Nice-Matin (Cannes)

Des filières pour orienter les patients « La nuit et le week-end, c’est sacré » Favoriser les circuits courts L’alternativ­e de l’accueil médical Les infirmiers en soutien

-

« C’est davantage d’organisati­on que de moyens dont on a besoin pour résoudre la question des urgences. » Après deux heures de débat, Malik Albert, directeur général adjoint du groupe Saint-George, résume en une phrase toute la problémati­que. Les budgets ne sont quoi qu’il en soit pas extensible­s. Et quand bien même ils le seraient, permettant une augmentati­on du nombre de médecins urgentiste­s, cela pourrait engendrer mécaniquem­ent une hausse du nombre de patients : l’offre favorise la demande, et ce n’est pas souhaitabl­e. Ainsi que le plaide Malik Albert, rejoint par l’ensemble des profession­nels de santé, c’est en modifiant les schémas de prise en charge que l’on pourrait désengorge­r les urgences. Michel Salvadori, directeur de l’Institut Arnault Tzanck, illustre: « nous avons essayé de structurer la filière de soins de la façon la plus cohérente possible. Pour mieux M. Albert Et si les généralist­es donnaient leur numéro de portable aux patients ? Ainsi, ils pourraient les appeler en cas de problème, évitant peut-être un passage aux urgences. Certains médecins le font, à l’instar de Renaud Ferrier, généralist­e à Cannes et de Jean-Michel Benattar, gastro-entérologu­e à Nice. Ils l’ont même apposé sur leurs ordonnance­s. La solution semble simple et évidente pour libérer les urgences... encore faut-il que les malades le composent. Tous deux confient qu’il est très rare qu’ils soient appelés en dehors des heures classiques d’ouverture. « Le soir et le week-end, c’est sacré dans l’inconscien­t collectif. »  h, j’ai reçu  appels à la suite. À chaque fois, il s’agissait de patients F. Pennes R. Foissac prendre en charge le patient, nous avons organisé des filières spécifique­s. » Le Dr Philippe Lemarchand, urgentiste à l’IMS et ancien directeur des urgences de l’hôpital de Rouen, témoigne de son expérience : « la filière orthopédiq­ue et médicale non programmée telle que celle mise en place à l’IMS est déjà une réponse. » Et c’est d’autant plus efficace que « le patient veut une réponse et un traitement immédiats. » Il cite un exemple simple : « une entorse, ce n’est pas une urgence. Plutôt que de se rendre dans un service d’urgences générales, les patients victimes de ce type d’accidents peuvent consulter une filière spécifique et obtenir une réponse rapide et adaptée. En mettant en place des filières spécifique­s, on désengorge les urgences. » Le Dr Rémi Foissac, chirurgien de la main et chirurgien esthétique G. Burtin R. Ferrier M. Salvadori J.-M. Benattar

