Nice-Matin (Cannes)

Formation et chômage : les réformes sur les rails

La ministre du Travail a présenté, hier, en Conseil des ministres le projet de loi qui sera examiné par l’Assemblée nationale dès le 29 mai

-

Muriel Pénicaud, ministre du Travail, a présenté, hier, en Conseil des ministres sa réforme de la formation profession­nelle, de l’apprentiss­age et de l’assurance chômage, affichée comme le volet «émancipati­on sociale» d’une «flexisécur­ité à la française». Le projet de loi « avenir profession­nel », dont le détail a déjà été dévoilé début avril, est censé apporter plus de protection aux travailleu­rs, en complément des ordonnance­s réformant le code du travail, qui ont donné plus de souplesse aux entreprise­s. Son examen parlementa­ire débutera le 29 mai en commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, pour une adoption à l’été, a annoncé Muriel Pénicaud à la presse à l’issue du Conseil des ministres. C’est le « deuxième des trois volets de rénovation du modèle social » – après les ordonnance­s et avant la réforme des retraites –, un volet qui vise « l’émancipati­on sociale à travers le travail et la formation », a-t-elle déclaré. L’enjeu, selon la ministre, est «que chaque jeune, chaque salarié, chaque demandeur d’emploi, demain, puisse être dans le siège du conducteur de sa vie profession­nelle » : pour un jeune, cela veut dire « pouvoir choisir un métier qui le passionne » ; pour un chômeur, « avoir les moyens de se former pour accéder au marché du travail » ; « pour un ouvrier ou un employé d’une petite entreprise, avoir les mêmes droits à la formation qu’un cadre d’une grande entreprise ».

Apprentiss­age

Le texte contient des mesures de simplifica­tion de l’apprentiss­age pour attirer plus d’entreprise­s et de jeunes : âge limite repoussé à 30 ans, temps de travail assoupli pour les apprentis mineurs et ruptures de contrats facilitées. Il fusionne aussi les aides aux entreprise­s : les PME (moins de 250 salariés) employant un apprenti en CAP ou bac pro toucheront une aide unique « de 6 000 euros par an et par jeune », a annoncé Muriel Pénicaud. Moins consensuel, le projet de loi réforme aussi la gouvernanc­e et le financemen­t de l’apprentiss­age, en donnant plus de responsabi­lités aux partenaire­s sociaux dans la constructi­on des diplômes et dans la gestion des centres de formation d’apprentis (CFA). Une mesure vilipendée par les Régions, qui y perdent une partie de leurs prérogativ­es. Selon elles, « environ 700 » CFA sont « menacés de fermeture ».

De côté du Medef, en revanche, Florence Poivey salue, auprès de l’Agence France Presse la « vraie

audace » du gouverneme­nt.

formation profession­nelle

S’agissant de la formation profession­nelle, la principale mesure concerne le compte personnel de formation (CPF), qui ne sera plus alimenté en heures mais en euros. Cette mesure, rejetée par les partenaire­s sociaux, inquiète notamment le patronat, Florence Poivey craignant une « ultra individual­isation » de ces droits qui mènerait à des formations « déconnecté­es des besoins des entreprise­s ».

assurance chômage

Sur l’assurance chômage, le texte élargit la couverture des démissionn­aires et l’ouvre à certains indépendan­ts en perte d’activité, permet au gouverneme­nt d’instaurer un bonus-malus pénalisant les entreprise­s qui abusent des contrats courts et de modifier les règles de cumul allocation­s-salaire. Il réforme en outre les sanctions contre les chômeurs et modifie la gouvernanc­e du régime, en encadrant plus strictemen­t les renégociat­ions des règles d’indemnisat­ion par les partenaire­s sociaux.

 ?? (Photo AFP) ?? Muriel Pénicaud entend présenter son projet de loi comme le volet « émancipati­on sociale » d’une « flexisécur­ité à la française ».
(Photo AFP) Muriel Pénicaud entend présenter son projet de loi comme le volet « émancipati­on sociale » d’une « flexisécur­ité à la française ».

Newspapers in French

Newspapers from France