Terrorisme : frapper au portefeuille
« Trump s’étant fâché avec la plupart de ses alliés naturels comme Theresa May, la place de meilleur ami européen est libre. »
A peine rentré des EtatsUnis où il tente de rafraîchir les relations franco-américaines, Emmanuel Macron prononcera, demain à Paris, le discours conclusif de la Conférence de lutte contre le financement de Daesh et d’al-Qaïda. Autant dire qu’il passe de l’escalade de l’Everest à celle du Kilimandjaro, tant ces deux combats sont rudes, éprouvants, anciens, mais pas forcément perdus d’avance. L’Everest n’est pas si haut. Trump s’étant fâché avec la plupart de ses alliés naturels comme la Britannique Theresa May, la place de meilleur ami européen est libre. le président de la République sera peut-être celui-là. A défaut, il aura sans doute dopé la cote d’amour dont notre pays bénéficie outre-Atlantique, contrairement à une idée répandue qui ferait de nous les mal-aimés de l’Amérique. Le Kilimandjaro est, lui aussi, à sa portée. Si l’on reste optimiste, la France peut jouer un rôle crucial dans la lutte contre le financement du terrorisme. Elle est déjà très impliquée. Après les attentats contre Charlie-Hebdo et contre l’Hyper-Cacher, début , le gouvernement de l’époque avait lancé un plan afin de frapper à la fois la tête de réseau et les exécuteurs de leurs basses oeuvres. Capacité de gel des avoirs terroristes renforcée et plafond de paiement en espèces abaissé de à €. Selon Tracfin, la cellule de Bercy spécialisée dans le traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins, notamment terroristes, le nombre de déclaration de soupçons a progressé l’an dernier de %, soit un niveau jamais atteint depuis sa création. Dès son arrivée à l’Elysée, Emmanuel Macron a ébauché une tactique soft power : mettre le terrorisme au menu de chaque discussion bilatérale et développer des initiatives conjointes avec les pays qui partagent cette priorité. Avec les Britanniques, faire pression sur les opérateurs en ligne « afin de supprimer les contenus qui promeuvent la haine et le terrorisme ». Puis porter ce plan devant le Conseil de l’Euro pe – c’était en juin dernier – afin de mieux affronter la radicalisation en ligne à l’échelle du Vieux Continent. Avec les Américains, maintenir la pression sur le terrain, tant en Syrie, en Irak qu’au Mali où la France se sent bien esseulée. La conférence qui s’ouvre, dès aujourd’hui, au siège parisien de l’OCDE est dans les tuyaux depuis l’an dernier. Quatre cent cinquante experts sont attendus. Soixante-dix Etats seront représentés. Objectif : partager les bonnes pratiques, « analyser et échanger efficacement le renseignement financier ». Face à une hydre terroriste qui souffre sur le plan militaire mais qui reste en capacité de frapper n’importe où, n’importe quand et à peu de frais, les participants – tout le monde est là sauf la Syrie – n’auront pas trop de deux jours pour peaufiner leur stratégie. Outre le discours d’Emmanuel Macron, une déclaration commune est prévue. Elle sera lue attentivement, des deux côtés de la guerre, que les terroristes nous livrent depuis le premier jour.