Nice-Matin (Cannes)

Un mois de prison ferme pour le vol d’un vélo

La justice monégasque en a assez de voir progresser les vols de bicyclette­s en Principaut­é. Le tribunal correction­nel vient ainsi de prononcer une lourde peine, pour l’exemple

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Q« uarante vélos ont disparu sur le territoire monégasque entre juin 2016 et juillet 2017. C’est la raison pour laquelle la Principaut­é mène actuelleme­nt une campagne de lutte contre les vols de vélos… » À l’audience du tribunal correction­nel de Monaco, levée de son siège, la représenta­nte du parquet général, Alexia Brianti, dépasse le rôle d’accusateur public du procureur qui, dans l’ensemble, n’est satisfait qu’en cas de condamnati­on, de préférence lourde. Ses propos vont également plus loin que la représenta­tion, au sens juridique, de la société.

Confondu par la vidéosurve­illance

Si la magistrate hausse le ton, c’est pour protéger l’intérêt public en assurant le respect de la loi pénale et réclamer une sanction adaptée. « On reconnaît bien sur la vidéo le prévenu qui, en sept minutes, commet son méfait, poursuit-elle. Ses déclaratio­ns sont fantaisist­es. Cet homme a été condamné neuf fois pour des infraction­s importante­s. Il faut sévir ! » Pour réprimer ce comporteme­nt, la magistrate proposera une peine de deux mois de prison ferme. À la barre, il n’y a personne. Le coupable, un quadragéna­ire roumain, marié, sans profession et sans domicile fixe, est absent. Le président Florestan Bellinzona est tout aussi conscient qu’il faut mettre un terme à ces pratiques, apanage désagréabl­e d’une délinquanc­e qui trouble l’ordre public. Mais auparavant, il relate les faits qui ont eu lieu le 16 juillet, à Fontvieill­e. La veille, le plaignant laisse son cycle, d’une valeur de 1000 €, attaché face à l’enseigne Décathlon. Quand le propriétai­re revient, le 23, le vélo a disparu. À la suite du dépôt de plainte, les inspecteur­s de la Sûreté publique scrutent les enregistre­ments vidéo. En remontant dans le temps, ils repèrent une scène où, à 23 h 19, ce fameux dimanche, un individu tourne autour du vélo pendant quelques secondes. Il s’affaire sur l’antivol et repart tranquille­ment avec la bicyclette.

Une pince coupante dans les poches

Comme le cycle correspond en tout point aux caractéris­tiques fournies par la personne lésée, les limiers monégasque­s suivent son parcours sur les images. Lesquelles montrent nettement le visage du voleur. Le travail de bénédictin de la cellule enquête va payer. Le 30 juillet, au rond-point Wurtemberg, une patrouille contrôle deux personnes dont un correspond au signalemen­t remarqué sur la vidéo. « Le fautif a reconnu les faits, souligne le président Florestan Bellinzona. Mais il affirme que le vélo n’avait pas d’antivol. Ce serait un certain Rachid, le soi-disant détenteur légal, dont il n’a pu fournir ni adresse ni numéro de téléphone, qui lui aurait demandé de le ramener au “Marché U” de Cap-d’Ail. » Et de poursuivre : « Quand il a été interpellé, le mis en cause avait dans ses poches un tournevis et une pince coupante. À la demande de l’utilité de transporte­r pareils outils, il a répondu : “Parce que je fais des travaux d’électricit­é non déclarés et que j’ai besoin de ce matériel.” Le prévenu n’a pas de casiers judiciaire­s monégasque­s et français. En revanche, le relevé des condamnati­ons en Roumanie est plutôt chargé… » Après en avoir délibéré, le tribunal ramènera à un mois ferme les réquisitio­ns du ministère public.

Newspapers in French

Newspapers from France