Nice-Matin (Cannes)

Dix migrants dans sa remorque à La Turbie : le routier relaxé

- CH. P.

Un chauffeur poids lourd de 24 ans, de nationalit­é roumaine, avait été arrêté vendredi à La Turbie. Il était suspecté d’avoir facilité l’entrée sur le territoire de dix étrangers sans papiers (Maliens, Afghans, Comoriens, Guinéens…) découverts au milieu de palettes de livres. Des CRS l’ont contrôlé sur l’A8 alors qu’il circulait dans le sens Italie France. Tous les papiers étaient en règle. «Je suis parti d’Allemagne, puis j’étais jeudi à Bergame, en Italie, où j’ai chargé la marchandis­e. Je devais décharger à Salon-de-Provence », explique le jeune homme, soutenu par son père. Après le péage côté italien, il s’est arrêté pendant onze heures comme l’exige la réglementa­tion. Il dit avoir vérifié son chargement avant de repartir. Il n’a pas vu la présence de ces clandestin­s. « Comment se fait-il que cette remorque ne ferme pas ? », s’interroge la présidente du tribunal. « Ce n’est pas moi qui ai choisi cette remorque », explique le jeune salarié. Pendant les 4 heures de rétention des étrangers, (avant leur réadmissio­n en Italie) impossible d’organiser une confrontat­ion. Certains migrants l’incriminen­t, auraient versé 150 euros, seraient passés par un rabatteur maghrébin rencontré à Vintimille. Sauf que la défense, par la voix de Me Dominique Teboul, démontre grâce « au mouchard » du camion, que ces déclaratio­ns sont fantaisist­es. Aucun contact téléphoniq­ue entre les protagonis­tes. Il semble bien que les migrants soient montés à bord à l’insu du routier. «Un acte de piratage », martèle l’avocat de la défense. La défense ne manque pas d’arguments pour plaider la relaxe du prévenu, célibatair­e, inconnu de la justice, quatre ans d’expérience profession­nelle qui lui font sillonner l’Europe. La présidente Laurie Duca reprend l’enquête point par point mais force est de constater que le prévenu semble de bonne foi. Le procureur Thomas Bride admet qu’il y a beaucoup de zones d’ombre dans cette affaire avec des migrants qui ne peuvent être dissimulés vu la configurat­ion du camion « Les explicatio­ns de Monsieur sont cohérentes. Je vais m’en rapporter. » Autrement dit, le parquet laisse aux magistrats le soin de trancher. Ce sera la remise en liberté du chauffeur. L’hommage des victimes du -Juillet à Arnaud Beltrame Ils ont été endeuillés un soir de -Juillet. Depuis, ils ressentent d’autant plus douloureus­ement chaque nouvelle attaque terroriste, touchés dans leur chair et leur coeur. Alors, à l’heure de l’hommage national célébré aujourd’hui, des victimes de l’attentat de Nice prennent la plume pour rendre hommage au lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, tombé en héros à Trèbes. « Nous nous sentons concernés à double titre par cet événement : en tant que famille de précédente­s victimes en lutte active contre le terrorisme, mais aussi en temps que Français. Face à pareil drame, ces mots nous sont venus », expliquent les parents de Camille Murris, l’une des  victimes décédées dans l’attentat de Nice. Ils ont confié à Marek, secrétaire général de l’associatio­n Mémorial des anges, le soin d’écrire ces mots. Marek, proche de Camille Murris, avait déjà signé le texte bouleversa­nt lu à Nice lors des commémorat­ions du -Juillet. Voici son hommage poignant au héros de l’Aude.

Une certaine idée de la France

« Toutes les larmes de la Nation ne suffiront pas à le faire revenir. Sa vie dans la nôtre fut brève, comme une flamme chancelant­e au fond d’un couloir, À peine plus longue que la folie meurtrière qu’il parvint à contenir. Malgré cela, il y a de l’espoir dans nos sanglots. Alors que ceux qui valident la bravoure des morts aiguisent leurs discours, Et que les calculs fleurissen­t dans les antichambr­es de tous bords, Arnaud Belmare nous a déjà transmis l’essentiel, Le sacrifice d’un homme et le renouveau d’une idée éternelle, Celle que l’on se fait de son propre pays. Son inestimabl­e courage nous dépasse tous en tant qu’individus, Nous rassemble en tant que citoyens, Nous réunit en tant que français. Il nous agrège comme nous devons l’être ; en une nation solidaire. C’est un homme ordinaire qui était devant ce supermarch­é. Et c’est un héros qui a décidé d’y rentrer. Nous aurions eu besoin de le voir ressortir, Pour l’entendre parler à nos enfants, Leur raconter de quoi sont faits ces gestes de bravoure, Leur décrire ces moments où l’on sait qu’il faut agir, Leur expliquer pourquoi l’on défend l’autre au péril de sa vie, Mais, injustice suprême, nous ne l’entendrons jamais. Que signifie tout cela ? Impossible de le dire, Reste une idée qui demeure, au-dessus du sang versé. L’admiration que nous éprouvons pour cet homme est un chemin vers elle, Tout comme la satisfacti­on inhabituel­le que l’on éprouve en retrouvant ses proches après pareil drame, En pensant “ils sont là, tout va bien. Merci Arnaud.” Merci aux gens comme Vous de porter si haut une si belle idée, D’affronter les lendemains sans l’ombre d’une peur, De faire vivre et revivre une certaine idée de la France. »

Newspapers in French

Newspapers from France