Nice-Matin (Cannes)

Les pros du tourisme azuréen inquiets

Leurs retombées sont limitées pour l’heure selon les profession­nels. Mais les hôteliers ne cachent pas leur inquiétude à l’approche des grands événements, comme le Grand Prix et le Festival du film

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

La grève, au mode inédit, de la SNCF, couplée à des mouvements chez Air France a-telle un impact sur le tourisme azuréen ? «Mieux vaut prévenir que guérir », affiche le Comité régional du tourisme qui cherche à anticiper [lire ci-dessous]. Les hôteliers du départemen­t ont-ils du souci à se faire ? Michel Tschann, propriétai­re de l’hôtel Splendid and Spa, un quatre étoiles de Nice répond : «Oui et non ». «Non» , parce que, pour l’instant, assure le profession­nel, également président honoraire du syndicat des hôteliers de Nice-Côte d’Azur, « les arrivées de clients ne sont pas trop impactées ». Dans son hôtel, «peu de clients sont venus en train». Et heureuseme­nt, dit-il. «Air France n’est pas la seule compagnie à l’aéroport Nice-Côte d’Azur ». Alors, bien sûr, il a bien eu une annulation... Celle d’un groupe de quinze Chinois. Michel Tschann explique : « Ils devaient ensuite aller sur Paris en train, ils ont préféré annuler. » Impact concret limité, pour le moment, selon le profession­nel qui ajoute : « En revanche, il y a une inquiétude sur les grands événements à venir sur la Côte d’Azur comme le Grand Prix de Monaco. Là, s’il n’y a pas de train, c’est la catastroph­e. » Et puis, bien sûr, il pense à la réputation de la France. « Les étrangers se disent qu’on est un pays toujours en grève ; ça peut être dissuasif pour les touristes, ça peut freiner les organisate­urs de séminaires et de congrès aussi. » Ce sera, selon lui, le plus gros impact mais impossible à véritablem­ent chiffrer. À Cannes, Michel Chevillon, le patron des hôteliers, est d’accord. « C’est anxiogène pour la clientèle étrangère. Les grèves, ce qui se passe à Notre-Dame-desLandes aussi. Tout ça a un effet négatif sur le tourisme en France et donc sur la Côte d’Azur », précise le président du Syndicat des hôteliers de Cannes et du bassin cannois. Cependant, selon lui, les mouvements sociaux ont déjà des répercussi­ons sur la fréquentat­ion, alors même que les vacances parisienne­s ont commencé. « Ce n’est pas tant les annulation­s que l’on peut déplorer, mais plutôt les non-réservatio­ns. On n’est pas du tout dans le flux normal pour la période », assure Michel Chevillon. Qui craint pour ce week-end prochain et le « super-événement cannois », la Red Bull Air Race ! Pour le Festival du film, «on ne s’inquiète pas encore vraiment... mais on ne peut pas dire que l’on soit sereins », lance-t-il. Puis, il laisse sa casquette de patron de syndicat et parle en tant que directeur général du Grand Hôtel Mercure Croisette Beach. Il annonce pour son établissem­ent « un taux d’occupation en deçà de 10 points par rapport à l’an dernier ». Dans le Mentonnais, même son de cloche ! « À ce jour, nous subissons d’importante­s annulation­s dues à la grève mais aussi à cause de la mauvaise météo », affirme Mathieu Messina le président du syndicat des hôteliers. « De l’ordre de 10 % d’annulation », selon lui. Il peut déjà assurer : « Ce mois d’avril sera moins bon que l’an dernier. »

 millions de pertes au niveau national selon l’UMIH

À Villeneuve-Loubet, dans ce camping ouvert à l’année, à l’accueil, on peste déjà. « Les grèves et le temps ! C’est pas comme ça qu’on va remplir avant l’été. Je suis quasiment vide jusqu’à la fin avril, du jamais vu », explose une dame à l’accueil, avant de raccrocher en disant : « Ne donnez pas le nom du camping, ça va nous faire de la mauvaise pub. » Alors grèves et climat vont-ils mettre un coup d’arrêt à la bonne dynamique du tourisme azuréen ? Au niveau national, l’Union des métiers et de l’industrie de l’hôtellerie évalue les pertes du secteur hôtelier à 150 millions d’euros rien que pour le mois d’avril... De leur côté, les cheminots ont prévu de continuer le combat jusqu’au 28 juin contre la réforme de la SNCF voulue par le Président Macron. Mode opératoire : deux jours de perturbati­ons sur les rails, trois jours de répit... Prochain mouvement demain et jeudi. Chez Air France, l’intersyndi­cale a maintenu ses prochains appels à la grève – aujourd’hui et mercredi – même si les négociatio­ns avec la direction ont repris hier.

 ??  ??
 ??  ?? Les hôteliers, les profession­nels du tourisme seront-ils impactés par les mouvements sociaux, à la SNCF, notamment ? (Photo Franck Fernandes)
Les hôteliers, les profession­nels du tourisme seront-ils impactés par les mouvements sociaux, à la SNCF, notamment ? (Photo Franck Fernandes)

Newspapers in French

Newspapers from France