Nice-Matin (Cannes)

Bruno Salomone Euphorique ,au rire contagieux

Interview Après Fais pas ci fais pas ça, le comédien revient seul en scène ce soir pour le festival Performanc­e d’acteurs, dans un spectacle où le rire est contagieux, même au second degré

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin. fr

Dès son premier one-manshow, il avait annoncé la couleur. Cape rouge et collant bleu, façon Superman, pour narrer les exploits du… Cochon d’Inde ! (à prononcer avec une grosse voix rocailleus­e). Bruno Salomone aime les déguisemen­ts, les textes absurdes et le ton décalé. Pourvu qu’ils servent un comique de vérité, souvent à second degré. On se souvient aussi de lui dans la bande de Nous C Nous, à présenter Lascars infos ou jouer aux Streetfigh­ters avec ses potes Jean Dujardin et Eric Collado. Autre esprit de famille, mais recomposée, en papa tendresse dans Fais pas ci, fais pas ça. Mais le voilà qui reprend sa liberté singulière en homme qui rit, même quand ça fait mal. Avec un nouveau spectacle seul en scène, mais coécrit avec son complice Gabor Rassov. Euphorique, excentriqu­e, voire eucharisti­que, mais toujours bon pour nos zygomatiqu­es ! Et puis comme on dit, qui rira bien… Performanc­e d’acteur : Ce soir, Bruno Salomone dans Euphorique, à 21 h à la Licorne Demain : Redouanne Harjane à19 hàlaMJC Picaud ; Pierre-Emmanuel Barré à 21 h à la Licorne Dimanche : Artus, à 20 h à la Licorne Rens. : 04.92.98.62.77 ; www.perfdacteu­r.com

Faire rire avec un homme qui rit tout le temps, c’est paradoxale­ment un pari ?

Exactement ! Et dans pari, il y a… pas ri ! C’est aussi un spectacle qui permet de parler de mon métier, de l’humain, de la folie, de la différence, bref, de beaucoup de sujets, directemen­t ou non. C’est un conte un peu moderne, une mythologie un peu revisitée.

Plutôt adepte du philosophe Bergson ou lecteur assidu de Victor Hugo ?

Oh, Monsieur est intello ! (rires) Euphorique, c’est un peu l’homme qui rit, effectivem­ent. Un phénomène de foire, mais contrairem­ent au roman d’Hugo, ici le tragique tire toujours vers la comédie. Mais ce n’est pas parce qu’il rit que tout va bien, c’est son seul moyen d’exprimer ses émotions, même la colère ou le chagrin.

Rire dans le contexte actuel, c’est un autre pari ?

Oui. On a écrit notre spectacle en plein obscuranti­sme terroriste, qui nous a fait perdre une forme d’optimisme. Mon personnage lui, est hyperoptim­iste. Même lorsqu’il est adopté par

‘‘ une «caillera» de banlieue, ce sera finalement son rayon de soleil.

Et vous, qu’est ce qui vous fait vraiment rire ?

Je suis sensible à tous les styles d’humour, mais je me marre aussi à observer les gens et les animaux. Un chien peut me faire beaucoup rire ! L’idée, c’est d’avoir un humour singulier.

Singulier, mais vous incarnez 

personnage­s ! Pas de troubles de la personnali­té ? Justement, je me soigne comme ça ! Sans la scène, je serais déjà en HO (Hospitalis­ation d’Office). Mais quand je répète un spectacle dans la rue, et que je récite un texte à haute voix en marchant, les gens doivent me prendre pour un vrai fou.

Et le plaisir d’être à nouveau seul en scène ?

Quand je suis remonté il y a deux ans, j’avais un peu d’appréhensi­on, car ça faisait treize ans que je ne m’étais pas produit seul. J’ai toujours un peu le trac avant, mais je préfère, c’est comme un échauffeme­nt. Et c’est tellement jouissif !

Que de chemin depuis Nous C nous, avec Collado et Jean Dujardin ?

C’était nos premières fois, des moments magiques. Ce qui était bien, c’est que ce n’était pas une troupe fabriquée. On était d’abord des individual­ités, et on s’est regroupés, mais toujours avec ce mot d’ordre : s’il y en a un qui peut se barrer pour faire carrière, on se barre ! On se retrouve toujours avec plaisir, comme des potes d’école.

Neuf saisons dans la peau de Denis Bouley pour Fais pas ci, fais pas ça : indemne ?

On en sort très bien ! Mon métier, c’est d’entrer sans cesse dans de nouveaux personnage­s et là, j’ai pu développer un gars hypersympa, qui exploitait ma part solaire. C’est marrant parce qu’au cinéma, je joue souvent les méchants, et à la télé, c’est plutôt les gentils. Mais j’aime bien ne pas être étiqueté tout noir ou tout blanc, et perdre un peu tout le monde sur ce que je suis.

Et puis des rôles sombres dans des polars type Lanester .Àla recherche de son Tchao Pantin ?

Ah, il n’y a qu’en France où l’on se pose ce genre de question. Ailleurs, on parle de jouer la comédie, c’est tout. Drame ou pas, l’essentiel c’est d’être crédible, de livrer une vérité dans le jeu. Mais j’aime bien quand le drame est en demi-teinte.

Des émotions véhiculées par votre visage, mais aussi votre voix. Vous avez même doublé Jolly Jumper dans Lucky Luke !

Ah oui, ça m’allait même très bien ! Singer les animaux, c’est une bonne source de comédie. Comme Louis de Funès faisant le pic-vert, ou Didier Chabat, hilarant dans Didier le chien.

Vous étiez d’ailleurs la voix off de son jeu, Burger Quiz ?

Oui, et on remet bientôt le couvert sur TMC, où je serai toujours la voix off du jeu. Chabat, j’adore, il me fait marrer.

D’autres projets ?

Je suis un peu superstiti­eux, donc je me tais de peur que ça foire. Mais je serai dans la deuxième saison de Tank, série de Studio +, avec Alban Lenoir. Pour le coup, j’y joue un gros mafieux !

Pas de Spin-off d’Igor d’Hossegor, l’ennemi juré de Brice de Nice ?

Ah, non. C’est marrant, ce personnage apparaît pourtant tardivemen­t à la fin de Brice , mais il a marqué les esprits. Et on se trompe rarement sur son nom !

Avec Eric Collado et Jean Dujardin, on se retrouve toujours avec plaisir, comme des vieux potes d’école ”

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