Président sans peur
Mais qu’a donc bien voulu prouver Emmanuel Macron en se frottant hier soir à JeanJacques Bourdin, la voix des taxis, et Edwy Plenel, l’icône du journalisme engagé ? Tout au long d’une semaine folle, le chef de l’Etat a conjugué de manière inédite action et communication. Ordonné des frappes aériennes en Syrie. Lancé l’évacuation de NotreDame-des-Landes. Entretemps, il s’est invité chez les Français avec Jean-Pierre Pernaut à l’heure du déjeuner depuis la classe de CM d’une école rurale. Pourquoi diable remettre le couvert hier soir, alors que tout était déjà dit ? Ceux qui ont préféré le show Macron-Bourdin-Plenel au film de TF (Taxi, d’ailleurs...) auront bien compris l’objectif du Président : démontrer qu’il n’a peur de rien ni de personne, surtout pas des journalistes. En répondant à l’invitation de BFMTV, RMC et Mediapart, Emmanuel Macron a accepté l’idée de croiser le fer. D’être mis en cause, critiqué, secoué par des interviewers que personne ne se hasarderait à taxer de complaisants. De ce long match de boxe, Emmanuel Macron est ressorti sans égratignure ni goutte de sueur. Entre les interpellations façon café du commerce de Jean-Jacques Bourdin et les phrases définitives du procureur Plenel, il a montré le visage d’un président calme, déterminé et précis. Au fil d’une interview au cours de laquelle la démagogie n’était pas forcément du côté du politique, le Président, sourire en coin, s’est laissé de bonne grâce pousser dans ses derniers retranchements. Ce risque, assumé, sera-t-il payant ? Pas impossible. Bien malgré eux, Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel ont peut-être aidé ce Président, qu’on dit loin des Français et déconnecté des territoires, à se rapprocher d’eux au moment où certains rêvent de grève générale et de grand soir. Encore raté.
De ce long match de boxe, Emmanuel Macron est ressorti sans égratignure ni goutte de sueur