Octogénaire tuée : deux suspects mis en examen pour homicide à caractère antisémite
Deux hommes ont été mis en examen pour « homicide volontaire à raison de l’appartenance vraie ou supposée de la victime à une religion » et « vol aggravé » puis écroués après le meurtre d’une femme juive de 85 ans, qui suscite une vive émotion au sein de la communauté et dans le monde politique. L’un d’eux, né en 1989, était un voisin de Mireille Knoll et avait l’habitude de lui rendre visite. L’autre est un ami de ce dernier, un jeune homme de 21 ans, sans domicile fixe. «Ce qui était terrible, c’est que l’un des auteurs disait à l’autre : “C’est une juive, elle doit avoir de l’argent” » ,a rapporté Gérard Collomb devant l’Assemblée nationale. « Ce sont ces stéréotypes contre lesquels il nous faut lutter », a-t-il poursuivi. Les organisations juives ont appelé à des «marches blanches» aujourd’hui en mémoire de la victime, à Paris et dans plusieurs grandes villes en région.
« Onze coups de couteau »
D’après des sources proches de l’enquête, les enquêteurs privilégient la piste d’un vol ayant ciblé l’octogénaire, qui vivait pourtant très modestement, avant de virer au meurtre pour des raisons qui restent à éclaircir. Le corps de Mireille Knoll a été retrouvé en partie carbonisé vendredi soir dans son appartement du 11e arrondissement, où elle vivait seule. Les enquêteurs y ont découvert plusieurs départs de feu, puis les traces sur son corps de « onze coups » de couteau, selon Gérard Collomb. Le caractère antisémite a été retenu notamment au vu des déclarations des deux suspects. Le voisin de Mireille Knoll, qui avait échappé de justesse à la rafle du Vel d’Hiv’ en 1942, connaissait la religion de cette dernière. Par ailleurs, en garde à vue, son complice présumé l’a accusé d’avoir crié « Allah Akbar » en commettant les faits, d’après une des sources proches de l’enquête. Les deux suspects ont toutefois livré des versions contradictoires sur le déroulé des faits. Le Premier ministre Édouard Philippe recevra cet après-midi les membres de la famille de la victime.