Nice-Matin (Cannes)

Cambriolag­es à Nice: l’émouvant désarroi d’une victime

- CH. PERRIN

« Je reconnais les faits. Je suis sincèremen­t désolé», bredouille, tête basse, le prévenu. « C’est déjà pas mal mais c’est un peu court », note la présidente Laurie Duca. « Avec ce casier judiciaire, vous pouvez vous permettre de participer à un cambriolag­e ? » Il explique devant le tribunal correction­nel de Nice qu’il n’était que le guetteur, qu’il n’a pas su résister à la pression amicale de ses complices. Comment le prévenu pourrait avoir une autre stratégie de défense : il a laissé sur les lieux du cambriolag­e une chaussette avec son ADN. Et les sanglots de la victime, partie civile, bouleverse­nt l’assistance. Ce ne sont ni les 25 000 euros d’objets dérobés ni les 3 600 dégâts provoqués par le trio de malfaiteur­s qui provoquent les larmes de Colette mais la disparitio­n d’une mèche de cheveux : « Nous avons perdu une fille. C’était... » La victime est sans voix, incapable de surmonter ce chagrin si intime. Sabri, 21ans, est poursuivi pour avoir participé à ce cambriolag­e survenu en janvier dans le quartier de Fabron à Nice. Mais l’impression­nant butin retrouvé chez lui, notamment des montres de marque, lui vaut également des poursuites pour le recel de deux autres vols commis dans le même quartier en novembre et décembre. Sabri comparaît libre. Il est en état de récidive pour avoir été condamné des vols alors qu’il était encore adolescent. Me Louis Bensa réclame 10 000 euros de préjudice moral et les 160 euros de franchise de l’assurance, « pour le principe » précise le conseil de la partie civile. « Parce qu’après un cambriolag­e on se sent violé, vulnérable tous les jours. » Le procureur Brigitte Funel requiert deux ans de prison en précisant : « Je ne serais pas hostile à un mandat de dépôt.» Autrement dit, que le prévenu, au moment du prononcé du jugement, soit menotté et conduit directemen­t en prison pour purger sa peine.

Fragile liberté

Son avocat, Me Carine Gueniffey, a réussi le tour de force de le sortir de détention provisoire et apporte au tribunal le contrat à durée indétermin­é de son client qui travaille dans un restaurant d’Acropolis. A l’époque des faits il était pâtissier au chômage. Me Gueniffey sent que la liberté de son client ne tient qu’à un fil. « Sabri S. s’est rendu aux policiers. Ce jeune adulte a pris ses responsabi­lités et a reconnu les faits dès le début. » Le tribunal condamnera le prévenu à 18 mois de prison dont dix à effectuer sous le régime du bracelet électroniq­ue. Le jeune homme devra se soumettre à deux ans de mise à l’épreuve et verser 5 0000 euros de préjudice moral. Le prix d’une mèche de cheveux à l’inestimabl­e valeur.

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