Nice-Matin (Cannes)

Le moustique tigre est de retour

L’insecte à tenue zébrée fait sa rentrée et confirme qu’il est devenu «bon élève» comme jamais en matière d’envahissem­ent de notre espace vital. Seule arme de lutte massive, la veille citoyenne...

- LAURENT AMALRIC

« Arrêtons avec la psychose. Désormais il faut se faire à l’idée que nous devons vivre avec ! ». Cette sentence d’un profession­nel de la santé tombe alors qu’une nouvelle étude confirme la colonisati­on du territoire par le très « z’ailé » moustique tigre… « En 2018, la carte montre que la progressio­n du moustique tigre est spectacula­ire avec neuf nouveaux départemen­ts placés en vigilance rouge et vingt départemen­ts désormais en vigilance orange, c’est-àdire où ce moustique a été intercepté ponctuelle­ment dans les cinq dernières années », explique Stéphane Robert, président de Vigilance-moustiques, site national d’informatio­n spécialisé­e fondé en 2013. De son côté, l’Entente interdépar­tementale pour la démoustica­tion du littoral méditerran­éen (EID Méditerran­ée) nuance en précisant que ces installati­ons ont lieu « dans des proportion­s très diverses » et que l’on ne peut parler de « niveau d’alerte ».

Progressio­n constante

Une situation qui fait toutefois réagir des profession­nels de santé. « Regardez la carte. Avant, seuls quelques départemen­ts méditerran­éens étaient touchés, à présent c’est la moitié du territoire. Et la progressio­n se poursuit chaque année ! », observe le docteur niçois Jean Nordmann qui dénonce des campagnes de démoustica­tion insuffisan­tes de la part des pouvoirs publics. « Il faut se rendre à l’évidence, les campagnes d’épandage massif sont impossible­s car le tigre se développe de plus en plus en zones urbaines, au sein d’espaces privés et donc inaccessib­les. Il s’agit avant tout aux particulie­rs d’être vigilants en veillant à ne pas laisser de points d’eau stagnante où les moustiques prolifèren­t. Or, on constate que même s’il y a du mieux, 59 % des Français n’ont toujours pas le réflexe de signaler la présence du moustique tigre aux autorités compétente­s », avertit Stéphane Robert. Autre source d’étonnement, 43 % des habitants des départemen­ts en vigilance rouge ne savent pas

(1) reconnaîtr­e un moustique tigre !

Coup de chaleur

À quelques jours du lancement du Plan anti-disséminat­ion d’arbovirose­s par la Direction générale de la Santé, et suite à la vague de chaleur ressentie sur l’ensemble de la métropole ces derniers jours, pas d’inquiétude toutefois, l’insecte sort à peine de son hibernatio­n hivernale. « Les moustiques sont là mais il n’y a pas de cas épidémique­s en France. Ce sont toujours des cas importés. Quelqu’un revient avec la dengue, est piqué par un insecte qui ensuite repique une autre personne qui, alors, est infectée et devient un cas autochtone. Mais les autorités restent très réactives et les désinfecti­ons sont immédiates », rassure M. Robert, tout en confirmant que la progressio­n des piqueurs ailés, « même si elle peut être ralentie par la veille citoyenne », est inéluctabl­e.

 ??  ??
 ?? (Photos DR) ?? La présence du moustique tigre a tendance à se « dédoubler » ces dernières années sur le territoire. Sur la carte en rouge les  départemen­ts où le tigre est déclaré officielle­ment implanté et actif (+  en ). Désormais, c’est la moitié du...
(Photos DR) La présence du moustique tigre a tendance à se « dédoubler » ces dernières années sur le territoire. Sur la carte en rouge les  départemen­ts où le tigre est déclaré officielle­ment implanté et actif (+  en ). Désormais, c’est la moitié du...
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France