Nice-Matin (Cannes)

L’ex-conseiller financier abusait de la faiblesse de ses victimes

- JEAN STIERLÉ

Ex-conseiller financier en gestion de patrimoine, c’est l’air serein que Franck, 48 ans, crâne chauve, en jean et tee-shirt délavés, baskets aux pieds, a comparu devant le tribunal de grande instance de Grasse. C’est un signalemen­t Tracfin (la cellule de lutte contre le blanchimen­t de capitaux et le financemen­t du terrorisme, sous tutelle de Bercy) qui a mis les enquêteurs sur les traces du prévenu, constatant des mouvements de capitaux suspects sur les comptes de l’intéressé et de ses victimes.

Les personnes vulnérable­s ciblées

Et pour cause. Se prévalant d’une expertise profession­nelle acquise au sein d’importante­s sociétés financière­s, Franck choisissai­t avec soin ses proies, notamment sélectionn­ées parmi d’anciens clients. Âgés, veufs, isolés et sans enfants, celles-ci étaient particuliè­rement vulnérable­s, rendant d’autant plus facile de profiter de leur faiblesse. Bien renseigné sur leurs avoirs, il leur proposait alors d’investir dans de douteuses opérations financière­s. «Marie-Clémentine, 86 ans, vous faisait une confiance absolue, vous considéran­t comme un fils ! », s’indigne le président. Une expertise a révélé qu’elle n’était plus en possession de toutes ses facultés mentales depuis au moins cinq ans. « Connaissie­z-vous cette vulnérabil­ité?» , insiste le président. « Non, pas du tout», affirme Franck, l’air étonné. Elle lui prêtera cependant sans sourciller 10 000 euros pour des actions dans une société de ferraille dans un pays d’Europe centrale, et 140 000 euros pour un investisse­ment immobilier qui ne se fera jamais !

Opérations hasardeuse­s

Pierre, 87 ans, veuf lui aussi, connaissai­t son arnaqueur depuis seize ans. Il s’est fait soutirer 100 000 euros, pour un autre investisse­ment aux profits prétendus mirifiques. Récemment victime d’un infarctus, il souffrait lui aussi d’altération­s de ses facultés mentales, comme le démontre, là aussi, une expertise médicale. Pour la partie civile, Me Clara Leger-Roustan démontre que Franck n’établissai­t des reconnaiss­ances de dettes qu’afin de convaincre plus aisément les victimes, et n’a commencé à les rembourser, en partie, qu’après avoir été inquiété par la justice. Le procureur de la République Annabelle Salauze rappelle par ailleurs qu’en réalité, les sommes étaient investies dans d’hasardeuse­s opérations de Bourse, « justifiées par une sorte d’appétence au jeu, comme on joue au casino ». Elles s’avéreront désastreus­es, obligeant le prévenu à emprunter, s’enfermant ainsi dans une fuite en CASINO DE MONTE-CARLO PRÉSENTE avant sans issue. Et de requérir, arguant qu’au-delà de l’abus de confiance, il s’agissait aussi d’abus de faiblesse, huit mois avec sursis et inscriptio­n au casier judiciaire. En défense, Me Claude Vaudano a mis en avant la volonté de transparen­ce de son client, celui-ci allant jusqu’à vendre son appartemen­t pour rembourser des clients « dont la vulnérabil­ité n’aurait pas, selon lui, été apparente ». Les victimes sont aujourd’hui sous tutelle et Franck écope de six mois avec sursis, inscriptio­n au casier judiciaire et obligation de rembourser aux victimes le reliquat des sommes dues, ainsi que mille euros de dommages et intérêts.

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