Nice-Matin (Cannes)

Avishaï Cohen met en notes les seventies

Vallauris Contrebass­iste de jazz devenu pilier de sa génération, il se produit demain au Minotaure pour rendre hommage à ces années post-Woodstock tellement créatives

- PROPOS RECUEILLIS PAR ROBERT YVON ryvon@nicematin.fr

Les années soixante-dix sont celles du Peace and love, la période post-Woodstock, la séparation des Beatles, la naissance de la pop music et d’un grand artiste de jazz : Avishaï Cohen. Ses performanc­es dans les plus grands festivals sont bluffantes, tout comme sa voix étonnante de crooner. Sur un concept-album baptisé sobrement 1970, il s’amuse à recréer l’univers de ces années fastes pour la musique américaine, reprenant à sa manière le répertoire des Beatles et réalisant l’un des plus beaux albums de création de ces dernières années. Certains diront que ce n’est pas du jazz, pourtant ça en est... Sa venue exceptionn­elle, demain, sur la scène du Minotaure est un événement. Il y jouera une bonne partie de cet album et quelques surprises du passé.

, c’est l’année de votre naissance. C’est aussi l’année de grands bouleverse­ments musicaux après Woodstock ?

Oui, tout cela est exact. Pour moi c’est l’année ou j’ai été exposé à la vie avec toute cette musique autour de moi. Toute mon influence, même dans le jazz avec Miles Davis reste dans ces années-là. Tellement riches en création. C’est vrai aussi que Woodstock a tout bouleversé. C’était vraiment la période de la bonne musique populaire.

Alors selon vous, , c’est l’année de la transition entre le jazz et la pop, le parfait mix en quelque sorte ?

C’est exactement cela. On reste encore très influencé aujourd’hui par cette musique. C’est ce qui m’a donné l’envie d’écrire un disque conceptuel en composant comme si je vivais durant ces années-là.

Qui est, selon vous, le meilleur musicien de jazz qui a su exploiter toutes ces sonorités ?

Incontesta­blement Miles Davis. J’en suis un grand fan. C’est mon héros musical dans le jazz comme dans les autres musiques. Autour de lui, il y avait tant de changement­s de vie. Il a su s’adapter, écouter son temps et amener des musiciens de jazz à le suivre. C’était un musicien d’avant-garde qui a défendu notre musique tout en participan­t à son évolution. Un peu comme Chick Corea qui est resté proche de son esprit . Je parle de lui, parce que j’ai travaillé dans sa formation. Mais c’est pareil pour Herbie Hancock par exemple. Ces gens-là ont conservé l’esprit des années soixante-dix pour aller encore plus loin avec les gènes de ces artistes.

Est-ce que chanter plutôt que d’être derrière votre contrebass­e, est un challenge ?

J’ai souvent chanté dans mes concerts. Mais je suis un artiste qui aime les challenges. Je ne fais jamais la même chose dans ma vie artistique. Si vous écoutez mes albums et suivez mes concerts, vous vous rendrez compte que rien n’est jamais pareil. Je n’aime pas la routine. Alors je me mets en danger, mais il me faut agir de la sorte. Ce projet pop me trottait depuis longtemps. Cela a pris du temps, mais j’ai senti que c’était le moment. Dans les années soixante-dix, la musique n’avait pas de frontières. On est revenu aujourd’hui à ce sentiment. Il faut revenir au groove et à la mélodie. On retrouve l’expérience d’un visionnair­e comme Miles Davis qui restait proche de la culture pop. J’aimerais être comme cela dans mon parcours musical. Comme Miles.

Vous reprenez dans votre album un titre des Beatles. Pourtant le groupe s’est séparé dans les années soixante-dix. C’est symbolique ?

En fait je n’y ai pas pensé. Mais c’est vrai, ils se sont séparés durant cette période. C’est finalement un symbole intéressan­t. Donc j’ai bien fait d’inclure cette reprise de For no one.

Pensez-vous amener une nouvelle génération à écouter cette musique et aussi du jazz ?

On se doit aujourd’hui d’être des messagers. Ce nouvel album est plus porté sur la pop. Mais J’essaie d’être un artiste qui offre des ponts à ceux qui m’écoutent pour comprendre le jazz. Le fait de chanter m’aide évidemment. Mais quelque soit les sons que j’entends autour de moi, j’essaie d’écrire la musique de mes émotions. Et ensuite le plus difficile pour un musicien c’est de présenter au public ses sentiments à travers la musique. C’est ce que j’essaie de faire dans mes concerts. Je le transmets par mon instrument mais aussi par ma voix. On essaie d’être des visionnair­es. Les grands artistes oublient d’ailleurs leurs instrument­s, pour parler musicaleme­nt de leur vie. La musique, c’est la vie...

Qu’allez vous jouer à Vallauris ?

J’aime surprendre mon public. Alors il y aura beaucoup de chanson de mon album , mais aussi quelques anciennes compositio­ns et des titres inédits. J’ai besoin déjà de tester mes nouvelles créations sans pour autant penser qu’elles seront enregistré­es. Alors je ferai ce plaisir au public, d’offrir un show complèteme­nt inédit.

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(DR) Pop mais aussi jazzy le concert que donne demain Avishaï Cohen affiche déjà complet.

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