rue d’Isly à Alger. Des manifestants sans armes, Français d’Algérie, souhaitent la levée du blocus de Bab-el-Oued, encerclée par les troupes françaises (4e RT), en réponse aux actions menées par l’OAS, partisans d’une Algérie française. Les manifestants forcent le barrage et l’armée tire sur la foule désarmée, tuant 80 civils et en blessant 200 autres. France Féménias, institutrice, se souvient : « J’étais rue d’Isly avec mon père et des amis ce jour-là dans la manifestation. On s’est heurtés aux militaires qui bloquaient la rue en nous criant : “N’avancez plus, n’avancez plus !”, comme s’ils savaient ce qui allait se passer. Puis l’armée a tiré dans le tas, pendant 15 minutes, malgré les halte au feu. » S’en suivront des affrontements violents entre les deux communautés, notamment avec le massacre des Pieds noirs d’Oran en juillet 1962 par l’ALN et le départ de la majorité des Français d’Algérie vers le continent. La blessure est d’autant plus douloureuse que l’État français n’a jamais reconnu sa responsabilité dans le massacre de la rue d’Isly, tout comme dans celui du 17 octobre 1961 à Paris et dans l’affaire du métro Charonne. Une non-reconnaissance qui continue à laisser béant les cicatrices d’une guerre « aux feux mal éteints » entre Français.