Nice-Matin (Cannes)

Tabarot, son nouveau train-train

Le conseiller régional LR nous parle des sujets chauds du moment. Cela tombe bien, il y en a beaucoup

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Philippe Tabarot aurait-il pu imaginer qu’un jour il deviendrai­t incollable sur le transport ? Pas sûr. En tout cas, sa mission au conseil régional, dont il est vice-président, le passionne et l’enthousias­me. Au point qu’il a même accepté la charge, bénévole, de la présidence... des Chemins de fer de Provence, poste qu’il se dit « très fier » d’occuper. À lui la parole...

Conseiller régional, c’est un mandat nouveau pour vous. Est-ce que vous avez trouvé vos marques ?

Oui. Et je retrouve à la Région une délégation aussi prenante que lorsque je siégeais au Départemen­t (il s’occupait alors de l’action sociale, Ndlr). Les transports, c’est la plus grosse délégation en termes de budget et de compétence­s et, sincèremen­t, je trouve le sujet passionnan­t, quoi que difficile et compliqué par rapport à la situation régionale et au contexte national. Mais ça touche au quotidien des administré­s, donc c’est très concret. Il y a les déplacemen­ts sur la partie ferroviair­e qui concernent   personnes par jour, les transports scolaires pour   enfants, le transport interurbai­n et la ligne express régionale.

Le mouvement national en cours at-il un gros impact sur le transport régional et dans le départemen­t ?

Compte tenu des travaux réalisés depuis deux ans, ceux de la gare de Nice Riquier notamment, du matériel capacitair­e commandé et livré, de la convention conclue avec les trains italiens Thello qui permet de faire du cabotage, on a réduit les nuisances pour les usagers même si la grève est très suivie. Quoi qu’il en soit, ce système de grève perlée pose des problèmes pendant les deux jours

‘‘ impactés, mais surtout le surlendema­in pour remettre la machine en route. À titre personnel, je dois parfois faire face à des situations cocasses. Je me suis, par exemple, retrouvé à parler concurrenc­e devant une centaine de cheminots qui n’étaient pas du même avis que moi. Ce n’est pas toujours facile, mais je l’assume. D’autant mieux d’ailleurs que juste avant, devant tous les maires de la région et François Baroin, Renaud Muselier m’avait rendu hommage. J’essaie aussi d’avoir en permanence en tête l’intérêt de l’usager. Les gens ont besoin de nous et il n’y a pas d’alternativ­e puisque les routes sont saturées. On doit donc développer les transports en commun et penser aux heures de pointe pour aider ceux qui galèrent.

Vous avez noué un dialogue avec les cheminots ?

Les grands sujets sont discutés par la ministre au niveau national. Indépendam­ment de cela, j’ai reçu l’intersyndi­cale des cheminots de Paca qui, en plus des revendicat­ions nationales, nous fait part de ses préoccupat­ions. On peut trouver quelques sujets d’accord, notamment sur les moyens à investir dans les lignes secondaire­s qu’il faut essayer de sauver.

Quel est votre avis personnel sur la réforme de la SNCF dont le projet de loi vient d’être largement adopté en première lecture à l’Assemblée ?

Je reconnais à ce gouverneme­nt pour lequel je n’ai pas de sympathie particuliè­re, le courage de s’attaquer à ce sujet. Ce que d’autres, et j’inclus ma famille politique, n’ont pas fait. Cette réforme est nécessaire parce que le système ferroviair­e français est sclérosé et perd des voyageurs. Parce que la qualité du service n’est plus au rendez-vous, que la dette augmente et que l’Europe, et cela a du bon de temps en temps, nous oblige à nous mettre en règle pour l’instaurati­on de la concurrenc­e. On y est favorable puisque la Région est pilote en la matière. Et puis, en Paca, la SNCF fonctionne très mal.

Cela ne s’est pas amélioré ?

 a été une année catastroph­ique.  a été un peu meilleure mais pas à la hauteur des enjeux, notamment concernant le coût pour la Région qui avoisine les  millions d’euros. Il y a  trains à faire circuler tous les jours sachant que, depuis la mise en place d’une nouvelle convention avec la SNCF, on ne paye que les trains qui circulent.

Votre constat sur la fréquentat­ion ?

En , % des trains étaient en retard et % ont été annulés, ce qui nous a fait perdre beaucoup d’usagers.  s’est avérée meilleure, bien qu’on soit en délégation de service public avec la SNCF : % des trains seulement ont été supprimés et on a enregistré une améliorati­on au niveau des retards et de la qualité de service grâce au nouveau matériel et aux efforts entrepris au niveau de la sécurité. La Région, il faut le savoir, finance  agents de police ferroviair­e, dont  circulent avec des contrôleur­s.

Le réseau est donc plus sûr qu’avant ?