qui se plaignaien­t de douleurs au ventre ou de saignement­s. Et à chaque fois, je les ai rassurés, leur ai dit ce qu’ils pouvaient faire et les ai vus rapidement. Sans ça, ils seraient allés tous les trois aux urgences. Un système global de tri téléphoniq­ue en gastro-entérologi­e permettrai­t d’éviter à  % des patients concernés d’aller aux urgences. » détaille un autre dispositif mis en place à la clinique Saint-George : « des circuits très courts ont été organisés, notamment un SOS Main. Le patient reçu aux urgences est tout de suite orienté vers le SOS Main où il est opéré. En  heures, il a été pris en charge et peut rentrer chez lui. Nous, chirurgien­s, avons un rôle de prévention et d’informatio­n auprès de la population mais aussi des généralist­es et des confrères pour qu’ils sachent qu’ils peuvent nous envoyer les patients en urgence. Mais, pour que tout ceci fonctionne, il faut accepter d’ajouter des patients venus des urgences aux patients programmés. » Le Dr Gilles Burtin, urgentiste à Saint-George souligne que l’exemple du SOS Main va être dupliqué pour les maux de dos, motif très fréquent de passage aux urgences. «Cela va permettre, encore une fois de réorienter les patients pour désengorge­r les urgences. » P. Lemarchand « C’était le week-end. Elle avait appelé le  puis était allée aux urgences alors que si elle m’avait téléphoné, ça n’aurait pas été nécessaire. Je lui ai demandé pourquoi elle ne l’a pas fait, elle m’a répondu n’avoir pas osé me déranger ! » Les mentalités ont manifestem­ent changé ; auparavant, les malades hésitaient moins à se tourner vers leur médecin. Michel Salvadori (Tzanck) avance : « l’organisati­on en réseau permettrai­t de prendre le relais de l’hyperdispo­nibilité des médecins d’antan ». ville-hôpital qui aurait pour mission de trouver des solutions pour les patients angoissés afin de leur éviter de se rendre aux urgences. » « On a besoin de vraies structures de court séjour gériatriqu­e. Pour l’heure, elles n’existent pas réellement », constate Hervé Ferrant, directeur général de l’hôpital privé gériatriqu­e Les Sources. « Le système est globalemen­t assez peu structuré concernant les patients âgés, confirme le Pr Yann-Erick Claessens (CHPG). Il faut organiser la sortie des urgences : soit en sécurisant le retour à domicile soit en les orientant vers des structures dédiées. » Le Dr Florent Pennes, neurochiru­rgien à Saint-George, rappelle que « le circuit court permet d’éviter des hospitalis­ations inutiles.» Une opinion partagée par Kévin Tortet, directeur adjoint référent du pôle anesthésie réanimatio­n urgences SAMU SMUR du CHU de Nice : « Mettre en place des filières structurée­s et des circuits courts fait partie des solutions ». K. Tortet majoré de  %, parce que le temps d’hospitalis­ation est plus long, les examens parfois plus nombreux », pointe Malik (les urgences donc) est prévisible alors que l’activité programmée n’est pas prévisible ». Valéry Folcher (ci-contre), directeur adjoint de l’hôpital privé Arnault-Tzanck Mougins Sophia-Antipolis, voit dans des structures telles que des maisons de santé un bon moyen d’éviter un passage par les urgences pour les patients dont l’état ne nécessite pas une telle prise en charge. « Un accueil médical assuré par un cabinet indépendan­t mais situé dans l’enceinte de notre hôpital est ouvert de  heures à  heures,  jours sur . Il ne s’agit pas d’une structure d’urgence mais bien de consultati­ons «classiques» sans rendez-vous ( passages par an) qui débouchent sur une hospitalis­ation dans  % des cas. Nous avons par ailleurs développé une prise en charge dans les soins de suite et de réadaptati­on.» permanente des urgences pédiatriqu­es, qui augmente chaque année ».

«Ilyaunprob­lème de prise en charge en amont parce qu’entre  h et  h, et le week-end, il n’y a pas de médecins de ville. Comment, moi infirmière C. Bréneur puis-je faire ? Il y a  possibilit­és : soit je connais bien le patient et je me débrouille ; soit j’appelle le . » Elle « les infirmiers sont les seuls profession­nels de santé à avoir une obligation de soins  heures sur  ! Ils sont l’un des piliers sur lequel le système de santé peut s’appuyer.» Pour elle, : le fait d’établir des procédures bien claires et définies, cela fonctionne et pourrait résoudre bien des problèmes. » G. Durbas V. Folcher

 ?? Dossier : Nancy CATTAN et Axelle TRUQUET Photos : François VIGNOLA ?? Et c’est dommage. Le Dr Benattar raconte ainsi : « un samedi soir vers Le Dr Ferrier donne, lui, l’exemple d’une de ses patientes âgée. Le Dr Benattar propose que soit mis en place « un grand standard commun Claessens, chef du service des urgences du...
Dossier : Nancy CATTAN et Axelle TRUQUET Photos : François VIGNOLA Et c’est dommage. Le Dr Benattar raconte ainsi : « un samedi soir vers Le Dr Ferrier donne, lui, l’exemple d’une de ses patientes âgée. Le Dr Benattar propose que soit mis en place « un grand standard commun Claessens, chef du service des urgences du...

Newspapers in French

Newspapers from France