La genèse
soutient le responsable de cette unité spécialisée dans la moyenne délinquance, le major Fabrice Fogliarini. Alors que son équipe vient de démanteler un trafic de cocaïne et de MDMA – plus communément appelée la « drogue de l’amour » – qui sévissait depuis des années entre Menton et Monaco. L’enquête avait démarré en juin dernier, suite à une première vague d’interpellations dans la vallée de la Roya (lire ci-contre). De cette affaire ont rebondi deux autres dossiers – l’un français, l’autre monégasque, bien que bon nombre de personnes soient impliquées dans les deux enquêtes – concernant des drogues plus dures, cette fois-ci.
« Ce n’est pas le cartel de Medellín »
« Nous avons procédé à une cinquantaine d’arrestations et d’auditions. Il y avait au total une vingtaine de revendeurs », reprend le responsable de la Brigade de recherche mentonnaise. Précisant que le trafic correspondait, en chiffres, à plusieurs centaines de grammes de cocaïne revendues par mois, depuis des années. Pour 1,5 kg de cannabis (herbe et résine) par mois. « Ce n’est clairement pas le cartel de Medellín. Il s’agit surtout de toxicomanes qui font du commerce pour financer leur propre consommation. Il faut savoir que le gramme de cocaïne coûte entre 60 et 80 euros, minimum », reprend le major Fogliarini. Pour qui la logique est assez logique. Et cyclique. « Les gens dont on parle sont ancrés dans la toxicomanie. Ils prennent de la cocaïne pour sortir de l’état larvaire que provoque le cannabis. Ils deviennent dépendants. Et comme c’est onéreux, ils se mettent à dealer pour pouvoir continuer à payer… » Le trafic qui vient d’être stoppé alimentait ainsi en premier lieu le milieu des toxicomanes, mais aussi celui du sport, de la fête et des adeptes de la combinaison « sexe et drogue ». D’où le débordement sur Monaco. « Avec les autres unités de gendarmerie, on constate aujourd’hui une véritable démocratisation de la cocaïne. Elle est bien souvent considérée comme une soupape pour tenir », souligne le gendarme. Dans le cadre de cette enquête à deux branches – menée en parallèle par la Sûreté publique de Monaco – quatre personnes ont été mises en cause. Et si l’un des prévenus dépend de la juridiction monégasque, les trois autres – Français – ont été envoyés en comparution immédiate. Leurs avocats ayant demandé un délai, ils devraient être jugés dans un peu plus d’un mois. En attendant, l’un d’entre eux est incarcéré en détention provisoire. Les deux autres ont été placés sous contrôle judiciaire. Quant à la brigade de recherche, elle continue plus que jamais à intervenir dans le cas d’affaires « complexes, sensibles, graves ou sérielles ». À l’origine de cette affaire : une précédente enquête de la brigade de recherche, qui avait abouti à dix interpellations dans la vallée de la Roya, pour trafic de cannabis. En juin dernier, plus de deux kilos d’herbe, ainsi que des pieds et des graines de cannabis, des armes, des voitures, du matériel multimédia et plusieurs milliers d’euros avaient été saisis par l’unité. Les suspects revendaient leurs produits à Menton, pour un bénéfice estimé – au minimum – à € par mois. C’est en remontant le fil que les gendarmes de la brigade de recherche ont pu découvrir l’existence de ce « nouveau » trafic. «En matière de stups, il y a un tronc commun, avec beaucoup de branches à élaguer, explique le major Fogliarini. Nous, on rebondit avec les renseignements. Les personnes concernées sont en situation d’échec, alors elles s’expliquent. Les gardes à vue ont bien changé aujourd’hui : il ne s’agit plus de faire une pression psychologique mais de faire appel à l’intelligence des gens. Le dossier est souvent bien ficelé, la garde à vue permet de circonstancier, de comprendre la place dans l’organigramme etc.»