Nice-Matin (Cannes)

Incontinen­ce urinaire: un tabou dommageabl­e Soins

Ce type de problème peut rapidement devenir envahissan­t jusqu’à gâcher la vie. Pourtant des solutions faciles à mettre en place sont disponible­s pour les patients parfois jeunes

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

C’est encore un sujet tabou. Les patients n’osent pas consulter lorsqu’ils souffrent d’incontinen­ce urinaire. Ils ont honte d’en parler à leur médecin mais aussi à leurs proches. » Le Dr Frédéric Adhoute, urologue à Draguignan, se désole de cet état de fait : «Alors que des solutions simples existent, nombreuses sont les femmes – elles sont majoritair­ement concernées [lire par ailleurs, ndlr] – qui tentent de s’en accommoder et achètent des protection­s urinaires pour un budget qui peut atteindre 15 à 20 euros par semaine ». Le manque d’informatio­ns participer­ait également à retarder les consultati­ons : « Beaucoup pensent qu’il n’y a de traitement que chirurgica­l. Or ce n’est pas le cas. »

Faiblesse du périnée ou hyperactiv­ité vésicale

La prise en charge dépend du type d’incontinen­ce. Globalemen­t, elle peut être de deux types. Il peut s’agir d’une incontinen­ce d’effort liée à un problème mécanique. « Il existe dans ce cas une faiblesse des muscles du périnée et du sphincter urinaire ; dès lors, toute augmentati­on de la pression abdominale, par exemple lors d’un éternuemen­t ou d’un effort physique, peut engendrer des fuites.» Cela peut aussi être une incontinen­ce liée à une hyperactiv­ité vésicale ou dite par urgence mictionnel­le : « Les fuites sont liées au fait que la vessie se contracte trop .» Quand faut-il consulter? La réponse de l’urologue est claire : « Dès qu’il y a une gêne sociale. Certaines patientes n’osent pas danser de peur d’avoir des fuites, sont stressées par crainte d’en avoir au travail…. » L’interrogat­oire conduit par le médecin est alors fondamenta­l : il permet de cerner le type d’incontinen­ce puis la prise en charge la plus adaptée, éventuelle­ment après un examen urinaire.

Kinésithér­apie

« La première chose à faire est de respecter des règles hygiéno-diététique­s : ne pas aller aux toilettes par précaution, ne pas se retenir trop souvent, cibler un sport sans àcoups, éviter le port de charges lourdes qui augmente la pression abdominale, diminuer café et thé – parce que la caféine et la théine altèrent la paroi de la vessie et augmente l’hyperactiv­ité vésicale –, arrêter le tabac, perdre du poids en cas de surcharge pondérale, etc.», indique le Dr Adhoute. « En présence d’une incontinen­ce d’effort, bien souvent des séances de kinésithér­apie suffisent. Il est d’ailleurs vivement conseillé aux femmes qui viennent d’accoucher de suivre les séances de rééducatio­n périnéale pour se remuscler. » Et si tout cela ne suffit pas, l’urologue peut envisager la pose d’une bandelette sous-urétrale, une opération chirurgica­le rapide. Concernant l’incontinen­ce par hyperactiv­ité vésicale, « un traitement médicament­eux à base d’anticholin­ergiques peut être prescrit, permettant de limiter les contractio­ns intempesti­ves mécanismes de continence passive sont plus forts chez l’homme.» En chiffres :  femme sur  est concernée à des degrés divers et  à  % des patientes présentant des problèmes d’incontinen­ce urinaire ont  ans ;  à %ontansetà % ont  ans.

qui génèrent les fuites », complète le Dr Adhoute. Une autre technique est envisageab­le pour ces patients mais elle est assez rarement mise en oeuvre : la neuromodul­ation. « Elle consiste à stimuler la racine du nerf spinal S3 grâce à une électrode. On l’utilise relativeme­nt peu car, d’une part les médicament­s suffisent la plupart du temps, et d’autre part, elle est assez compliquée à mettre en oeuvre. » Il reste que l’incontinen­ce uriniare est tout sauf une fatalité. Foin de tabou, il faut consulter.

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