Le Parlement a débattu des frappes françaises en Syrie
Après les frappes, les discussions au Parlement : députés et sénateurs ont commencé à débattre hier – sans vote –, de l’intervention française en Syrie. «Cette intervention n’est pas le prélude à une guerre. Nous ne voulons pas renoncer à une solution politique» mais « aucune solution politique ne sera trouvée tant que l’utilisation de l’arme chimique sera impunie», a assuré Edouard Philippe devant un hémicycle clairsemé, particulièrement à droite (le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian s’exprimait parallèlement au Sénat). Dans une réponse à tous ceux qui, de Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon, ont affirmé que la France n’avait «pas de preuves» sur l’origine de l’attaque chimique, le Premier ministre a répété que ce sont des renseignements des services français qui « démontrent la responsabilité des forces armées syriennes » dans cette opération. Pas de quoi convaincre plusieurs élus de l’opposition. «Le président de la République sait très bien qu’il a violé le droit international [...] La communauté internationale n’est pas intervenue car il n’y a pas eu de vote à l’ONU» ,a déclaré par exemple la présidente du FN, Marine Le Pen.
« Démonstration symbolique de force »
Même critique du côté de LR, le chef de file des sénateurs de droite Bruno Retailleau jugeant que «l’intervention n’était pas légale» : «Je crains les effets pervers de ce genre de frappes» qui peuvent « renforcer le régime et l’ennemi numéro un, le terrorisme islamiste», en donnant «l’image d’un Occident hostile au monde arabo-musulman ». «On nous parle d’internationalisme quand il s’agit de trois nations qui ont décidé », a fustigé de son côté la députée LFI de Paris Danièle Obono, parlant d’une «démonstration symbolique de force». D’autres approuvent les frappes. Le premier secrétaire du PS Olivier Faure s’est dit ainsi favorable à une intervention « limitée dans le temps, dans l’espace [et] sur ses cibles » ,y voyant un signal «utile» et appelant maintenant à « une offensive diplomatique ». Pour le président de l’Assemblée François de Rugy (LREM), le débat doit permettre au gouvernement de s’exprimer et aux groupes parlementaires d’avancer leurs positions. Mais, a-t-il souligné, il permettra aussi «aux Français» de «voir qui est avec qui», qui parmi les parlementaires «fait preuve d’une grande mansuétude, pour ne pas dire une grande faiblesse, à l’égard de la Syrie de Bachar al-Assad mais aussi de la Russie ».