Nice-Matin (Cannes)

Red Bull Air Race : ceux qui y ont gagné ceux y ont perdu

Plus de 100 000 spectateur­s ont défilé sur la Croisette durant les trois jours de l’événement. Décollage pour certains commerces, mais trou d’air pour d’autres

- C.I. ET Z.M.

Un show spectacula­ire a débarqué ce week-end à Cannes : la red Bull Air Race – une première en France ! – a attiré près de 100 000 spectateur­s sur l’ensemble des trois jours le long de la Croisette. Des Cannois, mais aussi des touristes venus en masse spécialeme­nt pour admirer looping, voltiges et autres acrobaties aériennes. 2 000 employés se sont mobilisés aux côtés de 651 bénévoles pour assurer le bon déroulemen­t de cette course d’avions. La cité des festivals s’est une fois de plus retrouvée sous le feu des projecteur­s : l’événement était relayé dans 118 pays ! De quoi ravir le maire David Lisnard, qui se félicitait hier des retombées « économique­s, sociales et médiatique­s » qui contribuen­t « à donner une image de qualité et de fiabilité de la ville à l’internatio­nal. »

« Il faut encore faire des réglages »

Côté bord de mer, les responsabl­es des plages ont le sourire. Transats et parasols ont accueilli des hordes de clients, yeux rivés vers le ciel. Le directeur de la Plage 45, M. Richard, résume le week-end : « Bilan positif ! C’était un bel événement. C’est bien pour la ville de Cannes. Ça fait de la publicité, on est vus dans le monde entier et ça nous fait connaître. Les rentes ont quadruplé sur l’ensemble du week-end. C’était la première année donc il faut encore faire des réglages...» Côté logistique notamment : l’imposant dispositif de sécurité a en effet contraint ses employés à effectuer de grands détours pour faire les allers-retours entre la plage et l’hôtel. Un parcours du combattant pour régaler les clients ! Quelques mètres plus loin, le gérant de la plage Palais Beach décrit « une bonne expérience, à refaire », satisfait d’avoir accueilli plus de clients qu’en temps normal. Si l’impact a été positif pour une grande majorité de commerçant­s, certains ont été déçus par la faible fréquentat­ion de leurs établissem­ents. Pourtant tout proche de l’oeil du cyclone, le New York New York, habituelle­ment bondé dès les premiers rayons de soleil, a vu sa clientèle déserter les lieux (lire ci-contre). Même chose au Palacio Café rue Buttura. La gérante, Sophie Desprey, fait en moyenne une trentaine de couverts par service le week-end. « Mais avec le RedBull Air Race, il y avait une ville dans la ville. Les gens se contentaie­nt de rester dans le périmètre dédié. Ca a été une catastroph­e ! Il en va de même pour Coté Sushi ou La Potinière du Palais. Ce dernier a même fermé dimanche, alors qu’il est habituelle­ment ouvert. C’était un gros bide pour nous. »

« Chiffre d’affaires divisé par deux »

Plus loin, dans le quartier du Suquet les commerçant­s regrettaie­nt la fermeture de la rue Clemenceau, dénuée donc de tout passage. Pourtant, eux aussi s’attendaien­t à voir des touristes déferler en nombre. À la boulangeri­e La Paillasse située au coeur de l’artère « ça a été tout le contraire. Ça nous a énormément pénalisés. Notre chiffre d’affaires a été divisé par deux sur le weekend. C’est une perte énorme pour nous, on vend des baguettes à un euro, imaginez-vous... ça nous a coûté en marchandis­e. » Même son de cloche plus haut, au Suquet. Pour les tenanciers du restaurant la Sousta, la déception est aussi au rendez-vous (lire cidessous). Malgré certains mécontente­ments, l’événement a ravi les petits et les grands. Un bonheur pour les yeux... mais pas toujours pour les oreilles ! Certains résidents se sont insurgés contre les nuisances sonores générées : « nous avons été importunés par le bruit continuel insupporta­ble des avions et hélicoptèr­es », pestait Jean-François, habitant du centre-ville. Le passage des avions pouvait atteindre jusqu’à 110 décibels. Rien de comparable avec un Grand Prix automobile donc. Mais si le seuil de douleur (130 dB) n’a pas été atteint, celui de la tolérance semble avoir été largement dépassé !

 ?? (Photo Patrice Lapoirie) ?? L’événement a rassemblé énormément de monde sur la Croisette.
(Photo Patrice Lapoirie) L’événement a rassemblé énormément de monde sur la Croisette.
 ?? (Photo Patrice Lapoirie) ?? La plage du Palais noire de monde.
(Photo Patrice Lapoirie) La plage du Palais noire de monde.

Newspapers in French

Newspapers from France