Nice-Matin (Cannes)

Une évasion collective au centre de rétention de Nice devant la justice

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Ils sont sortis par les toits, à l’aide d’une corde. A l’ancienne. Cinq individus se sont échappés, le 19 mars dernier, du Centre de rétention administra­tive (CRA) de Nice, qui jouxte la caserne Auvare. Seule une évasion avait été révélée ce jour-là. Ils étaient finalement cinq.

« Je l’ai vu escalader, j’ai suivi »

Hier comparaiss­ait Mehdi. B., 23 ans. Tête baissée, veste matelassée sans manches. Cet Algérien affirme, dans sa langue natale, qu’il n’est pour rien dans ce Prison Break niçois. « Je n’ai pas participé au projet d’évasion. » Il était sous le coup d’une ordonnance l’obligeant à quitter le territoire français, prononcée le 1er mars. Mehdi B. prétend avoir saisi une opportunit­é au vol. Ce jour-là, il s’était rendu aux toilettes communes du centre de rétention. C’est là qu’il a aperçu l’un de ses camarades de détention sortant par le plafond. «Je l’ai vu en train d’escalader, j’ai suivi, après je ne pouvais plus reculer.» Quelques minutes plus tôt, les quatre autres sans-papiers avaient défoncé le plafond des toilettes puis, une fois sur le toit du bâtiment, étaient redescendu­s à l’aide d’une corde avant d’escalader le grillage d’enceinte.

Deux mois de prison

Mehdi B., SDF, fortement dépendant au cannabis, souffrant de troubles psychologi­ques, était placé au centre de rétention depuis le 1er mars dernier. Il avait refusé d’embarquer dans l’avion qui devait l’expulser vers l’Algérie. Le fugitif a joué de malchance. Après avoir emprunté la corde, s’être cassé un doigt au passage, puis avoir franchi le grillage, il est tombé sur une patrouille de police. Me Laura Ricci, son avocate, a plaidé qu’il n’était pas à l’initiative du projet d’évasion. « Il n’était pas dans la même cellule que les autres. Il a toujours dit qu’il n’était pas au courant du plan. Quand il est allé aux toilettes des parties communes, il a vu un individu sortir et partir par les toits. Sa version est accréditée par la vidéosurve­illance. Les quatre premiers sont descendus en même temps, lui, trois minutes après. » Mehdi B., qui se dit désormais d’accord pour quitter le territoire français, a été condamné à deux mois d’emprisonne­ment, avec un maintien en détention et une interdicti­on de territoire de trois ans. Quant aux autres fugitifs, ils sont toujours en cavale.

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(Photo d’archives Franck Fernandes) Le centre de rétention administra­tive de Nice.

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