Nice-Matin (Cannes)

FOOTBALL « J’aurais aimé jouer à Nice plus longtemps » Repères

L’Ancien Aiglon Eric Cubilier sera mis à l’honneur par le club dimanche avant Nice - Rennes

- PROPOS RECUEILLIS PAR ANTOINE DELGOULET

Il n’a joué en pro que deux saisons au Gym (1999-2001 en D2) après avoir été formé au club. Mais comme il est né à Nice, a passé toute son enfance à Saint-Laurentdu-Var, fut joueur à Monaco, est revenu vivre dans le coin après sa carrière, a été capitaine de la Selecioun, consultant pour France Bleu Azur et s’investit avec les Anciens Aiglons, on a l’impression qu’il a passé sa vie en rouge et noir ! Aujourd’hui, Eric Cubilier est toujours proche de l’OGCN. La semaine dernière, par exemple, il est intervenu auprès des jeunes du centre de formation pour les informer des pièges à éviter dans une carrière pro. Dimanche, il sera au Café des Aiglons pour rencontrer les supporters à 13h30 puis recevra le Trophée de l’Ancien Aiglon avant le coup d’envoi de Nice - Rennes. En attendant, hier matin, il était avec nous autour d’un café au Cros-de-Cagnes. On a parlé de lui, du Gym, de ses souvenirs en ballon... Et ça vaut le détour !

Eric, que devenez-vous ?

Je m’occupe de mon petit garçon, Ange, qui va avoir deux ans. J’ai aussi pas mal de projets qui, j’espère, vont se concrétise­r rapidement. Un dans le sport en général notamment avec la mairie de Nice par l’intermédia­ire de José Cobos, un dans le football et un autre qui n’a rien à voir avec le sport. Il va falloir que je fasse mon choix. Quoi qu’il en soit, j’ai envie de m’investir dans ma ville, Nice.

Quels sont vos rapports avec le club ?

J’ai des rapports

‘‘ réguliers avec la cellule communicat­ion qui fait appel à moi pour intervenir auprès des jeunes ou pour participer à des manifestat­ions. Avec les pros, j’en ai moins. Mais je peux rendre service, j’ai une petite carrière honnête derrière moi. Si on me contacte, je réponds présent sans problème.

Vos souvenirs du centre de formation à Nice ?

De la chambre du centre, je (e voyais l’appartemen­t de ma mère aux Pugets à StLaurent. J’étais le seul Niçois à être interne. Roger Ricort (alors directeur du centre) préférait m’avoir sous le coude (rires). Ce n’est que des bons souvenirs même si la discipline était stricte. Quand on perdait le weekend, on n’avait pas le droit de sortir. Parfois, c’était chaud. Il y avait des bagarres entre les Parisiens et les Sudistes ! Cette période a été très importante pour moi. Elle m’a appris à devenir autonome. Quand je suis parti seul à Lens, je n’étais pas perdu. Je savais me faire à manger, faire le ménage, gérer mon logement... Vous avez marqué deux buts dans votre carrière dont un avec le Gym... Oui, c’était à Niort en D (, le  mars ). Avant le match Lolo Gagnier, qui est mon ami, me branchait car j’étais l’un des seuls de l’équipe à n’avoir encore jamais marqué. Et ce jour-là, je marque ! Un but horrible sur une frappe toute pourrie, je ne sais même pas comment le ballon a fait pour rentrer. Mais Lolo ne l’a pas vu car il était sorti à la mi-temps et était encore aux vestiaires (rires) !

L’autre but ?

Avec Nantes contre SaintEtien­ne, il était plus beau celui-là ! Sur un corner, renvoi de la défense des Verts et je reprends de volée de  mètres, excentré. C’était Jérémie Janot dans les buts, il n’a rien pu faire. J’en suis fier de celui-là !

Vous n’êtes finalement resté que deux ans à Nice avant de partir à Monaco...

Les gens ne le savent peutêtre pas mais je ne voulais pas spécialeme­nt partir. Je jouais dans le club de ma ville et je m’y plaisais. Mais à l’époque, les dirigeants du Gym avaient besoin d’argent. Ils m’ont donc vendu à Monaco pour  millions de francs (, million d’euros environ). Je ne le regrette pas bien sûr, c’était une progressio­n pour moi. Mais j’aurais aimé jouer à Nice, le club de mon coeur, plus longtemps.

Le meilleur joueur avec qui vous avez joué à Nice ?

