Nice-Matin (Cannes)

Quand le taux de sulfates était quatre fois trop élevé

- G. L.

Outre le problème de traitement des anhydrites, Roya Expansion Nature a également de longue date dénoncé le rejet des eaux de pompage du tunnel, hypersulfa­tées, dans le vallon de la Canelle. Sans traitement, ni décantatio­n. « Contrairem­ent à ce qui était déclaré dans le récépissé de déclaratio­n », indique l’associatio­n. Des eaux troublées avaient été constatées à Vievola. Roya Expansion Nature a donc diligenté une analyse indépendan­te en août . Elle a révélé que le niveau de matière en suspension était « plus élevé que le seuil maximum des rejets d’installati­ons classées ».

Impropre à la consommati­on en  Quant au taux de sulfates, selon la directive de l’Organisati­on mondiale de la santé (OMS), la teneur maximum dans les eaux potables est de  mg/l. Or, en juillet , les analyses ont révélé…  mg/litre ! Soit près de quatre fois le seuil maximum autorisé… En raison des effets gastro-intestinau­x résultant de l’ingestion d’une eau à forte teneur en sulfates, l’OMS recommande que les autorités sanitaires soient informées lorsque la concentrat­ion de l’eau dépasse  mg/litre, selon l’Anses (). Aux environs de  mg/l, les propriétés de l’eau deviennent laxatives et provoquent des diarrhées. À  mg/l, comme cela a été constaté dans le vallon de la Canelle qui se jette dans la Roya, le seuil était alors sept fois supérieur au maximum préconisé pour les nourrisson­s et les enfants par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments . Au-delà de  mg/l, elle est, selon cette dernière, tout simplement impropre à la consommati­on pour les nourrisson­s et les enfants en bas âge. « L’apport en sulfates par l’eau ne doit pas être supérieur à celui du lait maternel qui sert de référence, soit le taux maximum de  mg/l de sulfates pour les eaux embouteill­ées servant à reconstitu­er le lait pour bébé. » « Personne ne sait dans quel état est cette eau »

« Personne ne sait dans quel état est cette eau » L’associatio­n a alors fait un recours contre la préfecture en octobre , mais a été déboutée. « À la suite de cette procédure, la préfecture des Alpes-Maritimes a reconnu des anomalies dans la configurat­ion du chantier et s’est engagée à y remédier », indique Catherine Rainaudo. Selon l’associatio­n, la Direction régionale de l’environnem­ent (Dreal) a obligé l’entreprise à opérer une décantatio­n sur la plate-forme du tunnel. « L’eau passant par cette station est maintenant déversée dans le vallon de la Ça. Mais personne ne sait dans quel état est cette eau. Encore moins depuis l’arrêt du chantier. Les déversemen­ts continuent sans contrôle », dénonce Roya Expansion Nature. Jeudi, lors de son enquête, Nice-Matin a en effet pu constater qu’un tuyau déversait directemen­t les eaux du tunnel dans le vallon. La préfecture, elle, a assuré avoir fait des analyses sur les captages, réaffirman­t à plusieurs reprises qu’elles n’ont rien révélé d’anormal.

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