Avis aux minots, c’est vous qui dirigez toute l’impro !
Interview Olivier Rolland lance son solo d’improvisation autour de propositions émises par le jeune public dans la salle. Pièce unique à découvrir demain au théâtre Antibea
Faut pas croire. Si Olivier Rolland s’apprête à livrer un solo d’improvisation totale sur les planches du théâtre Antibea demain, ce n’est pas pour autant qu’il débarque les mains dans les poches. Bah oui, l’impro c’est du boulot. Et encore plus face à un public des plus exigeants : les enfants ! Avec Qui est-ce ? les minots vont pouvoir construire une grande aventure en chair et en os ! Un exercice auquel ce papa se colle déjà à l’heure de l’histoire du soir avec le plus grand des plaisirs. Et puis, c’est l’occasion de le découvrir avant son retour sous les projecteurs la semaine prochaine avec sa création : Bulot 2.
Qui est-ce ? : c’est une première, non ?
Tout à fait. En fait, j’avais réalisé une version pour adultes : Où est Charlie ? C’était un solo improvisé autour d’un personnage principal que l’on ne voyait jamais, il était absent.
Là, ce sont les enfants qui vont décider de l’histoire ?
Au début du spectacle, avec les papas et les mamans, les enfants vont remplir des petits papiers avec des lieux, des thématiques… Autant d’indications qui vont être utiles pour construire une histoire unique ensemble. Au fur et à mesure, le personnage principal créé va grandir, on va découvrir sa famille, on va connaître ses qualités, ses défauts aussi. Il y aura également des phases d’interaction directe avec le public. Et de la musique !
Ah oui ?
J’ai la chance de partager la scène avec un guitariste qui va pouvoir donner de la couleur aux situations. Donc oui, c’est de l’impro pour nous deux.
Un challenge à chaque fois…
On n’est jamais assurés du résultat ! Mais plus les années passent, plus on se rend compte que ce ne sont pas forcément les propositions ou le public qui fait que cela fonctionne : c’est la personne sur les planches et son état d’esprit. Parce qu’il ne faut pas aller contre une erreur : mais la valoriser. Comme le fait de se rendre compte que telle chose n’a pas fonctionné et le dire au public. En souriant. Tout simplement.
Comment abordez-vous le jeune public dans ce type d’exercice ?
Évidemment, on se censure. Mais ça, c’est naturel. On ne va pas aborder certains sujets, ça tombe sous le sens. Ce qui est génial, c’est qu’on peut aller totalement dans l’absurde. Vous faites parler une tranche de pain, les gamins ils adorent. On peut vraiment entrer dans leur monde fantastique.
Pas facile de capter les minots !
Il faut être dans le moment présent : on vit la même chose, il faut savoir se connecter à la salle, à ses réactions pour pouvoir en jouer. C’est primordial en impro aussi bien pour les enfants ou les adultes.
Vous faites également en sorte d’offrir une double lecture…
Oui, cela donne de la profondeur et c’est important que les parents soient pris dans le spectacle.
Vous utilisez des accessoires ?
Quelques-uns sur un portant. Mais au final vous n’avez pas besoin de grand-chose. [il change de voix et se penche sur sa chaise ] Là je suis une vieille personne. Il suffit de changer de position, d’attitude, de voix pour incarner quelqu’un d’autre.
Vous savez déjà comment le spectacle va finir ?
Non. [sourire] En règle générale, mes personnages vivent une aventure où ils apprennent à accepter leurs défauts. Comme dans Bulot avec le thème de la différence, de l’échec aussi.
Parce que c’est ça grandir.
Savoir que l’on ne réussit pas tout le temps mais que ce n’est pas grave. J’aime cette phrase de Beckett : « Échoue encore. Échoue mieux. » L’impro c’est aussi ça : ne pas rester bloqué sur un échec, mais en tirer quelque chose de positif. Savoir + Qui est-ce ? par Olivier Rolland, demain à 14 heures, au théâtre Antibea, 15 rue Georges-Clemenceau à Antibes. Tarif : 6 à 8 euros. Rens. 04.93.34.24.30.