Il n’a pas eu la carrière qu’il méritait à cause des blessures mais Lolo Gagnier était très facile techniquem­ent. Il ne se mettait pas de pression. Je me rappelle d’un match à Créteil où on mène -, but de Gagnier, puis on se prend deux cartons rouges. Lolo était en forme, on lui

‘‘ donnait le ballon et il dribblait tout le monde pour nous soulager. Et on avait gagné - ! Il y avait aussi José Cobos, dans un tout autre style. Un vrai meneur d’hommes.

Et dans votre carrière ?

Marcelo Gallardo à Monaco. Techniquem­ent, il était impression­nant. Je me souviens d’un match au Parc où on gagne -, il avait tout fait !

L’attaquant contre qui vous détestiez jouer ?

Ma bête noire c’était Kalilou Fadiga qui jouait à Auxerre. C’était un dribbleur. Il me rendait fou. Un jour, il m’a fait petit pont, il m’a attendu et il m’a fait le retour. Bon, je l’avais coupé en deux derrière mais il m’avait mis la misère. Sinon, en dehors du terrain, c’était un ami !

Le plus rugueux ?

A Nice, Didié Angan. Il n’était pas bien épais mais il faisait mal dans les contacts. Gaby Heinze à Paris et José Pierre-Fanfan à Lens, ça envoyait aussi du lourd !

Le plus drôle ?

A Nice, c’était Fabio Cinetti, l’Italien. Quand il a signé, le seul truc qui l’intéressai­t c’était de savoir quand et où se déroulait la cérémonie des Hot d’or à Cannes. Il voulait absolument être invité. Fabio, c’était ça ! Mais sur le terrain, c’était un guerrier.

L’entraîneur que vous avez adoré ?

Roger Ricort au centre de formation de Nice. Je lui dois beaucoup. Il a su me canaliser. En pro, au Gym, c’est Guy David. Il m’a lancé. Guy, c’était Courbis. Même quand tu n’étais pas bien, il arrivait à te faire croire que tu étais le meilleur joueur du monde. Il y a eu aussi Vahid Halilhodzi­c au PSG. Je n’oublierai jamais ce qu’il a fait pour moi lors du décès de mes parents. Une grande humanité. Même avec Didier Deschamps à Monaco, avec qui ça ne s’est pourtant pas toujours très bien passé, j’ai beaucoup appris. Avec Sandro Salvioni aussi qui était très fort tactiqueme­nt.

Un entraîneur que vous avez détesté ?

Christian Damiano. Je ne l’ai pas eu longtemps à Nice mais ça n’a jamais collé entre nous. Ailleurs, c’est Francis de Taddéo à Metz. Il ne m’a rien apporté. Là-bas, c’était la foire. On était  à l’entraîneme­nt car il arrivait du centre de formation.

Le Gym de cette saison ?

Ils n’ont jamais paniqué. C’est leur force. Je suis fan du coach. Pour moi, c’est un génie. A l’image de Jardim. Favre, tactiqueme­nt, c’est très fort. Je trouve qu’il a aussi toujours le mot juste dans ses interviews.

Un joueur de cette équipe ?

Il y en a plusieurs. Mais Dante est super important, c’est le leader du vestiaire.

Balotelli ?

J’aurais aimé jouer contre lui. Je ne sais pas si ça se serait bien passé (rires) ! Heureuseme­nt qu’on l’a. Sa nonchalanc­e ? Il marque  ou  buts par saison, des joueurs nonchalant­s comme ça, j’en prends tous les jours ! Il faut jouer pour lui.

Nice peut-il s’élever au rang de Rennes (e) qu’il accueille dimanche ?

Oui. Le match de dimanche sera important et peut-être un tournant. A Rennes, c’est pas mal ce que fait Sabri (Lamouchi), c’est solide. Mais l’équipe qui a le plus beau jeu des prétendant­s à la e place, c’est Nice.

La clé de ce Nice - Rennes ?

Le milieu de terrain. Il va falloir répondre au défi physique des Bretons. Mais on a les qualités pour les bousculer. Rennes, derrière, c’est assez jeune avec Gnagnon et Gelin. Balotelli peut les rendre fous.

Votre pronostic ?

- pour Nice.

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(Photo Eric Ottino) Hier matin, au Crosde-Cagnes, un des endroits où « Cubi » aime se ressourcer.
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Eric Cubilier

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