Nice-Matin (Cannes)

État de droit

- de DENIS JEAMBAR Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Fixé à la fin du mois de mars, le rendez-vous du gouverneme­nt pour l’évacuation de la zone de NotreDame-des-Landes n’aura eu que neuf jours de retard. Une peccadille pour en finir avec un dossier ouvert en . Cinquante et un an pour en arriver là ! Des années de tergiversa­tion qui auront vu droite et gauche se prendre les pieds dans ce projet et laisser s’installer la chienlit sur la zone qui devait accueillir le Ce parfois nouvel demi-siècle preuve aéroport montre l’État de et Nantes. en la difficulté effet Un l’incurie ratage grandissan­te dont modèle fait ! des gouvernant­s à imposer leurs décisions. En vérité, une nouvelle infrastruc­ture était sans doute indispensa­ble pour la région nantaise. Le trafic aérien n’y a-t-il pas explosé ! L’aéroport Nantes-Atlantique est ainsi passé de    passagers en  à    en  ! La progressio­n en pourcentag­e y a été la plus

forte de tous les aéroports français. Et les prévisions de trafic ont largement été dépassées. Mais la lenteur et les hésitation­s dans la prise de décision ont eu raison du bon sens économique et laissé le champ libre à la contestati­on écologique de ceux que l’on appelle les « zadistes ». L’affaire est devenue du coup politique, révélant alors l’absence de courage des gouvernant­s successifs préférant renoncer au respect de l’état de droit plutôt que de recourir à la force pour l’imposer, avec les risques de dérapage que l’on sait. Même la démocratie locale n’y aura rien fait : consultés par référendum en juin , les habitants de Loire-Atlantique avaient dit « oui » au projet à plus de bafouant  %. François la parole Hollande, des électeurs pour qu’il autant, avait ne sollicités fit rien, et refilant la patate chaude à son successeur. Sinistre partie qui s’est dénouée en deux temps : Emmanuel Macron a enterré le projet, donnant donc raison aux zadistes, puis, au nom de l’état de droit, il a fait reprendre hier le contrôle des lieux. Un abandon qui a rendu l’acte d’autorité moins périlleux. Celui-ci a au moins le mérite de clore quasiment l’affaire. En outre, cette évacuation arrive à point nommé. Nul doute qu’Emmanuel Macron a voulu adresser « en même temps » un message de fermeté aux cheminots. Mais c’est encore une autre épreuve !

«Ce demi-siècle montre l’incurie dont fait preuve parfois l’État et la difficulté grandissan­te des gouvernant­s à imposer leurs décisions.»

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