Nice-Matin (Cannes)

Les riverains des Tuilières entre lassitude et colère

Bruits, poussière, camions, dégradatio­n du parc… depuis l’été 2014, les colotis du domaine dénoncent les nuisances d’une décharge pour les gravats du chantier Leclerc. Sans résultat

- M.-C.A mabalain@nicematin.

Un projet de parc de loisir aux Tuilières ? Les riverains du domaine éponyme n’y croient pas. Alors, lorsqu’ils ont lu les déclaratio­ns du maire Michelle Salucki rappelant ce projet dans nos colonnes(Nice-Matin du 26 mars), leur sang n’a fait qu’un tour. « Aucun investisse­ur privé ne financera un lieu de loisir à côté d’une déchetteri­e et d’un camp de gens du voyage, le tout contre l’autoroute… » martèle Gérard Corvisier. Directeur de l’ASL (Associatio­n syndicale libre) du domaine des Tuilières, il porte la voix des trente-huit propriétai­res dont les villas, depuis l’été 2014, surplomben­t un terrain municipal transformé en décharge pour le stockage et le criblage des gravats issus du chantier de l’hypermarch­é Leclerc. Une occupation qui a fait l’objet d’une convention conclue entre la Ville, l’entreprise « occupante » chargée du traitement des remblais, deux entreprise­s se portant garant et la SCI titulaire du permis de construire de l’hypermarch­é. Cette occupation « à titre précaire et révocable » moyennant le versement d’une redevance de 500000 euros, perçue sous la forme de 18 mensualité­s, devait prendre fin le 31 décembre 2015. « Nous nous sommes battus avant la signature de la convention, mais en vain. Nous avons eu raison, car les nuisances ont été considérab­les et continuent. Bruits, poussières, camions dangereux, stationnem­ents de camions, neutralisa­tion du parc, pour les tennis et toute promenade… » rappelle Gérard Corvisier. Le 21 août 2014, l’ASL a saisi le procureur de la République pour signaler une infraction au code de l’urbanisme. Sans nouvelle, depuis. De juillet à octobre de la même année, trois courriers sont adressés au préfet et au sous-préfet.

La société occupante en difficulté financière

En septembre 2014, le maire Michelle Salucki et Michel Viano, adjoint à l’urbanisme, ont reçu les représenta­nts de l’ASL. Leurs doléances: les nuisances du chantier, bien entendu, mais aussi le risque de dévalorisa­tion de leurs villas. Une rencontre sans résultat. On leur conseille de patienter et d’attendre la fin du chantier. Dans un nouveau courrier adressé au préfet, et daté du 4 août 2015, l’ASL avoue son inquiétude : « [...] nous sommes à cinq mois de l’échéance, mais les gigantesqu­es tas de pierre et de terre accumulés ne seront manifestem­ent pas évacués ». En effet. Un an plus tard, la décharge est toujours en place et en activité. Dans un courrier adressé à la mairie, Gérard Corvisier assure que «de nouveaux apports de terre par de nombreux camions ont lieu après la fin du chantier du Leclerc ». C’est ce que reconnaîtr­a le responsabl­e de l’entreprise lors d’une réunion avec le maire Michelle Salucki et les représenta­nts des riverains, fin juillet 2016. Surtout, ces derniers apprennent que la société occupante connaît des difficulté­s financière­s et a été placée en redresseme­nt judiciaire. La Ville s’est retournée vers la société caution pour financer l’évacuation des terres. Un médiateur a été nommé par la justice. « De notre côté, nous n’avons jamais été contactés » regrette Gérard Corvisier. « Nous sommes aujourd’hui dans une impasse. Notre situation n’intéresse personne. Nous avons envisagé d’attaquer en justice, mais cela coûte très cher. Pourquoi devrions-nous payer parce que la Ville ne fait pas respecter sa convention ? ».

 ?? (Photo Eric Ottino) ?? De leurs fenêtres, les habitants du domaine des Tuilières contemplen­t, depuis l’été , une décharge privée, qui devait être, « temporaire », installée sur des terrains municipaux.
(Photo Eric Ottino) De leurs fenêtres, les habitants du domaine des Tuilières contemplen­t, depuis l’été , une décharge privée, qui devait être, « temporaire », installée sur des terrains municipaux.

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