Nice-Matin (Cannes)

Tournage au grès du temps et de la patience

Catherine François et Maggy Polena, toutes deux céramistes au Collectif 573°, viennent d’inaugurer leur nouvel atelier au 15 de l’avenue Clemenceau

- SÉBASTIEN ROMERO

La lame du scalpel mort le grès encore tendre. Le geste est précis, délicat. Maggy façonne d’une grande minutie un des derniers détails d’ornementat­ion pour sa nouvelle création. Bientôt, ce drôle de vase patientera trois semaines sur l’étagère en séchage, pour que toutes les parties de la céramique puissent se souder entre elles. Viendra le temps de l’émaillage et des cuissons qui lui donneront son aspect final. Catherine, elle, préfère le tournage. « C’est ce qui m’a attiré dans la céramique, avoue-t-elle. J’adore le contact avec la terre, cette sensation unique de la sentir glisser entre les doigts. » Alors, de son côté, elle prépare toutes sortes de pièces de grandes tailles, essentiell­ement tournées, « c’est 80% de mon temps. » Maggy favorise la minutie. Elle passe ses longues journées à confection­ner des services de table émaillés qui demandent une grande patience.

La céramique pour reconversi­on

Catherine et Maggy se sont tournées vers la céramique il y a quatre ans. Après avoir suivi une formation de céramiste à l’espace Grandjean, elles ont créé le Collectif 573°, « dans le but de mutualiser les expérience­s mais aussi le matériel et le local. » Toutes deux sont des reconverti­es : « J’étais promoteur dans l’immobilier et j’ai découvert la céramique au cours d’un stage. C’est là que j’ai changé de voie pour faire quelque chose de mes mains », confie Catherine. Maggy, elle, est encore graphiste à mi-temps le temps de décoller définitive­ment. « Le tournage de la céramique a un côté magique, il fallait que je fasse autre chose que rester devant un ordinateur toute la journée. Et puis travailler à deux, c’est plus motivant. » Parce qu’elles sont sorties diplômées de la cité des Potiers, c’est ici qu’il leur a semblé évident de s’installer. « Au début, on avait un atelier dans le bas de la ville. Insalubre et mal situé, le siège du collectif a quand même bien servi à lancer d’autres céramistes. Nous avons accueilli pas mal de stagiaires » confie Catherine. Alors, elles ont décidé de s’implanter plus près du centre historique. Les clients s’arrêtent plus volontiers. « Vallauris a une très bonne réputation à l’étranger. La céramique attire et fascine. Une galerie new-yorkaise a même acquis une de mes pièces ! » conclut Maggy.

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Catherine François et Maggy Polena, deux céramistes qui se complètent.
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(Photos S. R.)

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