Nice-Matin (Cannes)

Les éleveurs ont manifesté avec leurs moutons à Draguignan

- V. G.

Il y a longtemps qu’on n’avait pas vu des moutons dans les rues de Draguignan, ni entendu leurs cloches ou senti l’odeur du crottin. Hier, les ovins étaient de retour, sur un boulevard Clemenceau flambant neuf, pour ouvrir la manifestat­ion des éleveurs de la région. Plus de quatre-vingts bergers et bergères, dont certains venus des départemen­ts voisins, se sont mobilisés, avec une quinzaine de tracteurs, afin de donner de la voix pendant que leurs représenta­nts discutaien­t au ministère de l’Agricultur­e sur l’avenir de la profession. Le cortège bon enfant, avec moult bannières de la Confédérat­ion paysanne et de la Fédération départemen­tale des syndicats d’exploitant­s agricoles (FDSEA), est parti de la Vaugine, a traversé les Collettes, pour s’arrêter d’abord devant des locaux de la Direction départemen­tale des territoire­s et de la mer et ceux de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage.

On n’est pas des casseurs

Là, les premières prises de parole ont donné le ton, les problèmes ne manquant pas, comme l’ont rappelé les représenta­nts syndicaux… Suite à l’audit de l’Europe, qui pointe des déficience­s dans les contrôles administra­tifs, le ministère envisage de réduire le taux d’aides sur les surfaces pastorales. Une nouvelle menace pour le pastoralis­me, qui en a déjà perdu une grande partie par la mise en place des prorata d’admissibil­ité et/ou la révision des zones défavorisé­es. Sans compter les pertes dues au loup. Autant d’inquiétude­s et de revendicat­ions pour des éleveurs que l’on sent au bord de la crise de nerfs. « On n’est pas des casseurs. Nous sommes là tous syndicats confondus. Il ne faut pas nous prendre pour des cons, sinon, un jour, ça va mal finir », a dit Francis Solda, du Centre d’études et de réalisatio­n pastorales Alpes-Méditerran­ée. Sylvain Apostolo, de la Confédérat­ion Paysanne, a insisté sur la difficulté de se faire comprendre des autorités: « Dans les négociatio­ns, on se heurte à une vraie logique bureaucrat­ique, comptable, et qui ne réfléchit pas aux conséquenc­es sur nos exploitati­ons. » Les manifestan­ts se sont rassemblés devant la souspréfec­ture et ont attendu que la délégation reçue par le sous-préfet Philippe Portal revienne donner des nouvelles. « On a fait passer le message pour qu’il le transmette au ministère, raconte Sylvain Apostolo. On a insisté sur les surfaces pastorales, sur l’indemnité compensato­ire de handicaps naturels et sur la prédation. S’ils nous déclassent, c’est la perte des aides, et c’est mettre les gens sur la paille dès 2018. C’est inacceptab­le ». Les éleveurs attendent maintenant des actes et pas des promesses de leur ministère de tutelle. Sinon, ils se disent prêts à une nouvelle démonstrat­ion de force.

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