Oui. Et on le constate à travers l’une des formes d’insécurité qui est la fraude. On est l’un des réseaux les plus impactés avec % de fraude en . Aujourd’hui, on est tombé à % grâce aux  agents de police ferroviair­e donc, mais aussi à l’installati­on de portiques de sécurité dans les gares. Il en existe deux types : l’un qui contrôle les billets et  gares en seront équipées d’ici à la fin de l’année ; l’autre purement de sécurité, mobile et transporté de manière aléatoire sur un tiers des gares de la région ( gares et haltes en Paca, Ndlr).

L’état du réseau ?

Il est mauvais. On est sur une ligne unique qui date de . Certes, elle a fait l’objet d’investisse­ments mais il en faut d’autres. On est la région qui compte le moins de kilomètres de voies ferrées par habitant et notre gare principale, Marseille SaintCharl­es, est un équipement en culde-sac qui a besoin d’aménagemen­ts ferroviair­es. D’où le projet de Ligne nouvelle qui impacterai­t notre départemen­t avec, notamment, une gare TGV à Cannes La Bocca et un pôle d’échanges multimodau­x à Nice Aéroport. C’est un projet qui va nous permettre d’améliorer nettement le réseau.

N’y a-t-il pas aussi un problème au

niveau des tarifs ? Nous sommes l’une des régions de France où la collectivi­té investit le plus pour l’usager dans le ferroviair­e. Nos offres d’abonnement­s sont très intéressan­tes et font que, quelquefoi­s, le prix du billet est payé à hauteur de %

‘‘ par l’usager et de % par la collectivi­té. D’une manière générale, en gros, sur notre réseau, les usagers payent % du prix du billet et la collectivi­té %. La région Paca est donc la plus volontaris­te sur ce point-là sauf pour les occasionne­ls dont on peut considérer que le billet est trop cher. Notre système favorise l’abonné, le travailleu­r sans parler des jeunes.

Mais y a-t-il moyen de faire mieux ?

L’avancée importante pour les AlpesMarit­imes, c’est l’arrivée cette année (l’an prochain dans le Var) du pass multimodal qui permettra de prendre le train autant de fois que l’on veut, mais aussi Palm Bus, le TER et le tramway pour un tarif unique et avec un titre de transport unique.

Les travaux sur la ligne CannesGras­se ont été lourds et longs. Estce que cela s’avère rentable ?

Nous n’avons pas encore le recul nécessaire pour dégager des chiffres. On sait, de toute manière, qu’une année de travaux n’est pas sans conséquenc­es sur la clientèle, même si la Région a mis en place des bus de substituti­on. Il y a aussi des difficulté­s en période de grève, la SNCF ayant tendance à supprimer des trains sur des lignes telles que celle-là. Cela dit, j’ai bon espoir. Si il y a un effort de fait sur la communicat­ion, si la régularité est bonne, le fait aussi qu’elle puisse transporte­r des usagers de Grasse à Monaco sans rupture de charge, tout cela doit pouvoir lui permettre de trouver sa vitesse de croisière et de justifier les investisse­ments.

La Ligne nouvelle ?

La loi d’orientatio­n pour les mobilités va être présentée en mai et à l’intérieur figurera ce qui est préconisé dans le rapport Duron (Philippe Duron, président du Conseil d’orientatio­n des infrastruc­tures, Ndlr). Le gouverneme­nt va notamment décider de combien il va investir dans les années à venir. Parmi les trois scénarios avancés pour la Ligne nouvelle, le troisième est le plus acceptable car il permettrai­t d’avancer sur des projets qui sont déjà prêts techniquem­ent. On est assez confiant car on figure en bonne place dans le rapport Duron.

Quid du transport interurbai­n et du transport scolaire, dont la Région vient de récupérer les compétence­s ?

Le premier chantier sera de mailler le territoire : faire en sorte qu’il n’y ait pas de rupture dans le service public, harmoniser les six départemen­ts, éviter de faire partir à la même heure un train à moitié vide et un car à moitié plein.

Sur un plan plus local, le conseil municipal ne vous manque pas ?

J’ai été longtemps élu à Cannes, donc je ne vais pas dire que cela ne me manque pas. Et je regarde avec une attention particuliè­re les dossiers qui concernent Cannes. Par contre, ce qui ne me manque pas, ce sont les affronteme­nts. Sept ans d’opposition, c’est long et ça donne l’image de quelqu’un qui est contre tout alors que ça n’a jamais été mon cas.

En , vous repartirez aux municipale­s ?

Je n’ai pas encore le recul nécessaire. Mon action à la Région me procure beaucoup de plaisir et occupe une bonne partie de mon temps politique. Donc, je ne me pose pas de question sur l’avenir et j’ai appris que dans la vie politique, on peut choisir un parcours mais que tout ne se passe pas forcément comme on l’avait prévu. Je me sens épanoui dans ce que je fais aujourd’hui. Après ma défaite en , c’est un peu comme sortir vainqueur. J’ai aussi connu de bonnes choses avec la naissance de mon fils. Bref, ce qui devait être une mini-traversée du désert s’est transformé en quelque chose d’épanouissa­nt.

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