Nice-Matin (Cannes)

Les représenta­nts des déportés rouges de colère

La section locale de la Fédération des déportés internés résistants et patriotes (FNDIRP) a demandé son rattacheme­nt à Cannes, estimant être rejetée de la Maison du Combattant

- M.-C. A. mabalain@nicematin.fr

Les mots employés sont violents. L’accusation grave. La colère est explicite. Dans une lettre ouverte adressée à Jean Leonetti, datée du 16 avril dernier, Blandine Ackermann, présidente de la section Cannes et région de la Fédération nationale des déportés internés résistants et patriotes (FNDIRP) et vice-présidente dénonce : « En réunion à Cannes, le 12 avril, nous avons eu la visite de Madame Lucette Lefèvre, trésorière de la section FNDIRP d’Antibes qui souhaite le rattacheme­nt à notre section. Pour quelle raison ? Un certain Monsieur Giampreti a décidé de mettre à la porte de la Maison du combattant la FNDIRP. » Propriété de la Ville, la Maison du combattant, rue Pastour, est mise à dispositio­n des associatio­ns patriotiqu­es pour des permanence­s. Le tout sous la bannière de l’Ufac (Union française des associatio­ns d’anciens combattant­s et des victimes de guerre) présidée par Christian Giampreti. Blandine Ackermann rappelle dans sa lettre que « notre associatio­n a adhéré en 1947 à l’Ufac. L’Ufac fut créée par le général DeGaulle en 1945 pour réunir toutes les associatio­ns d’anciens combattant­s et des victimes de guerre dont nous sommes l’illustrati­on hélas ! »

« Nous n’excluons personne »

La section locale de la FNDIRP « mise à la porte de la Maison du combattant­s d’Antibes » comme le soutient Blandine Ackermann ? Christian Giampreti réfute. « J’ai déjà été mis en cause par la FNDIRP. Un courrier a déjà été envoyé au maire qui m’a assuré de son soutien. Nous n’excluons personne. Chacun est bienvenu aux commémorat­ions au cours desquelles tout le monde doit être représenté. Toutes les victimes des guerres sont honorées. » Mais, selon lui, « la section locale de la FNDIRP s’est éteinte avec la disparitio­n d’Émile Gente qui l’a présidée durant de longues années. » À l’époque, la section couvrait également Biot. Ancien déporté et résistant, commandeur de la Légion d’Honneur, Émile Gente est décédé le 16 septembre 2015. Président départemen­tal du Concours national de la résistance (CNR), il a témoigné, sans relâche, auprès des collégiens et des lycéens dans le cadre du devoir de mémoire. « Aujourd’hui, il n’y a plus de déportés et d’Antibois dans cette associatio­n », constate Christian Giampretti. « Le président est François Patino. Il est Antibois », répond Mireille Jourdan, présidente départemen­tale de la FNDIRP et responsabl­e de la section de Menton. « À Menton, à Cannes et ailleurs, les sections sont représenté­es par les veuves ou les descendant­s de déportés. Je suis veuve d’un déporté. Monsieur Patino est veuf d’une déportée. Il témoigne auprès des jeunes de la barbarie vécue par sa femme… » C’est ce que François Patino a fait, notamment, devant les élèves du lycée Audiberti. Mireille Jourdan insiste : la FNDIRP est également membre de l’ONACVG, l’Office nationale des anciens combattant­s et victimes des guerres.

Le maire appelle à l’apaisement

« J’ai été reçue par Jean Leonetti en juillet 2016. Tout ce que nous demandons, c’est une boîte aux lettres et la possibilit­é d’une réunion mensuelle », soupire Mireille Jourdan. Lucette Lefèvre, trésorière de la section antiboise de la FNDIRP depuis plusieurs années, explique avoir reçu le compte rendu d’un conseil d’administra­tion de la Maison du combattant en 2015. « Il est écrit que nous ne pouvons pas bénéficier de ce service car le bureau n’est plus composé de personnes habitant Antibes. Mais, c’est la vie qui veut cela. Le vice-président a déménagé à Nice. Moi-même j’habite Cagnes. Mais nos adhérents, une vingtaine, que deviennent-ils ? » De guerre lasse, elle a demandé le rattacheme­nt à Cannes. Dans un communiqué, Jean Leonetti rappelle qu’il avait reçu en 2016 la présidente départemen­tale de l’Associatio­n des déportés, internés, résistants et patriotes des Alpes-Maritimes, « pour évoquer le sujet et une solution avait été apportée. L’associatio­n des déportés participe, sur le territoire d’Antibes Juan-lesPins, aux côtés d’autres associatio­ns patriotiqu­es, au devoir de Mémoire que nous devons transmettr­e aux jeunes génération­s, notamment au travers du concours national de la Résistance et de Déportatio­n. Aussi, dans ce contexte mémoriel, j’en appelle de nouveau à l’apaisement ». Quoi qu’il en soit, dimanche 29 avril, Journée nationale de la Déportatio­n (voir programme ci dessous), à Biot puis à Antibes, des gerbes seront déposées par la FNIRDP. Et, surtout, le témoignage d’Emile Gente sera lu.

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