Les chantiers d’insertion en voie d’extinction?
Les coupes sombres dans les subventions octroyées par le conseil régional font craindre le pire aux associations, dont la mission est de réinsérer dans la société des personnes loin de l’emploi
Joao, 49 ans, et Kamel, 35 ans, tondent la pelouse d’une entreprise grassois. Grâce à ce chantier d’insertion, animé par l’association DEFIE (Développement emploi formation insertion économie), eux qui galéraient depuis longtemps, espèrent bien retrouver du travail très vite. Pour apprendre ce métier de jardinier, ils suivent les consignes de leur encadrant, Joël Eymar, technicien et pédagogue salarié de la même structure grassoise. Les trois hommes sont inquiets: les coupes sombres promises par la Région dans les subsides versés chaque année aux associations d’insertion par l’activité économique de personnes très éloignées de l’emploi, pourraient bien mettre fin à leur job. Renvoyant Joao et Kamel à la case-départ et leur instructeur à Pôle emploi. Et ils ne sont pas les seuls à se faire du souci.
personnes concernées dans le
Répondant à l’appel du réseau des structures porteuses d’ateliers chantiers d’insertion des Alpes-Maritimes, les responsables de six associations de l’ouest des A.-M. (voir ci-contre) se sont réunis au siège social grassois de DEFIE pour évoquer l’avenir incertain de leur mission : ramener des personnes très éloignées de l’emploi dans le monde de l’économie et le giron de la société. Mais avec quels moyens ? « Renaud Muselier a annoncé en décembre que ce n’était pas à la Région de nous financer, explique Isabelle Ledernez d’Emplois et services 06. Il va réduire dès cette année nos subventions sur les appels à projets de 30 %.» L’an prochain, craignent-ils, il n’y aura plus de subvention du tout. « Dans les Alpes-Maritimes, 1 500 personnes sont pourtant concernées par nos activités. Dans la Région PACA 5 000 environ », déclare Pauline Calmette de l’association Soli-cités. «On ne peut compenser en développant nos activités, précise Sylvie Le Bourhis (Résine Estérel d’Azur et La Repasserie). Nous sommes plafonnés par la DIRRECTE» (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi), source principale de revenus pour ces associations. «On va forcément devoir sacrifier soit l’accompagnement, soit la formation, soit du matériel… », reprend Isabelle Ledernez. Sans parler du nombre de bénéficiaires et d’encadrants. « L’équilibre comptable de nos structures est atteint avec cette subvention régionale. Nos budgets 2018 sont déjà faits. On a engagé des fonds, des activités et des emplois », souligne Lionel Simone (ABI 06). Les responsables sont d’autant plus étonnés que leurs structures participent à la lutte contre le chômage : « Pour 1 euro dépensé sur nos chantiers, 3 euros sont injectés dans l’économie générale », affirment-ils. Mobilisés, ils espèrent que la Région entendra leur détresse et changera d’avis. Ce chantier-là est ouvert.