Eric de Montgolfier : « Je ne suis pas pour les lanceurs d’alerte »
Nous avons joint hier Eric de Montgolfier, ancien procureur de Nice, qui a instruit l’affaire dès ses débuts. En 2012, il avait été convoqué par «l’audiencia national» espagnole, la juridiction qui devait statuer sur le fait de répondre favorablement ou non à la demande suisse d’extradition d’Hervé Falciani. «J’avais en quelque sorte témoigné en faveur de Falciani en disant ce qu’il avait fait.» L’Espagne refusera l’extradition en 2013. Pour autant, le procureur reste circonspect sur le personnage : «Je n’ai jamais cessé d’avoir des interrogations à son égard. Je suis toujours perplexe sur ce que voulait Hervé Falciani, je n’ai pas encore la solution», sourit-il. Il tient en tout cas à préciser une chose : Hervé Falciani n’a jamais remis les documents de lui-même à la justice. «Nous sommes allés les chercher chez son père à Nice, en perquisition, sur une commission rogatoire internationale, à la demande des Suisses.» Les lanceurs d’alerte ? Eric de Montgolfier fait la moue. «Je ne suis pas pour, on parle même de faire des lois pour les protéger... Mais pourquoi existe-t-il des lanceurs d’alerte ? Parce que d’autres n’ont pas fait leur travail. Il y en aurait moins si tous ceux qui sont conduits par leur fonction à découvrir des éléments qu’ils devraient porter à la connaissance de la justice le faisaient. Pendant quarante ans où j’ai exercé la fonction de procureur j’ai bien vu qu’on finissait par ouvrir des dossiers que des autorités administratives connaissaient depuis bien longtemps.» Quid de l’article 40, qui oblige toute autorité, fonctionnaire, à dénoncer des crimes ou délits dont ils auraient connaissance ? «Pour rendre efficace l’article 40, il faudrait le pénaliser. Je l’ai suggéré à la commission des lois du Sénat. Dans ce pays où on pénalise tout, c’est curieux comme cet article 40, un des pivots de la répression économique et financière, est à ce point méconnu des autorités administratives ...»